Le crush, un truc d’ados? « Il n’y a pas d’âge pour avoir un petit béguin » affirme une sexologue
Les ados d’aujourd’hui ne sont plus en couple, ils ont un crush, qui peut disparaître aussi vite qu’il a enflammé leurs coeurs. Une tendance réservée aux jeunes? Pas forcément – et même si on est heureux en ménage et qu’on « n’a plus l’âge », on n’est pas forcément immunisé…
Si le crush peut sembler être un «truc de jeunes», pourquoi les adultes n’auraient-ils pas le droit de se prendre de passion (à distance) pour une autre personne? La sexologue liégeoise Sarah Denis, alias @histoires_singulieres, digital native et donc bien au fait des nouvelles manières de s’aimer, nous donne son avis et répond aux questions que peuvent se poser parents et autres adultes quelque peu largués par les nouvelles manières de relationner.
Les adultes sont-ils aussi concernés par le crush?
« Fantasmer sur une personne pour s’évader du quotidien, avoir un intérêt pour quelqu’un sans vouloir plus, ou explorer une relation sans contraintes ni attentes sont autant de façons pour les adultes de vivre un crush. Toutefois, trop souvent, derrière le discours «je ne veux pas me prendre la tête, vivons au jour le jour», se cache un manque d’intérêt pour une relation amoureuse sérieuse, sans oser l’admettre. Cela peut conduire à une situation où l’une des parties profite des avantages de la relation sans s’engager pleinement, au détriment de l’autre: à partir du moment où l’une des personnes ressent le besoin de définir la relation pour se sentir en sécurité et que cela correspond à ses aspirations, l’autre doit être honnête » pointe Sarah Denis.
Si on ressent un petit béguin mais qu’on est déjà en couple, c’est grave?
« Nous sommes humains. Nous avons besoin de nous sentir en lien, de nous connecter avec les autres, de nous sentir vus et reconnus. Nous sommes attirés par ce qui est neuf, ce qui nous fait fantasmer et nous donne une sensation d’excitation dans le ventre. Il est logique que l’on puisse ressentir une attirance pour d’autres personnes que notre partenaire. Cela ne signifie pas forcément qu’on n’est pas épanoui.e dans notre relation, qu’on n’aime plus l’autre ou qu’on va passer à l’action avec ce crush » rassure la créatrice d’Histoires Singulières.
Faut-il parler de ce dernier à sa tendre moitié?
« J’invite les personnes concernées à se demander si elles veulent le révéler parce que cela va profiter à leur couple et faire évoluer certaines choses ou bien si c’est pour soulager leur culpabilité éventuelle. Dans le premier cas, cela peut être intéressant de se demander ce que le crush nous apporte, quelle part de nous s’autorise à rêver, à s’exprimer avec ce crush pour insuffler cela dans notre couple » suggère la thérapeute liégeoise.
Les jeunes ont-ils quelque chose à nous enseigner?
« Cette génération remet en question, et c’est salutaire, les schémas traditionnels entourant les relations amoureuses. Les jeunes ne rejettent pas nécessairement ces schémas, mais aspirent à ne plus s’y sentir contraints par la pression sociale. Ils souhaitent décider de ce qui leur convient. Il est essentiel de prendre régulièrement le temps de se poser des questions » rappelle la sexologue.
« J’encourage donc les adultes à suivre l’exemple des ados et à ne pas laisser les attentes sociales dicter leurs choix. Nous avons le droit de vouloir le schéma mariage-maison-bébé, de ne pas être en couple et d’avoir des multiples partenaires occasionnels ou encore des relations amoureuses avec plusieurs personnes en même temps (de manière consentie évidemment). Cela peut être difficile de s’affranchir des normes, mais nous pouvons commencer par cultiver la curiosité au cœur de nos interactions » encourage encore Sarah Denis.
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