La colère paie: elle aide à surmonter les obstacles
La colère a souvent une connotation négative. C’est bien dommage, car cette émotion nous est en réalité très utile: elle nous aide à naviguer dans les eaux troubles du monde qui nous entoure et nous motive à nous défendre.
On ressent de la colère lorsqu’une chose à laquelle on accorde de l’importance ne se passe pas comme on le voudrait, souvent par la faute de quelqu’un d’autre. « Si on est nous même responsable de cet échec, on risque davantage d’éprouver de la culpabilité ou de la honte », explique Peter Kuppens, professeur de psychologie quantitative. Cette émotion s’accompagne d’un état d’esprit combatif et active votre hémisphère gauche principalement associée aux sentiments positifs qui nous motivent à agir. La colère en fait partie.
Apprendre à mettre des limites
Les gens se fâchent quand ils rencontrent un obstacle. La colère donne l’énergie nécessaire pour éliminer les obstacles. Le coeur commence à battre plus vite et la tension artérielle augmente. « Les études montrent qu’une personne en colère ose prendre plus de risques « , dit encore le professeur. « Cela signifie que vous serez en mesure d’agir beaucoup plus rapidement que vous n’oseriez le faire dans d’autres circonstances. Quand on ressent de la peur, c’est l’inverse qui se produit. On évite autant que possible les situations à risque et optons pour l’esquive.
Grâce à la colère, on ose plus et on communique mieux. « En exprimant ce sentiment, vous faites savoir à ceux qui vous entourent que vous ne tolérez pas une situation. La colère est souvent perçue comme une émotion destructrice, mais c’est en réalité un avertissement. Cela signifie: « attention, je ne vais pas laisser passer ça », explique encore Kuppens. La colère est destinée à rétablir l’équilibre dans votre relation à autrui et ne doit donc pas être ignorée.
On a tendance à se montrer plus virulent si c’est de façon anonyme
Nous sommes plus susceptibles de harceler, d’abuser ou même de menacer les autres, si c’est de façon anonyme.
On dit souvent que nous vivons dans une » période gouvernée par la colère « . Bien que cette émotion semble être plus présente, ou du moins plus ouvertement présente, rien ne le prouve de façon concrète. « Je ne pense pas qu’il y ait plus de colère qu’avant. On l’exprime simplement différemment ». Grâce à Internet, vous pouvez attaquer les gens de manière anonyme et en tirer satisfaction. Cela ne signifie pas pour autant qu’il y en a plus de colère aujourd’hui. Elle est juste plus visible.
Les gens réagiront plus vite en ligne que dans la vie réelle. Le trolling et la cyberintimidation sont des pratiques quotidiennes sur Internet. Le professeur américain de psychologie John Suler est l’auteur de « The Online Disinhibition Effect » paru en 2004. Il a remarqué que beaucoup d’entre nous ont un comportement plus désinhibé et plus virulent sur Internet. Suler distingue deux types de désinhibition: bénigne et toxique. La bénigne fait que nous sommes plus ouverts et vulnérables. Dans le cas de la désinhibition toxique, nous sommes plus susceptibles de harceler, d’abuser ou même de menacer les autres si nous ne pouvons les voir et surtout être vus. Les gens ont rapidement tendance à chercher des boucs émissaires si les choses ne se passent pas comme ils le voudraient dans leur vie. De cette façon, un modèle de pensée est créé dans lequel tout ce qui va mal est attribué à une cause bien spécifique. Un mécanisme qui va encore nourrir la colère, puisque votre modèle de pensée est ainsi en permanence renforcée « , explique Kuppens.
Symbole de statut pour les hommes, tabou pour les femmes
Un homme en colère ne sera pas perçu de la même manière qu’une femme. Alors que pour ces dernières cela sera perçu comme une perte de sang-froid quand on ne considère pas qu’elles sont devenues folles, pour les hommes, c’est un signal fort d’assertivité et de domination « , dit le professeur Kuppens. Les hommes ont le droit de s’affirmer, de dominer et même de se montrer agressifs sur leur lieu de travail. On les récompense même pour cela.
Il n’en va pas de même pour les femmes. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée en 2008 à l’Université Yale, aux États-Unis. On a demandé aux hommes et aux femmes de décrire un incident qu’ils jugeaient injuste au travail. Les participants devaient ensuite indiquer si la personne en question avait un rang hiérarchique élevé ou faible. Les femmes en colère se voyaient attribuer un rang inférieur, les hommes en colère, un rang supérieur. En outre, on attribuait cette réaction émotionnelle à des facteurs externes, alors que chez les femmes on l’attribuait à des caractéristiques intrinsèques. On décrivait cette personne comme ayant un tempérament colérique ou » instable « .
Dans notre société occidentale, les femmes en colère sont considérées comme moins compétentes que leurs homologues masculins. Elles sont aussi souvent sanctionnées lorsqu’elles manifestent des émotions, surtout quand c’est de la colère ou de la fierté. La société occidentale semble donc toujours coincée dans un mode de pensée traditionnelle.
Bien que nous considérions souvent la colère comme négative, cette émotion a une fonction claire. Si vous réussissez à exprimer cette colère de façon constructive, il y a de bonnes chances qu’elle vous apporte même des résultats positifs. Mettez d’abord de l’ordre dans vos pensées, puis ayez une conversation calme et claire. Il y a de bonnes chances que ceux qui vous entourent réagissent de façon positive.
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