Jeune et endeuillé: Que faire lorsqu’on perd son partenaire brutalement ?
Celui qui perd son partenaire à un jeune âge s’égare souvent lui-même. Un entourage compréhensif et patient est un atout de choix vers le chemin de renaissance.
Lorsqu’elle frappe jeune, la mort d’un partenaire peut être ressentie comme la fin, y compris de sa propre vie. « Nouvelle maison, projet d’enfant, voyage: tout s’écroule subitement », nous dit Johan Maes, psychothérapeute, auteur et expert en deuil. Des questions comme « qui suis-je ? » et « qu’elle est ma place dans la société ? » ne trouvent plus si facilement de réponses. Surtout lorsqu’on vivait une relation fusionnelle avec son partenaire.
C’est aussi pour cette raison que, lorsque l’on est en couple, délaisser ses passe-temps, ses amis ou son travail n’est jamais une bonne idée. Si l’autre disparaît, on n’a plus rien vers quoi se tourner.
Culpabilité, colère, impuissance et regrets: les circonstances qui entourent la mort déterminent également le deuil et la forme du chagrin. Le deuil est une réponse à la perte de quelqu’un avec qui on a une relation significative. Une relation qui existe encore quand la personne n’est plus là, d’où la conjugaison au présent. Car ce n’est pas parce que son partenaire est décédé que, subitement, on a plus de relation avec ce dernier.
Il n’est pas possible de « passer au-dessus » de quelqu’un de décédé. Il est beaucoup plus sain d’avancer en l' »emmenant » avec soi de manière positive. Cela peut passer par poursuivre des buts que vous aviez en commun, transmettre des valeurs à vos enfants ou fêter chaque année son anniversaire. Il n’y a pas de recette universelle. Chacun s’y emploie à sa façon.
Cette présence ne doit bien sûr pas empêcher de refaire sa vie. Son passé ne peut être son présent ou son futur. « Un exercice difficile », concède Maes. D’autant plus que le processus de deuil peut être intense et perturbant.
Le droit de craquer
D’un côté, la personne ressent le manque, la perte et l’impact émotionnel. Et de l’autre, la vie continue et ils doivent sans cesse prendre des décisions. À un moment, on se met à pleurer parce qu’on reconnait une odeur ou que l’on voit une photo et dans le même temps on doit aller chercher les enfants ou sortir les poubelles. Ces personnes doivent sans cesse jongler entre ces deux réalités. Cela crée du stress et donne l’impression d’être dans des montagnes russes.
Pour garder ces personnes dans leurs rails, cela demande beaucoup de compréhension et de patience de leur entourage direct. Un entourage qui se sent souvent démuni. Ce qui fait que la communication avec la personne endeuillée se déroule de façon chaotique. Les proches ont peur d’appeler ou donnent des conseils qui, bien que bien intentionnés, se révèlent contreproductifs et font que la personne se sent souvent encore plus seule.
Or, souvent être là, physiquement, c’est déjà 50% du travail. Les proches peuvent manifester leur impuissance. Le principal est de créer un espace sûr ou la personne peut exprimer son chagrin. Un endroit où la personne peut s’écrouler sans avoir peur des conséquences. Avec du respect pour vos propres limites, bien entendu.
Il faut aussi respecter le processus de deuil. Aujourd’hui, tout doit aller vite. On peut faire un peu son deuil pendant six mois et puis basta. C’est très néfaste. Ce n’est pas grave si 10 ans après le décès de son conjoint on éclate encore parfois en sanglots. Ce n’est pas un échec de la personne en deuil. La société doit aussi apprendre à composer avec des choses peu agréables et qui prennent du temps.
Que dire à ses enfants ?
L’honnêteté prime: « Maman est morte. »
Des réponses claires et adaptées à leur âge: « la mort signifie que maman n’est plus là. »
On peut montrer son chagrin, mais sans surcharger les enfants: « papa est très triste. »
Chercher ensemble du sens et des rituels: « nous créons un endroit où l’on peut rendre visite à maman. »
Thomas Detombe
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