L’automassage, le remède au manque de contacts physiques
En limitant nos rapports sociaux, la crise sanitaire nous prive aussi du contact sensoriel bienveillant de nos proches. L’automassage, à l’aide ou non de petits accessoires, pourra nous aider à faire baisser la tension.
La peau est le plus grand organe du corps humain et depuis le mois de mars dernier, elle subit un sevrage forcé. Le toucher, pourtant aussi essentiel à la vie que le fait de manger, boire ou dormir, est presque devenu un produit de luxe. Même au sein de sa bulle, la prudence est de mise et la caresse rare. Or notre peau a faim de la peau de l’autre, un concept baptisé « skin hunger » par les Anglo-Saxons déjà dans les années 70.
On sait aujourd’hui, preuves scientifiques à la clé, que tous ces petits gestes dont nous sommes privés ont un impact bénéfique sur notre bien-être. Deux études pilotes réalisées par l’ULiège ont, entre autres, permis de démontrer que le massage agissait sur la production de cortisol – l’hormone du stress – mais aussi de dopamine et d’ocytocine. Aussi appelée « peptide de l’affection », cette hormone est également impliquée dans la régulation de la douleur, de la dépression, de l’anxiété et de la facilité à se relaxer.
« Dans cette période peu propice à la proximité et à la possibilité de recevoir du toucher bienveillant d’autres personnes, l’automassage apparaît comme une intention bénéfique par rapport à nous-même, plaide Fabrice Mascaux, co-auteur de ces études, psychologue et massothérapeuthe. Via notre propre toucher, il peut produire des effets semblables en termes de relâchement de tensions musculaires et de renforcement des capacités d’autoguérison du corps et de son immunité. C’est une invitation à passer du temps respectueux avec soi, de manière autonome, et de profiter des nombreux bienfaits de cette approche, tant physiologiques que psychologiques. »
Le toucher, pourtant aussi essentiel à la vie que le fait de manger, boire ou dormir, est presque devenu un produit de luxe.
De menus plaisirs
Plusieurs petits automatismes du quotidien – se brosser les cheveux, enfiler un pull en cachemire, prendre une douche en pleine conscience ou s’enduire le corps de crème – peuvent ainsi devenir des moments d’attention privilégiés que l’on s’offre à soi-même même s’ils ne remplacent pas totalement la caresse ou le geste massant délivré par autrui. De multiples objets plus ou moins sophistiqués pourront aussi aider à détendre des zones de notre corps qui ne sont pas accessibles directement avec les mains comme le haut ou le milieu du dos, ou les pieds pour ceux et celles qui manquent de souplesse.
Plusieurs petits automatismes du quotidien peuvent ainsi devenir des moments d’attention privilégiés que l’on s’offre à soi-même
« Il existe par exemple des doubles balles de massage qui se glissent le long de la colonne vertébrale lorsque l’on est couché sur le dos ou appuyé debout contre un mur et qui facilitent ainsi l’accès à une zone musculaire souvent tendue, détaille Mousse El Ghaddouri, kinésithérapeute et personal trainer à l’Aspria. Des petits rouleaux de mousse lisses ou dotés d’aspérités peuvent aussi masser la plante des pieds en dopant ainsi la circulation sanguine, ce qui permet d’éviter que les jambes ne gonflent, l’un des effets néfastes de la sédentarité encore accentuée par le confinement. Les mains de massage très ergonomiques facilitent aussi le geste, même si elles ne remplaceront jamais le massage par autrui. Tous ces outils peuvent également servir à préparer le corps avant un exercice physique et faciliter la récupération après l’effort. »
Respirer et imaginer
Océane Taquoi, fervente adepte du « dry brushing », préconise toutefois de ne pas négliger le pouvoir sensoriel de la main sur la peau. « Le biomimétisme est parfait, note-t-elle. Sous la pulpe des doigts, qui sont des merveilleux récepteurs tactiles, le geste devient beaucoup plus intime et plus personnel. » Fabrice Mascaux, qui délivre aussi des formations à l’automassage, insiste également sur l’importance de respirer profondément, surtout en se laissant expirer sans effort au contact de nos tensions corporelles. « Plutôt que de lutter contre les sensations douloureuses de notre corps, à nous d’accepter leur existence: en laissant nos mains mettre du mouvement, de la chaleur et de la présence là où c’est tendu, nous pouvons trouver une forme de réconciliation avec nous-même. »
A ceux qui souffrent également de solitude, le thérapeute conseille de convoquer en pensée lors du massage un être cher. « Imaginons qu’en contact avec notre propre corps, c’est une autre personne bienveillante et importante dans notre vie qui prend du temps pour nous et notre bien-être », conclut-il. Les bienfaits en seraient, nous assure-t-il, décuplés…
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Et si on essayait le « dry brushing »? p>
Le « brossage à sec » est une technique d’exfoliation qui permet d’éliminer les cellules mortes tout en stimulant la microcirculation et le drainage des toxines par le système lymphatique. Océane Taquoi, fondatrice de la boutique Label Chic à Bruxelles, est une adepte de ce rituel venu du Japon. Chaque matin, avant la douche, « on se brosse le corps avec des mouvements amples allant du bas vers le haut pour les jambes et les bras, en direction des glandes lymphatiques situées au niveau de l’aine, des aisselles et du cou, détaille-t-elle. Inutile de forcer, pour ne pas irriter sa peau. Lorsque l’on traite le torse et le bas du dos, on entraînera la main vers le coeur. Pour l’abdomen, procéder par mouvements circulaires dans le sens des aiguilles d’une montre. » Après la douche, hydratez la peau avec un soin contenant des huiles essentielles, pour profiter de leurs vertus sensorielles et émotionnelles. p>
Brosses Hydrea London, à partir de 13 euros (labelchic-brussels.com). p>
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