Edito | Faites des pères?

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

En bientôt dix ans d’amour, la parentalité n’a jamais vraiment été un sujet de conversation avec ma moitié, sauf pour vérifier épisodiquement que notre non-désir d’enfant était toujours partagé. En public, par contre, j’ai perdu le compte du nombre de fois où on m’a interrogée sur la question, et moi uniquement, comme si le fait d’être une femme me donnait forcément l’envie de me reproduire. Je l’avoue: toute occupée que j’étais à répondre aux questions (parfois très indiscrètes) de malappris qui feraient mieux de me lâcher les ovaires, je n’ai jamais vécu ce stéréotype genré que comme une énième injustice supplémentaire subie par la gent féminine. Jusqu’à ce que je me plonge dans la question du désir d’enfant au masculin, avec tout ce qu’il a de complexe pour des hommes qui n’ont pas, eux, la possibilité de pousser la porte d’une clinique pour réaliser leur rêve de parentalité en solitaire. Et qui, quand ils osent en parler, font face à de l’incompréhension ou à un manque assumé de compassion, puisque après tout «ils ont bien le temps». Sauf que pouvoir (devenir père pour la première fois passé la soixantaine) n’est pas forcément vouloir, même si, ainsi que le révèle le témoignage d’un papa (d’accueil), parfois, vouloir, c’est pouvoir.

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