Malgré les blessures de l’incendie, pour les touristes, Notre-Dame de Paris conserve tout son attrait

Notre Dame, après l'incendie

Sa flèche est tombée mais elle reste « iconique » et les touristes s’émerveillent toujours devant la cathédrale Notre-Dame de Paris, six mois après l’incendie qui a ravagé sa toiture. Les fidèles en revanche se sentent « orphelins ».

« Il n’y a pas d’Eglise comme ça au Danemark », dit, admiratif, Ulrik Pach, les yeux levés pour scruter les gargouilles qui ont survécu aux flammes. Avec ses trois amis, ils ne se sont pas posé la question de savoir s’ils se déplaceraient pour la cathédrale. « A Copenhague, vous iriez voir la petite sirène, même si elle était décapitée ! », dit-il, en référence à la statue emblématique de la capitale danoise.

Entre palissades protégeant le chantier et magasins de souvenirs, ils sont des dizaines les yeux rivés sur la cathédrale. En hauteur, sous le regard des gargouilles, se joue le ballet des ouvriers qui, solidement harnachés, réparent, martèlent les pierres.

Notre Dame, après l'incendie
Notre Dame, après l’incendie© Getty Images
Notre Dame, après l'incendie
Notre Dame, après l’incendie© Getty Images
Notre Dame, après l'incendie
Notre Dame, après l’incendie© Getty Images

Peter Amys et son épouse, venus de Des Moines, aux Etats-Unis, posent tout sourire pour une photo devant la façade sud, qui longe la Seine. « C’est super qu’ils soient déjà en train de reconstruire et nous sommes très heureux de voir qu’une grande partie du bâtiment a été sauvée ». Pour Samantha et Paul Michum, arrivant du Cap, « il fallait venir »: « C’est un lieu tellement iconique qu’il faut le voir, en travaux ou non ».

Notre Dame, après l'incendie
Notre Dame, après l’incendie© Getty Images

« Assez étouffant »

Si les chiffres manquent pour la fréquentation du bâtiment, fermé aux visites depuis le sinistre du 15 avril, la capitale a connu un regain de popularité au deuxième trimestre, avec une augmentation de 5,3% d’arrivées hôtelières sur le Grand Paris, selon l’office du tourisme.

Les bouquinistes qui bordent les quais ont vu la foule se presser aux premières semaines après l’incendie. « Jusqu’à juin, ça a été assez étouffant », raconte Véronique Baudon, qui vend affiches et livres sur les quais de Seine depuis plus de 30 ans. « Il y avait beaucoup, beaucoup, de passage. Beaucoup de monde. Maintenant ça revient un peu à la normale ».

Les touristes vont, viennent, et prennent des selfies devant les échafaudages, dit-elle, un peu meurtrie par les « sourires colgate » affichés devant le chantier, qui lui rappelle chaque jour sa peine.

Notre Dame, après l'incendie
Notre Dame, après l’incendie© Getty Images

Une peine partagée par les fidèles de Notre-Dame, moins nombreux que les touristes ou pèlerins car depuis 1995 elle n’est plus une paroisse. Mais la liturgie des offices, le cadre, l’histoire ou la proximité attiraient toujours des pratiquants.

Michèle Chevalier, 70 ans, assistait ainsi aux vêpres et à l’office du soir de Notre-Dame, « presque tous les jours depuis 10 ans », raconte-t-elle à l’AFP. « J’y trouvais de la sérénité ». Et une « petite famille. Il y avait les habitués du lundi, du mardi, du mercredi. Chacun avait sa place », souligne-t-elle. Elle était à la messe, cette fin d’après-midi du 15 avril, où une partie de l’édifice a été ravagée par les flammes. Et raconte « l’alarme qui retentit dans toutes les langues », l’office interrompu puis repris quelques minutes, dans le noir, « le prêtre qui continue à lire l’Evangile », puis l’évacuation sur le parvis et la sidération, minute après minute, de voir le bâtiment s’embraser.

« On est en manque »

« Après, je me suis retrouvée orpheline, c’était comme un deuil. Je ne savais plus quoi faire », explique la septuagénaire. « On est en manque. Etre en communion dans Notre-Dame, c’est quelque chose ! C’est beau, c’est angélique, c’est fleuri ! », renchérit Aimé Diani, designer de costumes qui se rendait tous les jours à Notre-Dame, notamment pour aider les bénévoles.

Marceline Maricel, 62 ans, qui a le sentiment d’avoir perdu sa « deuxième maison », Renaud, 52 ans, Albertine Dieme, 48 ans… tous parlent pareillement d’un « manque » depuis l’incendie funeste.

Si, de face, seule l’absence de la flèche – et les palissades qui empêchent d’accéder au parvis – laissent deviner l’incendie, sur les côtés, la vue des échafaudages rappelle que le toit est parti en fumée. Pourtant pour Dennis, qui vient de Californie, le drame n’a rien ôté à la cathédrale, au contraire: c’est « un peu plus de personnalité. Une nouvelle pierre ajoutée à sa longue histoire ».

Tapis de Notre Dame, restauré après l'incendie
Tapis de Notre Dame, restauré après l’incendie© Getty Images

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content