Tourisme en berne après le printemps arabe

Cette année, les touristes boudent l’Egypte, le Maroc et la Tunisie. L’heure est à un premier bilan pour les professionnels du tourisme.

L’an dernier, à la même période, des milliers de familles embarquaient pour Djerba, Sousse, Marrakech ou Louxor. Cette nouvelle saison touristique est bien entamée et les professionnels du tourisme sont presque à l’heure du bilan. « Le groupe Thomas Cook a enregistré une baisse de 50% dans ces trois pays. La baisse est certes moins importante pour le Maroc, mais nous avons remarqué une baisse, bien avant l’attentat de Marrakech », déclare un porte parole du groupe.

Les révolutions sont en cours, si bien que la place Tahrir en Egypte est de nouveau occupée depuis une dizaine de jours. En Tunisie, la répression violente ce vendredi 15 juillet dans la Casbah a déclenché une nouvelle flambée de violence, notamment à Sidi Bouzid, ville emblématique de la contestation, dès le dimanche soir. La stabilité, chère à l’homo touristicus n’est donc pas au rendez-vous.

Un printemps arabe sans réservations « Les familles qui réservent normalement au printemps ne l’ont pas fait, au regard des bouleversements politiques en Tunisie, en Egypte et au Maroc », rappelle le porte-parole de Thomas Cook. « Certes, nous comptons sur des ventes de dernière minute avec nos offres promotionnelles mais on ne rattrapera pas le manque de réservation du printemps », ajoute-t-il.

« Les touristes ont déserté l’Egypte »
Sur place, les professionnels du tourisme font également les frais de cette saison désastreuse. « Les hôtels sont presque vides. Les touristes étrangers ont déserté l’Egypte. Les agences essaient donc de relancer le tourisme local en proposant des offres aux Egyptiens », nous confie un agent de Thomas Cook au Caire. Outre les grandes structures touristiques, les petits marchands locaux souffrent également de cette baisse de la fréquentation. Les marchands du souk d’Assouan attendent leurs quelques clients de la journée, en espérant que la prochaine saison débute sous de meilleurs auspices.

Mais il reste des inconditionnels des plages de la Mer rouge et de la plongée, comme les Russes ou les Italiens, moins frileux que les touristes français, selon René Marc Chikli, président du Ceto (association de voyagistes). Charm el Sheikh et le reste de la côte sont considérés comme plus sûr, très loin des enjeux politiques qui se jouent au Caire, sur la place Tahrir.

« La Tunisie perd 90% de ses touristes algériens »
Pour la Tunisie, Le quotidien d’Oran estimait ce lundi 18 juillet que, « principalement à cause des rumeurs sur l’insécurité, la Tunisie perd 90% de ses touristes algériens ». Malgré une campagne médiatique de 60 millions d’euros menée par le ministre tunisien du Tourisme, « cette saison reste la pire dans l’histoire de la Tunisie », selon le quotidien d’Oran. Des témoignages de violences et d’agressions auraient dissuadé de nombreuses familles algériennes à se rendre sur les plages de Djerba ou de Sousse.

Les agences en France, s’organisent pour favoriser les départs de dernière minute et bradent les prix comme l’indique le communiqué de presse de Thomas Cook ce lundi 18 juillet: une semaine en Tunisie, à Sousse, pour moins de 500 euros! Certains établissement vont jusqu’à proposer une deuxième semaine pour quelques euros supplémentaires seulement. Pas sûr cependant que le mois d’août, ramadan cette année, permette de rattraper le retard pour les professionnels du tourisme.

Nadéra Bouazza, Lexpansion.com

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