Opinion: « J’adore mon chien et mon chat, mais je ne suis pas leur ‘maman’ pour autant »

La pet parentalité n'est pas pour moi - Getty Images
La pet parentalité n'est pas pour moi - Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

De prime abord, notre journaliste Kathleen Wuyard incarne le phénomène de la pet parentalité. Elle a en effet un chien, un chat et zéro enfant. Mais ainsi qu’elle l’explique, elle ne se voit pas comme un parent pour autant.

Ces derniers mois, mon horloge interne a été quelque peu détraquée par le rythme nettement moins régulier d’une petite créature entrée dans ma vie à l’hiver dernier.

A l’apprentissage du sommeil, et toutes les nuits blanches qu’il implique, a succédé celui de la propreté, moins fatigant mais plus chronophage. Et face à mes cernes violacés, mes collègues mamans, compatissantes, n’ont jamais manqué de m’assurer que « ce n’était qu’un cycle à traverser ».

Sauf qu’à la différence de leurs bébés, la mienne était une ravissante Border Collie au poil sable, qui a rejoint une famille déjà composée de 1 mari, 1 chat et 0 têtes blondes.

Ce qui fait techniquement de moi un de ces «pet parents» qui affolent le pape et la droite, et auxquels on consacre un décryptage dans nos pages.

Des liens uniques

Mais de vous à moi, je ne suis pas tout à fait certaine de me reconnaître dans ce terme.

C’est qu’il parvient simultanément à minimiser la relation qui lie les parents à leurs enfants, et celle qui unit maîtres et animaux de compagnie.

La parentalité demande en effet des sacrifices bien plus grands, et une bonne dose d’empathie. Il ne s’agit ainsi pas seulement de gérer l’apprentissage du sommeil et de la propreté, inévitables que le foyer s’agrandisse d’un chiot, d’un chaton ou d’un bébé, mais bien de s’engager pour une vie d’éducation et de compromis.

D’abnégation, aussi: la parentalité implique d’être prêt à donner de son temps, de son argent et de sa personne, et d’accepter que malgré tout, un beau jour, l’enfant s’éloigne. Mais c’est aussi ce qui la rend sublime.

Le lien entre un parent et son enfant est complexe et nuancé, là où c’est justement sa «simplicité» qui rend magnifique le rapport entre l’humain et l’animal.

Je nage dans le bonheur avec mon chien et mon chat, mais ce ne sont pas mes enfants – DR

On rêve d’amour inconditionnel, on assure même que c’est justement lui qui relie les parents à leurs petits, mais la vérité est que les humains, régis par leurs émotions, leurs humeurs et leurs pensées, ne sont pas capables d’aimer « sans conditions ».

L’amour, aussi fort soit-il, est toujours tributaire d’une série de circonstances, qui font parfois que même quand on s’aime très fort, il peut arriver durant de brèves périodes de se détester, ou du moins, d’être momentanément incapable de ressentir de l’affection pour l’autre.

Tandis que votre compagnon à quatre pattes, lui, vous voue un amour inconditionnel.

Est-ce que comme bon nombre de maîtres, il peut m’ariver de gagatiser en parlant à mes bestioles adorées, et de nous désigner, mon mari et moi, comme « maman » et « papa » en référence à elles?

Evidemment, je ne suis pas un monstre.

Mais suis-je persuadée d’être leur parent pour autant? Absolument pas. Elles sont mes animaux de compagnie, je suis leur humain, et ce lien est suffisamment précieux et unique pour être identifié en tant que tel – tout comme celui entre un enfant et ses parents, d’ailleurs.

Même si, contrairement à ces chères têtes blondes, peu importe son humeur ou votre propension à céder à ses caprices (ou non) jusqu’à preuve du contraire, jamais votre chien, votre chat ou votre lapin ne vous claquera une porte au nez en hurlant qu’il vous hait.

Si toutefois cela devait arriver, merci de nous prévenir: ce serait assez wouf pour mériter un article…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content