Nicolas Balmet

Chronique | On souffle des bougies d’anniversaire pour que nos souhaits atteignent les dieux

Nicolas Balmet Journaliste

Dans cette chronique, rien n’est en toc. Chaque vérité, cocasse ou sidérante, est décortiquée par un journaliste fouineur et (très) tatillon qui voit la curiosité comme un précieux défaut.

J’en connais qui vont moins faire les malins, d’ici quelques minutes. Qui donc? Ceux qui nous ont bien enquiquinés pour que nos congés de Toussaint deviennent des congés «d’automne», que nos vacances de Noël soient transformées en vacances «d’hiver» ou que le Carnaval devienne une période «de détente». Rappelons l’objectif de la manœuvre: effacer la connotation «religieuse» liée à ces vacances qui concernent tout un chacun, croyants ou non-croyants. 

Bien sûr, tout le monde se moque totalement de ces nouvelles appellations, et même ceux qui sont plus athées que des tasses de thé ne parlent jamais de «vacances de détente». Mieux: je parie un Twix que la personne qui a proposé cette formulation en réunion continue à se demander comment ça a pu être validé alors que c’était juste une blague pour faire sourire Véro.

Pas de chance, donc, pour nos enquiquineurs de service: j’ai enquêté. Et il s’avère que nos chers gâteaux d’anniversaire, eux aussi, trouvent leur source dans nos croyances ancestrales. En gros, les êtres humains auraient imaginé cette tradition afin de célébrer leurs dieux, et plus précisément pour honorer Artémis, la déesse de la lune. C’est la raison pour laquelle le gâteau était de forme ronde… comme la lune. Et c’est la raison pour laquelle ce même gâteau était orné de petites bougies représentant… la lumière divine. Brûler des bougies n’était pas seulement une façon de faire des offrandes à Artémis et toute sa clique: c’était aussi l’occasion de faire quelques vœux. Et d’après vous, comment les Anciens faisaient-ils pour que leurs vœux atteignent aisément les dieux? Ils les prononçaient en soufflant sur les bougies, histoire que la fumée s’envole vers les cieux…

Je vois d’ici votre stupeur, chers enquiquineurs. Car il va falloir tirer les conséquences de cette histoire, et c’est à vous qu’incombe la tâche. Je vous laisse donc expliquer aux enfants du royaume qu’ils n’ont plus le droit d’apporter des gâteaux en classe à leur anniversaire. «Cher Matteo, chère Juliette, cher Nobyl (pardon), sachez que l’école n’est pas un défouloir. C’est un endroit où l’on va pour s’instruire, et non pour se délecter avec ses petits camarades. Lors de vos anniversaires, on préfère que vous ne vous amusiez pas trop, d’accord? De toutes façons, les gâteaux, c’est bourré de sucre, et le sucre, ça provoque une hyperglycémie qui, à terme, peut déboucher sur des maladies cardio-vasculaires, voire un décès prématuré. J’imagine que vous n’avez pas encore souscrit d’assurance Dela? Et que vous ne savez pas trop qui est Dieu? Non? Ben voilà, il est plus que temps de laisser les gâteaux et les bougies aux gens pieux. Vous, bande d’enfants, vous n’êtes que des hérétiques!»

En parlant de maladies graves, j’ai poursuivi mon enquête en m’aventurant bien au-delà des voies du seigneur. Et vous savez quoi? Je suis tombé sur une étude très sérieuse réalisée par l’université américaine de Clemson, qui a ausculté la façon dont les bactéries prolifèrent lors du fameux rituel d’anniversaire. Tenez-vous bien: au moment de souffler les bougies, les bactéries se multiplient par 14 sur toute la surface du joli glaçage en forme de Pokémon ou de licorne. Bien sûr, il est préférable d’envisager la scène comme un chaleureux moment de partage, en oubliant que ces minuscules organismes unicellulaires provoquent à la fois des méningites, des fièvres, le tétanos ou la peste. Parce que c’est beau, le partage. C’est même plutôt charitable et dévotieux, en ces temps obscurs. 

Tant que je suis au rayon des bonnes nouvelles, j’ai une dernière info à vous offrir: figurez-vous qu’on fête justement les 100 ans du… ballon gonflable. En effet, c’est en 1824 que le scientifique anglais Michael Faraday inventa le premier ballon gonflable en caoutchouc, même s’il faudra attendre les années 1930 pour qu’il devienne un véritable symbole festif. Bien sûr, si j’étais du genre à casser l’ambiance, je préciserais que certains ballons en latex font ingérer aux enfants des nitrosamines qui sont classées «cancérogènes probables», et que les risques d’étouffement existent au moment du gonflage. Mais casser l’ambiance, moi? Jamais de la vie.

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