enfant don de sperme
Un don de sperme, et après? En Belgique, l'anonymat est protégé - Getty Images

Témoignage: « Je suis née grâce à un don de sperme et je trouve que le processus devrait être plus encadré »

Nathalie Le Blanc Journaliste

Ce 30 mai, c’est la Journée mondiale consacrée au droit à connaître ses origines. Un jour à la signification toute particulière pour les enfants nés d’un don de sperme, dont Ans, 22 ans, qui a choisi de partager son témoignage. Et d’appeler à un changement de la législation belge.

Par Ans Cornelissen

« Je m’appelle Ans et je suis un « enfant de donneur ». Concrètement, cela veut dire que j’ai été « conçue » en 2001 au service de fertilité de l’UZ Jette, mes deux mamans ayant choisi de réaliser leur désir d’enfant par le biais d’un don de sperme anonyme.

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été très curieuse de connaître l’identité de ce donneur, ce grand inconnu qui a joué un rôle si crucial au début de ma vie. La figure paternelle ne me manque absolument pas, et je n’ai pas besoin de la reconnaissance de cet homme. Mais j’aimerais en savoir plus sur ma lignée, sur mes origines. Mon arbre généalogique est à moitié vide, et cela me ronge encore après 22 ans. Enfant, je pensais à chaque homme que je rencontrais qu’il était peut-être mon père. Étais-je la fille de ce ce passant ? Ou bien de mon professeur de géographie ? Ou alors ce politicien bien connu, peut-être ? N’avons-nous pas les mêmes yeux ? Tout ignorer de son identité est une source constante d’incertitude, car cette question récurrente est condamnée à rester sans réponse.

Et pourtant, plus j’avance en âge, plus je me plonge dans le monde du don de sperme. J’ai fait la connaissance de plusieurs enfants de donneurs, chacun avec sa propre histoire ou sa propre quête. J’ai ainsi appris que chacun aborde différemment son destin. Certains ne s’y attardent guère, d’autres, comme moi, sont très curieux. Je connais des enfants de donneurs qui estiment qu’une grande injustice leur a été faite, parce qu’ils n’ont pas choisi d’être « conçus » dans un laboratoire. D’autres sont simplement heureux d’exister, mais réalisent que l’ignorance d’une partie de leurs origines est le prix à payer pour leur existence.

Des questions sans réponses

Le point commun entre tous ces enfants de donneurs belges? Ils ne sont que peu voire pas reconnus dans notre société. Un donneur de sperme a le droit de rester anonyme, et en Belgique, la loi interdit même de divulguer son identité. Mais qu’en est-il des droits du bébé né de ce don de sperme ? En tant qu’enfant, n’a-t-on pas le droit de savoir d’où l’on vient ?

Qu’il s’agisse de couples ayant des problèmes de fertilité, de mères célibataires ou encore de lesbiennes, les parents qui ont recours à ces dons ont souvent des montagnes d’amour à donner, et ils font le choix très conscient et délibéré de mettre un enfant au monde. Mais il est important de rappeler aussi que le parcours d’un couple qui a recours à un don de sperme ne s’arrête pas à la naissance de son enfant. En tant qu’enfant de donneur, vous portez certaines questions et certains sentiments avec vous toute votre vie. Et il est essentiel que les futurs parents se préparent à ces questions et à la meilleure façon d’y répondre.

Mais une grande responsabilité incombe également à nos hommes politiques. En Belgique, il n’existe pratiquement pas de cadre légal pour le don de sperme. Il n’y a quasi pas de suivi, et guère non plus de conseils. Ce qui est en revanche inscrit dans le marbre, c’est que dans notre pays, il est interdit aux futurs parents d’opter pour un don de sperme provenant d’un donneur inconnu mais traçable.

Concrètement, cela veut dire que toute personne souhaitant avoir un enfant par le biais d’un don doit soit faire appel à un donneur de son entourage, soit opter pour un donneur totalement anonyme via l’hôpital, en sachant que celui-ci restera donc anonyme pour toujours. Cependant, la demande de donneurs traçables est très forte, tant de la part des enfants donneurs que des parents désireux d’avoir un enfant de cette manière.

Une question qui a aussi été récemment à l’ordre du jour aux Pays-Bas, en raison des nombreux scandales impliquant des médecins spécialistes de la fertilité qui utilisaient leur propre sperme avec des patients. Les dons anonymes y sont donc interdits depuis 2004″. En attendant une législation similaire en Belgique?

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