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Olivier Leborgne © Aaron Lapeirre

Olivier Leborgne, né pour improviser : «On peut être à la fois pudique et extravagant »

Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Alors que la nouvelle saison de l’Impro Show démarre, Olivier Leborgne évoque sa passion pour les arts de la scène, pour les Monty Python ou pour la radio qui l’oblige à se lever à 5h15 depuis bientôt quinze ans. Profil en présence : fervent amuseur, ascendant discret.

« L’impro, c’est l’imagination au pouvoir »

Et ça fait partie de mon ADN : quand j’étais gamin et que mes parents invitaient des gens à la maison, j’improvisais des petits sketches. C’est d’ailleurs un art très enfantin : quand on est petit, on improvise tout, on s’invente des histoires à longueur de journée. Qu’on soit dans le jardin ou dans le salon, on peut devenir un cow-boy ou une princesse, et un simple tapis peut se transformer en château fort. C’est quand on arrive vers l’adolescence qu’on se met à perdre cette insouciance, car on commence à avoir un regard critique sur ce qu’on fait.

« Dès l’école, je préférais le théâtre au sport»

En humanités, j’ai de la chance : je suis dans l’une des écoles pionnières qui ouvrent une option « Arts d’expression ». Et le jour du premier spectacle, au moment où je monte sur scène, j’ai un déclic. Le soir même, je dis à mes parents que je veux devenir comédien. Mon père ne me dit pas « Trouve-toi plutôt un vrai métier ! », non, il se demande plutôt si je vais pouvoir vivre de ça… Mais avec ma mère, ils voient que je suis heureux et que ça matche avec le public, donc ils me soutiennent.

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« Le stand-up brouille les cartes de l’humour»

Tout le monde veut en faire ! Ce qui est curieux, pour un truc qui est né dans les années 50 aux Etats-Unis. Moi, honnêtement, je préfère des gars comme Artus, Edouard Baer ou Alex Lutz. Mais bien sûr, quand je suis jeune, je découvre les Monty Python grâce à l’émission Absurde n’est-il pas ? (la version française du Monty Python’s Flying Circus). Je tombe en admiration devant les sketches de ces mecs complètement fous… Je ne peux pas dire qu’ils ne m’ont rien légué.

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« Une émission du matin en radio, c’est exigeant comme un prime en télé »

Depuis que j’ai commencé l’émission Votez pour moi en 2010 (sur Bel-RTL), je me lève à 5h15 tous les jours de la semaine. Donc j’évite désormais les apéros dès le milieu de semaine, même si je reste friand des plaisirs de la table, en ce compris le vin, mais je fais gaffe. Et je fais des siestes.

Quand on arrive vers l’adolescence qu’on se met à perdre cette insouciance, car on commence à avoir un regard critique sur ce qu’on fait.

« L’écriture exige aujourd’hui des précautions»

Que ce soit en impro ou à la radio, on a vite fait de retirer une vanne de son contexte pour mieux la manipuler. Donc on se pose plus de questions qu’avant. L’une des dernières en date : on ne peut plus faire l’accent africain, d’accord, mais alors pourquoi on continue à faire l’accent flamand ? Ceci dit, je ne suis pas un féru de l’humour trash ou vulgaire. Notre rôle, surtout à la radio, c’est de pointer des choses, de proposer un angle inédit sur tel ou tel sujet d’actu. Et RTL ne vérifie pas nos textes. Sur scène, c’est différent : on est sur un espace de liberté qui appartient à l’humoriste et à son public, on fait ce qu’on veut.

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« L’amitié est un socle. Et une énergie »

Avec Patrick Ridremont, on est un vieux couple qui vieillit bien. On est encore plus amis que collègues. C’est une histoire qui dure depuis notre rencontre en 1986 à l’examen d’entrée de l’IAD. Quand je le vois débarquer, je me dis : « C’est quoi cette grande gueule qui roule des mécaniques ? » Mais lui, il me trouve très sympa. Trois semaines plus tard, on doit bosser ensemble sur un cours, et il se passe un truc difficile à expliquer. Depuis, on ne s’est jamais quittés. Comme je suis fils unique, c’est vraiment le frère que je n’ai jamais eu.

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« Je suis à la fois extravagant et pudique »

Je suis quelqu’un de réservé. On me dit souvent : « Quand tu arrives sur une patinoire d’impro, tu deviens survolté, et après, t’as l’air un peu froid. » De fait, quand le show est fini, que je quitte mes déguisements ou mes personnages, je redeviens discret. Je ne suis pas de ces comédiens qui rentrent dans un bar en parlant fort pour qu’on les remarque.

« La marche permet de décompresser »

Depuis que j’ai rencontré ma compagne il y a sept ans, j’ai découvert plein de choses. J’avais 50 ans, et c’était la première fois que j’avais des projets de vie avec quelqu’un : habiter ensemble, organiser des vacances… Elle m’a fait découvrir la marche et je suis devenu accro. Puis je me suis mis à la cuisine : j’adore ça, et comme je déteste le gaspillage, je fais des expériences avec ce qui traîne dans mon frigo. C’est important, pour un artiste, d’explorer sans cesse. Entre la scène, la radio, la télé, les caméras cachées ou les pubs, j’ai toujours pris un plaisir dingue à tenter des choses. Ça permet, à 57 ans, de n’avoir aucune frustration.

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