#lovemyjob: 7 règles à suivre pour être plus heureux au boulot
Un Belge sur cinq déclare ne pas être heureux au travail. A l’heure où les carrières sont de moins en moins linéaires, la démission n’est plus taboue. Mais l’herbe est-elle plus verte ailleurs? Voici sept pistes pour retrouver le bonheur au boulot sans forcément claquer la porte.
L’an dernier, iVox a demandé à 1000 Belges, francophones et néerlandophones, s’ils étaient heureux au boulot; 18,8% d’entre eux ont répondu non. C’est Attentia, entreprise spécialisée dans les RH et le bien-être au travail, qui était à l’origine de cette enquête. Mirabel Hoys, sa directrice Consultance RH, détaille ce chiffre: « Les éléments mis en avant par les personnes qui se disent heureuses et les autres sont en fait les mêmes: les relations avec les collègues, les managers et les collègues d’autres départements, ainsi que l’intégration vie privée et travail. » Bien avant le salaire, c’est le relationnel qui semble conditionner le ressenti; loin du contrat ou de la fiche de poste. « Au cours des dix dernières années, on a vu naître une attente des employés qui exigent un investissement permanent dans leur développement de la part de leur employeur, analyse Mirabel Hoys. Par exemple, ils veulent devenir des experts dans leur domaine, développer une meilleure connaissance d’eux-mêmes, apprendre à dire non, etc. L’apprentissage continu est crucial. Ce ne sont pas seulement les compétences techniques qui sont importantes mais aussi d’autres facultés telles que donner du feed-back afin de mieux collaborer, apprendre à communiquer de manière ciblée. Ils prient l’entreprise de faciliter ça. Ça n’existait pas avant. »
Mieux vaut ne pas compter sur votre patron pour résoudre vos problèmes.
Fiorella Brusco, directrice générale prévention et protection chez Attentia, complète: « On peut aussi expliquer ce chiffre par une certaine morosité ambiante, un phénomène sociétal qui pousse à se plaindre. Il y a une victimisation, mais pas toujours d’introspection pour savoir ce qui est important pour soi, ce qu’on veut atteindre. En cas de démission, si le problème était lié à des valeurs, on peut espérer que la personne trouvera une nouvelle entreprise où celles-ci correspondent. Mais si la raison était opérationnelle ou relationnelle, il y a le risque de retrouver les soucis ailleurs. »
Ne serait-on jamais aussi bien servi que par soi-même pour faire bouger les choses? Pour répondre à ses salariés mécontents et inquiets à cause de la réduction du temps de travail (et de salaire) imposée par Starbucks durant les mois d’activité faible, l’entreprise a décidé de leur offrir… un abonnement à une application de méditation. Si l’on note au passage que nombre d’études sont d’accord avec le roi du latte caramel pour dire que la méditation quotidienne a un impact positif sur le bien-être (en général et au travail), la leçon de cette mesure moralisatrice et peu appropriée est peut-être: mieux vaut ne pas compter sur votre patron pour résoudre (tous) vos problèmes. Le cours de cuisine ayurvédique organisé par les RH et le hamac installé dans l’entrée vous font le même effet? Voici quelques conseils d’experts pour tenter d’améliorer les situations douloureuses, s’il n’y a pas de désaccord profond sur des valeurs essentielles à vos yeux.
1. Travaillez moins
Logique. Le conseil est surtout de torpiller cette croyance que pour être un bon élément, il faut travailler plus (et surtout plus longtemps) que les autres. « Il n’est pas prouvé que l’allongement du temps de travail a des bénéfices en termes d’efficacité. En fait, tout semble suggérer que la loi des rendements décroissants s’applique à mesure que nos horaires augmentent, et que l’une de ses premières conséquences est une déperdition en termes de créativité, affirme Bruce Daisley, ancien UK managing director de Twitter qui a compilé ses conseils dans un livre, Comment (re)tomber amoureux de son travail (1). A force d’épuisement, nous atteignons ce que les psychologues appellent un état d’affect négatif. Et, avant tout, cela peut faire passer notre travail de quelque chose qu’on aime à une activité qu’on déteste. » Partir à l’heure pourrait être la clé pour avoir envie de revenir le lendemain.
2. Écoutez (enfin) ce que l’on vous dit
Difficile d’imaginer que vous n’ayez pas déjà lu ou entendu cette recommandation des dizaines de fois: déconnectez, ne répondez pas à vos mails professionnels depuis un transat au milieu de vos vacances, ni à 20 heures en déchargeant le lave-vaisselle. Les études s’enchaînent, les résultats sont criants et si ce conseil reste dans le top de nombreux acteurs du bien-être, c’est parce qu’il est connu, mais peu suivi. « Les gens se mettent une pression eux-mêmes par rapport à ça, souligne Gaël Chatelain (2), blogueur, podcasteur et auteur spécialisé dans le management bienveillant. Souvent, ça ne vient pas de l’entreprise (et si c’est le cas, ce n’est pas normal, il y a des chartes qui réglementent la déconnexion dans de nombreux pays). On le fait parce qu’on a peur de ne plus être utile, ça va au-delà des mails. Quand j’ai commencé à travailler, si je rentrais de vacances et que tout s’était très bien passé, j’avais peur que mon patron se dise que je ne servais à rien. Or, ça voulait juste dire que je savais déléguer. »
3. Repérez les schémas
Soumis à une situation de contrariété ou de stress, nous aurions tous tendance à enclencher un mode pilote automatique propre à notre tempérament. Un mélange (plus ou moins homogène) de certaines de ces injonctions (ou « drivers »): sois fort, fais plaisir, fais des efforts, sois parfait, dépêche-toi. « Pour caricaturer, le « sois fort » absolu, c’est celui qui est parfait pour faire du chiffre mais égal à zéro pour les relations avec les autres, alors qu’un « fais plaisir » ne saura jamais dire non, détaille Xavier Cornette de Saint Cyr, coauteur de Stop à l’auto-sabotage professionnel (3), On peut atténuer les effets négatifs de ses propres drivers mais aussi prendre conscience grâce à cela de ses points forts et de ceux de la personne en face. « Sois parfait » fournira par exemple un travail de qualité, surtout s’il refrène sa tendance à être inutilement tatillon. » De quoi également limiter les dialogues de sourds.
4. Tentez le coup
Certaines personnes sont déprimantes de prédictibilité, mais parfois il est utile de poser la question plutôt que de présumer d’un refus. « De manière générale, cela vaut toujours la peine de tenter de dire les choses, résume le coach Xavier Cornette de Saint Cyr. Il existe bien sûr des manipulateurs, mais certains n’ont pas conscience par exemple que leur ton est vécu comme une agression par leur interlocuteur. Pour que ça se passe le mieux possible, présentez ce que l’un et l’autre ont à gagner à modifier un comportement qui vous pose problème, en expliquant notamment que ça aura un impact positif sur la productivité de se sentir valorisé. Si vous vous limitez au reproche et n’apportez pas de solution, ça ne marchera pas. »
5. Soyez créatifs
Il peut être utile de regarder des problèmes sous un angle neuf. Déprimé à cause des réunions qui s’éternisent d’une part et en manque d’exercice d’autre part? Réunissez les deux soucis pour changer de perspective et proposez de remplacer les rencontres en tête à tête par des rendez-vous ambulatoires. Bruce Daisley, ex-responsable de Twitter UK, garantit que c’est efficace. Il suggère aussi de s’inspirer des hackathons, ces réunions de développeurs informatiques se retrouvant pour innover ou améliorer des applications et logiciels, en mettant en place régulièrement des « hack days » (voire des semaines entières) au sein de l’entreprise. Un thème est souvent choisi, pour canaliser l’attention. En dehors de ce point, plus la réflexion sortira du cadre classique, meilleurs seront probablement les résultats.
6. Créez une bulle
Vous faites des heures supplémentaires, mais votre to-do list ne diminue jamais? C’est peut-être parce que vous ne parvenez pas à vous concentrer suffisamment longtemps sur la tâche que vous voulez accomplir. D’après Gloria Mark du Department of Informatics de l’université de Californie, il faut 23 minutes et 15 secondes pour retourner à son activité initiale après avoir fait un break pour s’occuper d’autre chose. E-mails, appels, questions (ou blagues) de collègues: même combat. En coupant les notifications pour traiter les mails par lot et non au compte-gouttes et en vous isolant grâce à un casque ou en signalant les moments où vous souhaitez ne pas être interrompu dans ce que vous faites (un Post-it sur l’écran ou la chaise peut servir de signal), vous pourriez diminuer considérablement la sensation de surmenage.
7. Laissez tomber le bonheur
Vous ne vous sentez pas au summum du bonheur au boulot? C’est peut-être finalement bon signe. En tout cas, Gaël Chatelain, qui s’est pourtant donné pour mission d’améliorer les pratiques en entreprise, trouve ça plutôt sain: « L’injonction du bonheur au travail a fait beaucoup de mal. Je ne crois pas à ce concept. Certes, il y a des passionnés, mais c’est normal de ne pas se réaliser totalement en tant qu’expert-comptable! Le risque est de mettre son métier au coeur de tout, de penser qu’on est défini par un job. Et passer à côté de choses essentielles. Une vie ne se résume pas au boulot. » Cela veut aussi dire que la souffrance au travail doit réellement être prise en compte avant que n’advienne un burn out ou toute autre conséquence désastreuse. Cela ne vaut vraiment pas le coup.
(1) Comment (re)tomber amoureux de son travail, par Bruce Daisley, First éditions.
(2) Gaël Chatelain, www.gchatelain.com
(3) Stop à l’auto-sabotage professionnel, par Catherine Leclercq et Xavier Cornette de Saint Cyr, Jouvence.
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