L’Atomium rallume le feu (d’artifice)

Atomium
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Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Ce n’était plus arrivé depuis 2019: le feu d’artifice du Nouvel An est de retour à l’Atomium. L’événement a inspiré notre chroniqueur-fouineur qui, au passage, s’est rendu compte que l’Atomium avait pile-poil le même âge que Madonna.

Le mois de décembre a toujours été pour moi un moment de nirvana absolu pour une raison très simple: c’est à ce moment précis que mes parents m’offrent un paquet de Chokotoff pour célébrer à la fois Saint-Nicolas et Noël, et il s’avère que j’aime beaucoup les Chokotoff. C’est tout? Mais nan: décembre est aussi une période de l’année où je prends le temps de redécouvrir ma ville grâce aux milliers de lumières qui donnent un sacré coup de peps au décor. J’imagine que j’ai dû louper une marche durant mon passage vers l’âge adulte ou que je fus un sapin de Noël dans une autre vie, mais les guirlandes, les loupiotes et tous ces machins qui scintillent sur les façades, ça a le don de m’enchanter.

Je me rends bien compte, en vous avouant tout cela, que vous devez désormais me voir comme le genre de gars qui va aux Plaisirs d’Hiver pour déguster des sucres d’orge et qui, le soir, regarde des films de Noël en buvant du chocolat chaud rempli de marshmallows… mais détrompez-vous : je ne suis pas très fan de sucres d’orge. Par contre, je signe des deux yeux pour les feux d’artifice, et ça tombe bien: celui du Nouvel An est de retour sur le plateau du Heysel. La dernière fois, c’était en 2019. Puis l’événement fut annulé deux années de suite en raison d’un virus que je ne nommerai pas. Puis, les deux années suivantes, on cria «oh la belle bleue!» sur la Place des Palais.

66 ans et toutes ses boules

Je suis aux anges. Car en décembre, donc, je me promène en ville plus que de coutume. Et très souvent, mes souliers me poussent vers l’Atomium, qui est presque une voisine de palier. Certains ne s’y rendent que pour aller voir le dernier Marvel au Kinépolis, d’autres la saluent uniquement quand ils se rendent au stade Roi Baudoin pour aller voir les Diables Rouges se prendre une branlée se démener.

Personnellement, j’aime assez la contempler en hiver, à la tombée de la nuit, quand elle baigne dans une ambiance un peu nébuleuse et froide, parée de ses petites lumières qui font croire aux valeureux quidams qu’ici, c’est un peu la fête toute l’année. L’air de rien, c’est déjà à une ancêtre que je rends visite: cette géante de 102 mètres de hauteur vient de fêter ses 66 ans – elle a exactement le même âge que Francis Lalanne et que Madonna.

Nul ne l’ignore: à l’origine, cette maille de cristal de fer agrandie 165 milliards de fois devait en mettre plein les mirettes des visiteurs de l’Expo universelle de 1958, puis ranger à tout jamais ses neuf boules de 250 tonnes chacune. Oui mais voilà : les Bruxellois l’ont adoptée, tandis que les décideurs lui ont accordé un bail de survie de 10 ans, puis de 25, puis de 50… et il y a fort à parier que celui qui osera décider de sa destruction n’est pas encore né. Les icônes ne meurent jamais, c’est bien connu: même dans trois mille ans, l’Atomium sera toujours là, tout comme les gens continueront à chanter Tata Yoyo en passant dans le tunnel Annie Cordy.

Rien que pour les cieux

Une santé de fer, donc, pour cet édifice imaginé par l’ingénieur André Waterkeyn. Et un sacré… savoir-fer, puisqu’à sa naissance, l’Atomium pouvait se vanter d’un glorieux record: son ascenseur central menant à la sphère supérieure était le plus rapide… du monde, atteignant les cieux bruxellois en 23 secondes à peine. En parlant de cieux – je suis contraint de m’auto-féliciter pour cette transition remarquable – j’allais justement enchaîner avec une information toute fraîche: d’ici peu, l’Atomium s’en ira tutoyer les nuages en devenant le premier édifice belge à voyager dans les airs sans même devoir s’acquitter d’un supplément bagage.

Je vous explique. Le mois dernier, Brussels Airlines dévoilait les résultats d’un concours ayant rassemblé pas moins de 900 projets, et vous savez quoi? C’est l’architecte Thomas Faes, natif du Brabant wallon, qui a décroché la timbale avec un joli dessin représentant… l’Atomium. Une œuvre qui sera prochainement flanquée sur l’un des avions de la compagnie belge, rejoignant les appareils à l’effigie de Tintin, des Schtroumpfs ou de Magritte. Une belle consécration, surtout quand on sait que, parmi les finalistes de cette compétition céleste, se trouvaient également Lucky Luke, le cyclisme ou les pêcheurs de crevettes.

Après, puisque vous me demandez mon avis, j’aurais plutôt opté pour un avion en forme de fricadelle géante, qui aurait clairement fait sensation sur les tarmacs du monde entier et qui aurait permis d’asseoir notre réputation de «Ah, ils sont quand même bidonnants, ces Belges!» Mais bien entendu, si on veut rester un peu sérieux, je pourrais aussi me contenter d’un avion en forme de Chokotoff.

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