Société: ce qu’on retiendra de l’année 2022
Phénomènes de société, hashtags bien sentis, anniversaires importants et autres ont rythmé cette année 2022. On revient sur ce qui a fait couler de l’encre cette année encore.
Février
1/10
L’endométriose touche 1 femme sur 10 et peut entraîner des douleurs extrêmes et l’infertilité. C’est pourquoi la France est le premier pays d’Europe à élaborer un plan d’action national contre la maladie. Le président Macron estime qu’il ne s’agit pas d’une « maladie des femmes, mais de notre société tout entière ». Il débloquera, entre autres, 20 millions d’euros pour la recherche scientifique, afin de travailler sur les causes de cette pathologies, encore inconnues, et ainsi l atraiter de façon adéquate. D’autant qu’à l’heure actuelle, il faut en moyenne sept ans pour qu’un diagnostic soit posé. Selon les experts, notre pays a également besoin d’un tel plan d’action.
Une question de genre
La vidéo a rapidement fait le tour de la toile en l’embrasant. On y découvrait le mannequin et influenceur non-binaire Haron Zaanan attablé au Drug Opera, à Bruxelles. Les épaules dénudées. Iel portait une robe bustier ce qui n’a pas semblé au goût du responsable de l’établissement qui lui a demandé de se couvrir les épaules. Une attaque ouvertement transphobe selon Haron qui a filmé toute la scène avant de quitter l’établissement. « Ce n’est pas parce que le responsable m’a dit que ce n’était pas une question de genre que ça ne l’est pas. Et justement ça l’est », avait-iel estimé après les faits.
Mars
Ça claque
Il y avait le coup de boule de Zidane, il y a maintenant la gifle de Will Smith. Lors de la cérémonie des Oscars, l’acteur a littéralement pété les plombs devant les yeux médusés du monde entier. La scène s’est passée si vite que, l’espace d’un instant, on a pu croire que cette baffe à Chris Rock constituait un petit sketch. La violence du geste nous a bien vite ramenés à la réalité : la vanne de Rock sur la femme de Smith n’est pas passée. Et les excuses de l’acteur n’ont rien changé – le mal était fait et son image écornée.
Happy smileday
Tout le monde connaît la petite frimousse jaune aux yeux ovales et à l’immense arc de cercle en guise de sourire. Il semblerait que le fameux smiley ne prenne pas une ride. Inventé par un journaliste français, il a en effet soufflé ses 50 bougies ! C’est donc avec la banane que l’on a souhaité un joyeux anniversaire à celui qui se décline désormais sous une pléthore d’équivalents et pullule dans nos conversations SMS.
Avril
188 minutes
C’est le temps que passerait un Belge sur son smartphone depuis le début de la pandémie, selon une étude de Digimeter. Parmi les raisons qui nous pousseraient à rallonger notre besoin de nous échapper dans les mondes digitaux pour y choisir nos propres contenus (musique, vidéo, jeux…) : le défilé incessant d’infos anxiogènes… à la télé.
Mai
Du neuf dans le dico
Parmi les mots nouveaux qui ont fait leur entrée dans les éditions 2023 d’un côté du Larousse et de l’autre du Petit Robert, on pointera le nom propre grossophobie – soit une attitude hostile, moqueuse et/ou méprisante, voire discriminatoire, envers les personnes obèses ou en surpoids – et le pronom personnel iel utilisé pour évoquer une personne quel que soit son genre. De quoi aider à dessiner les contours d’un monde plus inclusif encore.
Tata tunnel
C’est Annie Cordy, décédée en septembre 2020, qui a été élue pour rebaptiser le tunnel Léopold II, à Bruxelles. Certains diront que c’est un bien piètre hommage à la chanteuse – un nom de tunnel, bof – d’autres souligneront l’absurdité de remplacer une figure du colonialisme par l’interprète de Cho Ka Ka O, chanson accusée aujourd’hui de véhiculer des clichés racistes. Et les deux fresques souterraines de 2,5 kilomètres de l’artiste Charlotte Beaudry représentant des femmes et mettant en avant la multiculturalité de la capitale ne changeront rien à la polémique… Ne reste que les bouchons pour espérer les admirer.
Espèce menacée
Si on estime la réussite d’une œuvre aux émotions qu’elle suscite chez ses spectateurs, alors le We Walked the Earth imaginé par Uffe Isolotto pour le pavillon danois de la Biennale de Venise, en mai dernier, est un franc succès. Fascination, mélancolie, incompréhension, surprise, désespoir, dégoût… Il y a quelque chose d’un opéra silencieux dans le spectacle de ces trois centaures menacés par le monde dystopique qui les entoure. Une allégorie de la condition de l’espèce humaine et de la planète qui l’abrite? L’artiste y voit plutôt une manifestation d’un Zeitgeist contrarié, entre idéalisation d’un retour à une vie plus simple d’un côté, et velléités de coloniser l’espace de l’autre. Les visiteurs du pavillon, eux, auront interprété la création chacun à leur manière: c’est ça, aussi, le propre de l’art.
Juin
#wegodowntogether
De l’accueil à l’aéroport à l’hébergement, les TikTokeurs du monde entier se mobilisent pour proposer leur aide aux Américaines qui ont besoin d’avorter mais ne peuvent plus le faire légalement dans leur État d’origine depuis l’annulation de l’arrêt historique Roe vs Wade. L’avortement n’est toutefois jamais mentionné explicitement. Au lieu de cela, les internautes évoquent une « excursion en camping » ou une « dégustation de vin », autant d’exemples d’algospeak ou de messages codés pour passer outre la modération sur les réseaux sociaux. Autre point commun aux vidéos : le hashtag #wegodowntogether (NDLR: Si on tombe, on tombe ensemble), extrait de la chanson Paris des Chainsmokers.
Aout
Quiet Quitting
Un buzz qui s’est transformé en cacophonie à l’écho d’autant plus surprenant aux quatre coins de la planète que le principe même est de le faire de manière insoupçonnée. Faire quoi? Démissionner, mais mentalement uniquement, et en douce, en s’acquittant du minimum syndical au travail, sans une once d’effort ou d’enthousiasme de plus que nécessaire. Une tendance qui a depuis franchi la frontière professionnel-privé et s’appliquerait désormais également aux relations amoureuses. Si votre partenaire s’y adonne, n’hésitez pas: donnez-lui son C4.
#whitegaze
Annie Leibovitz est connue internationalement pour ses portraits de célébrités. Chargée de photographier pour Vogue la nouvelle juge de la Cours suprême américaine, Ketanji Brown Jackson, elle a pourtant vu ses images vertement critiquées sur les réseaux sociaux, ses détracteurs la disant incapable de photographier les personnes noires. Pointés ici un problème de maîtrise de la lumière mais pas que, la mise en scène au pied de la stature d’Abraham Lincoln projetant implicitement l’ombre du “sauveur blanc”. Ce n’est pas la première fois que la photographe se fait accuser de “white gaze” – soit le fait de regarder une personne noire au travers de son filtre de blanc. Ses photos de Viola Davis, Serena Williams voire même Rihanna ont déjà fait l’objet de vives critiques par le passé.
Septembre
Char…rie pas !
On s’en souviendra de cette conférence de presse du PSG durant laquelle l’entraîneur Christophe Galtier, interrogé sur la polémique des déplacements de son équipe en jet privé, a envisagé l’idée de voyager… en char à voile! Ce qui a bien fait rire dieu Mbappé. Et avaler de travers le reste des footeux un brin conscientisés… qui n’étaient d’ailleurs pas au bout de leurs surprises pour 2022.
#greyhairdontcare
Avec ce hashtag, de plus en plus de femmes affichent sur les réseaux sociaux leur choix d’assumer sans culpabilité leurs cheveux gris. Des célébrités comme Andie MacDowell osent imposer le “grey glam” sur tapis rouge. Mais il semble que cela passe moins bien à la télévision. Au Canada, la présentatrice Lisa LaFlamme, 58 ans, aurait été virée de l’antenne pour avoir décidé de ne plus colorer ses cheveux.
Dans les profondeurs
Une sirène ? Ça ne semble gêner personne, à moins qu’elle ne soit de couleur noire, apparemment. Car lorsque Disney diffuse la première bande-annonce du remake de La Petite Sirène, le choix d’une actrice racisée suscite sur la Toile de nombreux commentaires racistes de la part d’internautes prétendant qu’il ne s’agit pas d’une bonne représentation de l’héroïne de leur enfance. Toutefois, les vidéos réconfortantes de petites filles noires émerveillées qui se reconnaissent dans la princesse prouvent que l’approche de plus en plus inclusive de Disney est une avancée notable.
Octobre
Puissant hashtag
Il y a cinq ans, un véritable tsunami déferlait sur la Toile: #MeToo. Profond mouvement de libéralisation de la parole à propos des violences sexuelles subies par les femmes, il a ébranlé le patriarcat, signé une profonde onde de choc féministe et, surtout, un changement de taille : la honte a changé de camp. Cinq ans plus tard, le chantier reste immense, mais le chiffre, aussi écoeurant soit-il, est aussi un signe encourageant: pas moins de 53 millions de copies de ce hashtag ont déjà surgi à travers le monde.
Novembre
#Onelove
En marge d’une Coupe du monde qui n’aura cessé de faire couler de l’encre et accompagnée d’une performance des Diables catastrophique, un brassard coloré aura notamment attiré l’attention du grand public. L’accessoire aux couleurs de l’arc-en-ciel, censé être porté par les joueurs en soutien à la communauté LGBTQIA+ déclarée persona non grata au Qatar, s’est vu interdit par la Fifa elle-même. Ce qui n’a pas découragé notre ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib à l’arborer médiatiquement en tribune.
Bye bye (blue) birdie
Le nouveau CEO de Twitter, Elon Musk, annonce que le badge bleu de certification des comptes coûtera désormais 8 euros par mois. Ce qui signifie qu’il faudra dorénavant payer pour assurer au grand public que son compte est véridique. La conséquence ? Un pur chaos. Des milliers d’utilisateurs et d’employés de Twitter quittent le navire en perdition. La fermeture du bureau bruxellois est annoncée, “suite au départ de deux employés clés”. Le milliardaire poursuit sur sa lancée et réhabilite Kanye West sur le réseau, celui-ci ayant vu son compte suspendu pour propos antisémites. Nouveau bannissement cependant, en décembre, du rappeur pour incitation à la violence. Le début de la fin pour le petit oiseau bleu?
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