Trois nuits à Bangkok pour découvrir le passé, le présent et le futur

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Catherine Pleeck

A côté des temples et bouddhas séculaires, la capitale thaïlandaise recèle d’adresses qui conjuguent l’art de vivre à tous les temps, entre marchés traditionnels, musées, bars à la mode et autres nouveautés. Visite guidée avec un insider… royal.

Poomchai Chumbala.
Poomchai Chumbala. © LUC CASTEL

Dans sa bibliothèque, au milieu d’une kyrielle d’oeuvres d’art et de bibelots amoureusement chinés ou hérités de ses aïeux, sont posés çà et là quelques portraits de famille. Les visages sont bien connus des habitués des princes et princesses. Il y a Mary et Frederik de Danemark, Astrid de Belgique et l’archiduc Lorenz d’Autriche-Este… Le tout accompagné d’un mot gentil, soigneusement calligraphié. « On se connaît depuis des générations », confie Poomchai Chumbala, cheveux peignés en arrière, monture fine et sourire engageant.

Il faut dire que le Thaïlandais n’est pas n’importe qui : de par ses deux grands-parents, il est apparenté au roi Rama IV, célèbre souverain de Siam, dont la vie a été mise à l’honneur dans le film Anna et le Roi. Ce n’est pourtant pas pour ses origines aristocratiques que la maison Louis Vuitton a fait appel à lui pour la rédaction de l’un de ses tout derniers city guides, consacré à Bangkok, mais plutôt parce que l’homme, aussi généreux qu’enthousiaste, est d’abord et avant tout un amoureux de sa ville. Il la hume, la chérit, la visite régulièrement. Et ne se fait jamais prier dès qu’il s’agit de partager ses souvenirs et adresses coups de coeur avec les chefs d’Etats, diplomates et autres hôtes d’exception qui viennent lui rendre visite.

Thaïlandais aux origines princières, Poomchai Chumbala livre ses bonnes adresses dans le dernier Louis Vuitton City Guide. Il reçoit souvent des têtes couronnées dans son jardin et sa maison, qu'il aime décorer de fleurs achetées au marché.
Thaïlandais aux origines princières, Poomchai Chumbala livre ses bonnes adresses dans le dernier Louis Vuitton City Guide. Il reçoit souvent des têtes couronnées dans son jardin et sa maison, qu’il aime décorer de fleurs achetées au marché. © LUC CASTEL

« A Bangkok, on profite aujourd’hui d’un panel beaucoup plus large de sorties, écrit-il dans le guide dont il est l’invité. Il y a davantage d’offre culturelle, de restaurants et de night-clubs. Le patrimoine architectural connaît également un regain d’intérêt ; il est transformé avec intelligence. Pour ma part, mes goûts sont assez simples : j’aime fréquenter les marchés, me promener dans les anciens quartiers… Il est tentant de se laisser aller à la nostalgie, de se retourner pour considérer tout ce qui a disparu, mais j’apprécie la façon dont la ville se réinvente en permanence. Tout le monde est stimulé et expérimente. C’est une époque fabuleuse. »

Devant une vitrine remplie de porcelaines rares importées de Chine et d’anciennes sculptures sur bois thaïes, Poomchai évoque sa grand-mère, qui l’enviait de pouvoir choisir librement avec qui il souhaite se marier, ce qui n’avait pas été son cas. Il rigole en pointant du doigt ses lustres Baccara, achetés une croûte de pain à l’ambassade de France. Se souvient de son enfance à Thong Lo, alors espace verdoyant situé aux abords de la capitale, devenu aujourd’hui un quartier rempli de cafés et de clubs à la mode. « Quand j’étais plus jeune, Bangkok était une ville de maisons en bois entourées de jardins et de canaux. Désormais, elle est très construite. Le changement est constant et souvent surprenant, c’est exaltant ! »

Celui qui est parti un temps parfaire son éducation et étudier l’art en Angleterre a commencé par enseigner le design et l’histoire de l’art européen à l’université de Chiang Mai, la deuxième cité de Thaïlande. Là, il se prend d’une nouvelle passion : préserver des pièces à la valeur historique et artistique, vouées à disparaître dans ce grand élan de destruction et de modernisation qui touche la ville.

Il se met à collectionner des portes, des paravents, des sculptures… Et, sur un terrain hérité de sa famille, réutilise ces éléments spectaculaires pour faire construire une magnifique propriété en bois, à la structure traditionnelle, avec jardins intérieurs aménagés à l’aide de bambou, de bonsaïs et de bassins. Un lieu ouvert au public de façon très exceptionnelle, ce qui est loin d’être le cas de ces dix autres adresses de Bangkok, soufflées pour la plupart par Poomchai Chumbala. Visite guidée, forcément exclusive.

BOIRE UN VERRE À L’OCTAVE ROOFTOP LOUNGE & BAR

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L’endroit parfait pour commencer ou terminer une soirée. Rien n’est trop haut pour l’Octave, situé au 45e étage de l’Hôtel Marriott. « C’est l’un de mes repaires préférés, avec un bar circulaire fabuleux, une vue à 360 ° sur cette partie très animée de Bangkok autour de Thong Lo. On y vient pour la bonne musique, la nourriture et un choix hallucinant de boissons. » Conseil : ne passez pas à côté du Thaï Mojito, un mélange de rhum, de jus de citron vert, de mangue et de la saveur anisée du basilic thaï, servi sur de la glace pilée.

2, Sukhumvit Road Soi 57.

CONTEMPLER LES TENUES DU QUEEN SIRIKIT MUSEUM OF TEXTILES

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C’est peu dire que le peuple thaïlandais est attaché à sa famille royale. Celle-ci le lui rend bien, en consacrant une large attention à la survie de son artisanat. Ce musée, qui rassemble les tenues d’apparat de la reine, met en lumière une industrie qui a toujours été vitale pour le pays, avec de nombreux tissus et robes provenant d’Asie du Sud-Est. D’ici quelques mois, une expo mettra l’accent sur les tenues du créateur français Pierre Balmain imaginées spécialement pour Sa Majesté. En bonus : la boutique de cadeaux, avec étoffes, livres ou paniers à prix doux.

Ratsadakorn Bhibhathana Building, Na Phra Lan Road, île de Rattanakosin. www.qsmtthailand.org

VISITER LE MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN (MOCA)

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Sur six étages et 20 000 m2, plus de 800 oeuvres sont exposées dans ce bâtiment ultramoderne et épuré, ouvert en 2012. L’occasion de découvrir les artistes thaïlandais d’aujourd’hui, qui ne se départissent jamais vraiment de leurs traditions religieuses et croyances locales. Plusieurs tableaux ont été spécialement commandés pour ce musée financé par le milliardaire Boonchai Bencharongkul, actif dans les télécoms. Un magnifique projet pour celui qui, plus jeune, rêvait d’être peintre…

499, Kamphaengphet 6 Road, Ladyao, Chatuchak. www.mocabangkok.com

DORMIR AU MANDARIN ORIENTAL

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C’est là que descendent Johnny Depp, Matthew McConaughey, Mick Jagger ou Sophie Marceau. Le plus ancien et le plus majestueux hôtel de la ville, avec portiers en uniforme, ventilateurs rétro, luxe 5-étoiles et vue directe sur le fleuve Chao Phraya. « Un établissement rempli d’histoire de toute l’Asie. Quand j’étais écolier, j’y ai passé de longs après-midis, à faire mes devoirs sur la terrasse, tandis que ma mère prenait le thé avec ses amies dans l’ancienne aile de cet édifice légendaire. » En rénovation depuis le mois de mai dernier, l’aile du jardin ainsi que celle des écrivains devraient rouvrir leurs portes à la fin de ce mois de janvier.

48, Oriental Avenue. www.mandarinoriental.com/bangkok

VOYAGER DANS LE TEMPS, AU NAI LERT PARK HERITAGE HOME

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C’est l’une des merveilles les mieux préservées de Bangkok. Entouré de buildings, ce parc abrite une résidence privée, témoin d’un siècle d’histoire et de tradition. Depuis trois générations, la famille Nai Lert – qui a fait fortune en introduisant les glaçons en Thaïlande – vivait dans cette maison traditionnelle. En 2012, elle décide de la rénover complètement et de la convertir en un bien ouvert au public. Près de trois ans de travaux sont nécessaires pour redonner au lieu sa splendeur d’antan : le parquet en teck a été conservé, les arbres centenaires également. En déambulant dans ces couloirs surélevés, on découvre une série d’antiquités et d’objets acquis depuis la Seconde Guerre mondiale, qui sont tous issus des collections privées de la famille. Avis aux amateurs : l’endroit se loue également pour des cérémonies de mariage.

2/4, Wireless Road, Bangkok. www.nailertparkheritagehome.com

ARPENTER LE CHATUCHAK MARKET

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Préparez-vous à vous égarer dans un labyrinthe gigantesque de petites échoppes. De l’avis de tous, le marché de Chatuchak est considéré comme l’un des endroits indispensables à visiter, lors de tout arrêt à Bangkok. Sur dix hectares, il regorge de milliers de stands, qui proposent, en vrac et dans le désordre, des vêtements, des fleurs, de la nourriture, des gadgets, des fripes, des accessoires, de l’artisanat, des broderies… De quoi en perdre la notion du temps ! Ouvert le samedi et le dimanche.

Kamphaeng Phet 2 Road, Chatuchak. www.chatuchak.org

PROFITER D’UN MASSAGE À L’ORIENTAL SPA

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Ceux qui préfèrent éviter la cohue de Wat Pho, où des apprentis masseurs se font la main sur le dos et les pieds de candidats volontaires, choisiront de prendre rendez-vous dans ce spa, souvent classé comme l’un des meilleurs endroits de bien-être au monde. Au programme ? Un moment de luxe intense, dans une maison en teck centenaire, restaurée avec goût. Durant une heure, il convient de laisser son corps aux bons soins d’une thérapeute, qui n’hésitera pas à le masser en douceur ou avec énergie, selon d’anciennes techniques thaïes. Voyage au septième ciel assuré !

Situé en face de l’Hôtel Mandarin Oriental, de l’autre côté du fleuve. www.mandarinoriental.fr/bangkok/luxury-spa/

SUIVRE UN COURS DE CUISINE THAÏE À L’ISSAYA COOKING STUDIO, AU CENTRAL EMBASSY

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Le chef Ian Kittichai est une sommité dans son domaine. Il possède d’ailleurs plusieurs restaurants de par le monde, et a également ouvert cet espace, où sont donnés des cours de cuisine thaïe. L’occasion parfaite d’apprendre à concocter de bons petits plats locaux, et toucher de près aux épices et ingrédients typiques du pays. Pas besoin d’être un cordon bleu pour reproduire chez soi les gestes du cuisinier – on pense à la panacotta au jasmin. Pour les plus curieux, sachez que ce studio est situé à l’étage inférieur du complexe Central Embassy, qui rassemble non seulement les boutiques des plus grandes griffes de luxe, mais aussi une épicerie fine de produits locaux et un certain nombre d’échoppes, proposant des plats à déguster, à la manière de celles croisées en rue, mais dans une version légèrement upgradée.

1031, Ploenchit road, Pathumwan. www.issayastudio.com

FAIRE DU SHOPPING AU JJ MALL

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Chaleur et humidité obligent, les plus belles boutiques et petits commerces sont regroupés dans des centres commerciaux, climatisés bien entendu. Outre le Central Embassy (lire par ailleurs), qui regroupe pas mal d’enseignes de luxe, pointons le JJ Mall, un espace imposant, qui se déploie sur plusieurs étages et dévoile un bric-à-brac d’objets et d’artisanat bon marché. « Il offre une large variété de jolis articles de décorations d’intérieur, dont certains ont été imaginés par des designers célèbres. On y trouve également des tissus magnifiques et traditionnels », détaille Poomchai Chumbala.

588, Kampaeng Phet 2 Rd, Chatuchak. www.jjmall.co.th

DÉAMBULER DANS LE MARCHÉ AUX FLEURS

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Chumbala en est un aficionado. Ouvert 24 heures sur 24, ce marché rassemble tout ce qui est imaginable en termes de variétés d’orchidées, de roses, de jasmin… Quelle profusion de couleurs ! Notre guide conseille de s’y rendre en début de nuit, lorsque les plantes répandent leurs douces effluves. « Au fil des années, il y a toujours autant d’animation. J’aime m’immerger dans les sons, les cris et les parfums qui règnent ici. » Les plus courageux tenteront même d’y faire un tour entre 3 et 4 heures du matin, quand les fleurs fraîches arrivent en provenance de tout le pays.

Chak Phet Road, Chinatown.

Par CATHERINE PLEECK

En pratique

Se renseigner

L’Office national de tourisme de Thaïlande possède un site Web très complet, en français :

www.tourismethaifr.com

Y aller

Compter 607 euros A/R pour un billet Bruxelles-Bangkok en classe économique, avec la compagnie aérienne Etihad, par exemple.

www.etihad.com

Se loger

Outre le mythique Mandarin Oriental (lire par ailleurs), coup de coeur pour le Sala Rattanakosin, tout petit établissement, luxueux, épuré et moderne, situé le long de la rivière Chao Phraya, en face du temple Wat Arun. Et mention spéciale pour le Siam Hotel, plus grand mais tout aussi prestigieux, à l’architecture à couper le souffle.

www.mandarinoriental.fr/bangkok

www.salaresorts.com/rattanakosin

www.thesiamhotel.com

Circuler

La ville de Bangkok étant immense, il est illusoire de penser tout visiter à pied. On n’hésitera pas à prendre un taxi-meter (avec un compteur qui fonctionne), un tuk-tuk – cette sorte de scooter à trois roues, joliment décoré, avec banquette à l’arrière -, un bateau ou le métro, qu’il soit aérien ou souterrain.

À lire

Le Louis Vuitton City Guide consacré à Bangkok.
Le Louis Vuitton City Guide consacré à Bangkok.© SDP

Nouvellement paru, le Louis Vuitton City Guide consacré à la ville de Bangkok se laisse facilement picorer, au gré des envies. Il contient de multiples adresses (hôtel, resto, bar, nuit, culture, boutiques mode, design…) soigneusement sélectionnées. A noter qu’une version digitale est aussi téléchargeable sur smartphone et tablette. fr.louisvuitton.com

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