Déculpabiliser et positiver l’échec pour le surmonter
Partisane de la parentalité positive, la psychothérapeute oeuvre pour guider les parents dans leur quête du « mieux éduquer ». Elle publie un cahier d’exercices pour surmonter un échec.
Pourquoi avons-nous si peur des échecs ?
Parce que les peurs sont stigmatisées depuis notre enfance. Nos parents étaient concentrés sur ce que l’on faisait de mal. Dès qu’on ne faisait pas plaisir, on nous culpabilisait : « Tu n’es pas gentil. » Ensuite, l’école a pris le relais avec ses dictées qui relèvent les fautes et non ce que l’on fait de correct. Or, une erreur d’orthographe devrait être une bénédiction : c’est l’occasion d’enseigner en profondeur.
Comment apprivoiser nos erreurs ?
D’abord en réalisant que c’est culturel. Nous pensons qu’il faut réussir et être brillant pour être aimé. Mais dans les autres cultures, c’est différent. Aux Etats-Unis, un PDG qui n’a pas déposé le bilan est considéré comme quelqu’un qui n’ose pas prendre de risques. L’échec est juste une information. Or pour se développer, nous avons besoin d’un maximum d’informations, donc d’un maximum d’insuccès. Favorisons nos enfants à la culture de l’échec constructif.
Quelle est l’erreur éducative la plus commune ?
Chercher à mettre des limites à un comportement au lieu d’examiner la cause de celui-ci. Prenons l’image du lait qui bout. Quand ça déborde, on veut placer un couvercle. Pareil avec les débordement d’un gosse : on essaie de le canaliser, de l’arrêter, de le punir. Or on sait, en cuisine, que c’est inutile : il faut d’abord couper le gaz… Tous les comportements des enfants ont des causes. Notre job de parent, c’est d’éteindre le gaz.
La plainte parentale que vous entendez régulièrement ?
» Il ne m’écoute pas. » C’est que la manière dont on s’est adressé à lui le bloque. C’est toutefois une réaction naturelle : lorsqu’on donne un ordre à un être humain, il se rebelle. Cela marchait dans le temps, mais il fallait énormément de coercition. Alors soit on terrifie le petit pour qu’il se soumette (tout en sachant que c’est destructif), soit on mobilise son cerveau frontal de façon différente. En lui laissant le choix, ou en ne mentionnant qu’un seul mot, comme « cartable » plutôt que « range ton cartable sinon blablabla ». Si on arrêtait de donner des ordres, tout irait mieux.
Une astuce pour vous relaxer ?
Cuisiner. Parce que j’y fais de la méditation de pleine conscience.
La citation qui aurait pu être la vôtre ?
» La liberté consiste à regarder en face les situations où l’on s’est mis de son plein gré et à accepter toutes ses responsabilités », de Sartre.
Par Valentine Van Gestel
Petit cahier d’exercices pour se relever d’un échec, par Isabelle Filliozat, Jouvence, 64 pages.
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