CHRONIQUE C'est pas faux de Nicolas Balmet

Le STOP est le seul et unique panneau de forme octogonale…

Dans cette chronique, rien n’est en toc. Chaque vérité, cocasse ou sidérante, est décortiquée par un journaliste fouineur et (très) tatillon qui voit la curiosité comme un précieux défaut.

Ils font partie du décor, comme on dit. Et même si certains les considèrent comme des éléments aussi peu nécessaires que les clignotants, les panneaux STOP se classent parmi les bastions de notre chère voie publique. La preuve? Ignorez-les, et un homme pourrait bien surgir d’un fourré en vous disant «Bonjour, je m’appelle Marcel Patulacci, brigadier-chef et agent de la paix avant tout. Vous venez de commettre une infraction du 2e degré, vous allez douiller, on ne plaisante avec ces choses-là.»

« Ni une ni deux: je me suis mis à consulter un maximum de sources fiables – Siri, TikTok, Tinder… – pour trouver une explication pertinente à cette observation intrigante »

Bien sûr, vous êtes sûrement un peu comme moi: en tant qu’usager de la route quasi irréprochable, quand vous arrivez devant un STOP, vous faites négligemment semblant de vous arrêter mais-pas-tout-à-fait-quand- même. Parce que vous êtes convaincus d’être ridicules en vous immobilisant bêtement devant la ligne blanche alors qu’il n’y a pas le moindre véhicule à la ronde, à part, bien sûr, le mec qui déboule soudainement dans votre rétro et qui vous klaxonne dessus en raison de votre excès de zèle. Hein oui, que vous êtes un peu comme moi? A une différence près: moi, un jour, alors que je m’étais COMPLETEMENT arrêté (m’en fous si vous ne me croyez pas) devant un STOP, m’est apparu l’éberluant constat qu’il était le seul de tout l’espace public à afficher une forme octogonale.

« Dans chaque région du monde, les automobilistes doivent pouvoir reconnaître le STOP rien qu’à sa forme. Sinon, bardaf, c’est l’embardée.« 

Ni une ni deux: je me suis mis à consulter un maximum de sources fiables – Siri, TikTok, Tinder… – pour trouver une explication pertinente à cette observation intrigante. Je vous le donne en mille (promis, je reviens sur le sens de cette belle expression à la fin de cette chronique, vous n’avez décidément pas fini d’être médusé): le panneau STOP est octogonal depuis que la Convention de Vienne de 1968 sur la signalisation routière a estimé que son importance était telle qu’il devait se démarquer des autres. Autrement dit? Dans chaque région du monde, même durant les rudes hivers polaires qui recouvrent le paysage d’un épais manteau blanc, les automobilistes doivent pouvoir reconnaître le STOP rien qu’à sa forme, peu importe la couche neigeuse qui cache l’inscription. Sinon, bardaf, c’est l’embardée.

Je vois d’ici les petits malins opérer leurs déductions foireuses: «Ah, d’accord. Ça veut dire que tous les autres panneaux ne sont pas si importants que ça? Je peux donc me garer sur cette place handicapés où il n’y a jamais le moindre handicapé qui se gare? Et celui qui indique le passage potentiel de cervidés sur la route, j’imagine que je peux enfin dire à mon gosse que, non, désolé, aucun cerf ne surgira jamais de la forêt, tu peux continuer à jouer à Pokémon Go? Et tiens, à propos de gosse, je suppose que le panneau qui indique l’approche d’une école, je l’oublie et je tente un strike?»

Non, non, et encore non. Chaque panneau a son rôle, sur ce coup-là, je ne vous apprends rien. Au passage (pour piétons), je précise que le feu rouge est tout aussi indispensable à respecter, et ce de façon encore plus stricte, au risque de commettre une infraction du 3e degré et, avec tous ces degrés, on va (encore) frôler la canicule.

Comme je sens que vous avez envie de frimer à votre prochain dîner, je vous livre d’ailleurs une ultime info: le feu électrique est arrivé en Europe en 1923, soit il y a tout juste cent ans. Il a été posé au cœur de Paris, à l’intersection de deux boulevards. On l’appelait alors «feu rouge» pour une raison très simple: il n’affichait alors que la couleur rouge. Il faudra attendre une dizaine d’années pour que l’orange et le vert ne viennent transformer l’objet en un «feu tricolore»… que tout le monde continuera à appeler «feu rouge» au fil des décennies – parfois, je me demande si l’être humain n’est pas encore plus borné que le Mille Bornes.

PS: L’expression «je vous le donne en mille» est simplement la forme raccourcie de «je vous le donne à deviner, mais a priori, vous n’avez qu’une chance sur mille de trouver la solution». De rien. Bisou.

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