Arno Schrooyen, étudiant militant: « Il y a une beauté dans le mouvement syndical et dans la rue »

Arno Schrooyen Laetitia Bica
Arno Schrooyen © Laetitia Bica
Anne-Françoise Moyson

Il a 23 ans et un impressionnant bagage de militant. En 2018, Arno Schrooyen, alors bachelier, entre au Conseil étudiant de son école hôtelière. Très vite, il en devient le président et rejoint la Fédération des Etudiant.e.s Francophones. Désormais, il siège au sein du Comité exécutif de l’European Students’ Union. «Continuons le combat!»

L’engagement

Etre militant, c’est vouloir améliorer la société. Vouloir faire changer les choses, faire partie d’un groupe pour œuvrer à ce changement et être sur le terrain. Il y a une beauté dans le mouvement syndical et dans la rue. C’est là qu’on fait vraiment bouger les lignes. Les congés payés, le salaire minimum, c’est grâce à la rue, au militantisme et à la désobéissance civile qu’on les a obtenus ; le gel du minerval, la gratuité pour les étudiants boursiers, ce sont des combats gagnés grâce au mouvement étudiant.

« Boomers »

Les étudiants, ce n’est pas un truc à part dans la société. On en fait partie intégrante. J’ai l’impression qu’on n’est pas assez écoutés, qu’on ne nous prend pas toujours au sérieux. On est souvent infantilisés par les politiciens, les recteurs, les enseignants. Nos propositions sont tout de suite dénigrées alors qu’on n’a même pas encore terminé notre argumentaire. Du coup, on pense parfois très fort «Boomers», on ne le dit pas clairement mais on le sous-entend… Et puis on leur prouve qu’on maîtrise le sujet.

No gender

J’ai envie d’explorer mon style vestimentaire. En secondaire, au Sacré-Cœur de Jette, je portais l’uniforme, un pantalon bleu, un tee-shirt blanc, un pull bleu marine et des chaussures de ville. Je trouvais une certaine facilité à ne pas devoir réfléchir le matin à ce que j’allais mettre. Aujourd’hui, j’essaie d’aller vers des manières de m’habiller moins genrées – j’aime beaucoup les talons, je trouve que cela me va bien.

Radical

La radicalité est parfois nécessaire. Je pense aux suffragettes, pas sûr qu’on y serait arrivé si les femmes avaient juste simplement manifesté, il a fallu qu’elles mettent des bombes pour obtenir le droit de vote… C’est important de se nourrir du passé. De se souvenir de la façon dont les choses se sont déroulées, comment cela a été réfléchi. On n’a pas inventé la roue, on sait que la mobilisation fonctionne, à nous de trouver de nouvelles formes.

Sexisme ordinaire

En politique, il vaut mieux être gay que femme. Quand j’étais président de mon Conseil étudiant, la trésorière était une femme. Très vite, je me suis rendu compte que le directeur de l’établissement ne me parlait qu’à moi, jamais à elle. Il était de la vieille école, du genre à penser qu’il faut envoyer les jeunes seuls sur une île avec un couteau pour qu’ils apprennent la vie… Bref, c’était compliqué. Le sexisme ordinaire, on le rencontre tout le temps. Quand je suis arrivé à la Fédération, c’était le début des grands travaux sur les questions de féminisme, j’ai eu des formations sur le harcèlement, les violences sexistes et sexuelles, c’était il y a cinq ans, alors que dans d’autres organisations de jeunesse et dans les partis, c’est ultrarécent. Dommage que cela ait mis tant de temps.

« Les étudiants ne sont pas assez écoutés, on est souvent infantilisés »

Choix politiques

L’enseignement devrait être gratuit et public. En Belgique francophone, il y a des étudiants qui se prostituent pour payer leurs études. Et 1 étudiant sur 2 bosse pendant les examens, forcément, cela diminue les chances de réussite. Il faudrait une enveloppe budgétaire financée par un impôt sur les super profits. Ce sont des choix politiques qui doivent être faits en se posant cette question: Que veut-on financer? L’armement ou l’enseignement?

Esprit d’ouverture

L’engagement, cela se transmet. Maman a participé aux grandes manifestations étudiantes en France, puis elle a travaillé en Russie, au Kirghizistan, en Arménie. Papa était logisticien pour Médecins sans Frontières, il est allé en Iran, en Afghanistan, au Burundi et au Kirghizistan, c’est là qu’ils se sont rencontrés. J’ai beaucoup appris en voyageant avec eux. Et leur esprit d’ouverture a joué dans mes choix, dans mon militantisme.

(No) future

Je ne sais pas trop ce que je ferai après mes études. C’est générationnel, je pense. J’ai envie de voyager mais de là à dire que j’ai un rêve ou un projet de vie… Je vais d’abord voir ce que je vais manger demain et après, on verra bien.

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