Bye bye les JO de Paris (3/6) / Aube Vandingenen, escrimeuse: «Cet échec, je le vois comme une très bonne préparation»
Le Vif Weekend part à la rencontre de ces champions belges qui ne pourront pas briller aux jeux Olympiques de Paris. Parmi eux, l’escrimeuse Aube Vandingenen (23 ans) qui a raté sa qualification mais a déjà en ligne de mire Les JO de Los Angeles, en 2028.
«Le jour où j’ai compris que je n’irais pas à Paris, ça a été dur, franchement. Je sortais d’une période très tendue et quand j’ai perdu ce dernier tournoi, j’étais bien consciente de la défaite, mais pas de TOUT ce que j’avais perdu. J’ai parlé en premier avec mon coach et je lui répétais : ‘qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que j’ai mal fait ?’ On a discuté tactique, théorie et tout ça. Et puis seulement j’ai pleuré ; toutes ces émotions, tout ce stress, sont sortis de mon corps… Je n’avais jamais connu une telle sensation en compétition. En plus, c’était à Luxembourg, et toute ma famille et mes amis étaient venus me voir.»
Rendez-vous dans quatre ans
«En escrime, le système de qualification est très focus sur le ‘par équipe’, mais nous n’en avons pas en Belgique dans ma catégorie. Il y a aussi quelques places ‘en individuel’; mais il faut être dans le Top-2 européen pour y arriver. Et j’étais 5e. Ma dernière chance était donc de remporter cette fameuse compétition fin avril, où chaque pays non qualifié peut encore envoyer un représentant et qui offre un dernier ticket pour les jeux. J’y ai participé et j’ai échoué.»
«Ma famille – mon père, ma mère, mon copain… – étaient déçus. Mais ils ont essayé de rester positifs. Ils avaient loué une maison pour la compétition et on a encore passé une nuit là-bas ensemble. Après, ils m’ont amené faire du shopping, on a acheté plein de choses pour que je me sente un peu mieux… Mon coach était très déçu, lui aussi, car on y avait passé tellement de temps et il croyait vraiment que je pouvais le faire. Mais il a tout de suite dit : ‘OK, on recommence le travail pour dans quatre ans!’»
Une école d’élites
«Cet épisode, je le vois comme un échec certes mais finalement surtout comme une très bonne préparation pour 2028. Maintenant, je sais ce que c’est de préparer une épreuve comme ça, avec tout le stress à endurer. Quatre ans, c’est beaucoup, mais en même c’est court. Je dois encore énormément progresser pour aller aux jeux, mais je sais que c’est faisable.»
«Je suis bien encadrée. Je suis dans une école d’escrime à Paris et je fais en parallèle des études de psychologie. C’est une team avec plein d’étrangers, surtout des filles, et nous travaillons avec le maître d’armes Daniel Levavasseur, qui a été maître d’armes de l’équipe de France, du Canada, etc. Il a construit une équipe avec des sportifs qui n’ont pas forcément les infrastructures chez eux mais qui veulent performer et étudier à Paris.»
La naissance du rêve olympique
«Les jeux Olympiques? Je n’en rêvais pas spécialement petite. J’ai commencé l’escrime à l’âge de 7 ans, super jeune donc, parce que mon grand-père avait fait cela toute sa vie à l’armée et qu’il voulait absolument que ses petits-enfants essayent. Je suis arrivée dans un petit club à Gand pour le fun. Plus tard, vu qu’il n’y avait pas beaucoup de soutien de la fédération flamande, j’ai rejoint la Wallonie et reçu le soutien de l’Adeps. C’est vers 14 ou 15 ans, que c’est devenu plus sérieux. J’ai rejoint le circuit européen parce que le niveau en Belgique n’était pas très haut. Et je ne me suis plus arrêtée…»
«Le rêve olympique, il est arrivé à 17 ans je crois. Après ma rhéto, je voulais faire une année sabbatique et juste pratiquer mon sport. Et j’ai trouvé un endroit à Paris où m’entraîner. Là-bas, j’ai rencontré des athlètes qui préparaient les jeux. Ça avait l’air super cool. Ça m’a motivée. Le coach m’a suggéré de rester si je voulais m’offrir la possibilité d’un jour aller aussi aux JO. J’ai appelé mon père et je lui ai dit : ‘Papa, est ce que je pourrais peut-être rester un peu plus longtemps?’ (rires)»
Une leçon de vie
«Tout au long de ce parcours, j’ai déjà appris énormément de choses sur la victoire, sur les amis, les collègues, le fait d’avoir une équipe derrière soi, sur les déceptions et les blessures aussi. Même le fait de voyager est formateur. J’ai été en Colombie, au Canada, au Qatar, à Barcelone, à Budapest, en Chine… partout. J’ai appris tellement de choses et et déjà vu tant de cultures, échangé avec tant de gens…»
«Maintenant, je m’offre un peu de vacances… forcée, cela dit, car j’ai dû me faire opérer pour un soucis que je traînais au poignet. C’était le moment où jamais. Je profite donc de cette pause et puis, je m’y remets, rendez-vous dans quatre ans.»
Retrouvez d’autres témoignages dans notre dossier Mes JO manqués
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