Delphine Kindermans

Un tourisme au goût amer

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Assister à la ponte des tortues sur les plages du Costa Rica, arpenter les hauts plateaux du Kirghizistan à cheval, larguer les amarres en remontant l’Amazone. Se prendre pour Charles Darwin et partir découvrir la faune des Galapagos ou pour Nicolas Hulot en rejoignant Ushuaïa après avoir traversé la pampa argentine. Derrière cette multitude d’expériences uniques, les intentions sont plutôt nobles : s’offrir une aventure hors du commun loin du tourisme de masse, rencontrer des cultures différentes, voyager de manière durable dans une ère où les enjeux climatiques alimentent tous les débats. Encore faut-il distinguer le vrai du faux.

Est-il cohérent, sous prétexte de favoriser l’écologie, de gagner le bout du monde en avion ? Ou, pour vivre comme les populations du cru, de débarquer dans leurs villages avec dans son sac à dos un lourd passif de réflexes urbains ? Plus près de chez nous, Clara Beniac a initié une plate-forme permettant à des particuliers de réserver des vacances en immersion à la ferme, s’inspirant pour cela du succès croissant du woofing, consistant à être logé et nourri chez l’habitant à condition de mettre la main à la pâte.  » Mais si on ne pose pas de limite, met-elle en garde, ça pourrait devenir Disneyland et ce n’est vraiment pas le but.  » Elle a donc fixé un cadre strict à son projet, notamment en restreignant les accueillants à un séjour par mois et par exploitant, afin d’éviter que cette activité complémentaire ne se transforme en revenu principal.

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Quant à l’observation des grands mammifères aquatiques, elle s’est, elle également, vu imposer une série de règles qui n’existaient pas jusqu’il y a peu. Pourtant, des efforts considérables restent à accomplir. Ainsi, les fans de plongée ou de simples baignades en Méditerranée ignorent trop souvent que la dilution des crèmes solaires dont ils s’enduisent cause des ravages sur les fonds marins. Ces résidus chimiques, mais aussi  » d’autres cosmétiques, d’ailleurs, finissent dans le sable, le plancton, les poissons…, prévient Sylvie Gobert, professeur en océanographie à l’Université de Liège. Même lorsque l’on se douche, c’est un leurre de penser que tout sera arrêté par les stations d’épuration « . Et d’ajouter que  » l’ensemble des régions du globe est affecté « . Y compris celles où vivent les coraux dont la détérioration a au moins suscité une certaine prise de conscience de la part des autorités locales et des fabricants de produits protégeant notre peau des dégâts dus au soleil. Une réelle urgence, à l’heure où le réchauffement de l’atmosphère a déjà provoqué une acidification exponentielle des mers, donnant un goût amer à nos loisirs…

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