Stéphanie Ngalula Mukadi (32 ans)

Isabelle Willot

Activiste féministe décoloniale

Pouvez-vous nous rappeler ce qui est à la source de votre engagement ?

Je me définis comme une militante des luttes intersectionnelles. Je suis une femme, belge, afro-européenne, issue de la classe moyenne. Il existe une profonde et intime interdépendance entre ces états de fait. Dans un système néolibéral dans lequel la vie de beaucoup de gens se retrouve broyée, cette interdépendance peut être la source de profondes inégalités.

Est-ce à dire que le fait colonial est aussi vécu différemment, comme amplifié même, lorsque l’on est une femme ?

On décrit souvent la colonisation comme l’accaparement dans la violence des terres et des sols. Mais on oublie de parler de l’accaparement des corps et des images profondément ancrées dans l’imaginaire collectif qu’il génère. Lorsque vous êtes une femme noire, les autres projettent sur vous toute une série de préjugés positifs ou négatifs qui conditionnent la manière dont ils ou elles vont interagir avec vous comme si la femme noire et africaine correspondait à un archétype unique.

Que peut-on faire concrètement pour faire bouger les mentalités?

Ce qui me meut aujourd’hui, c’est l’envie de construire un socle de valeurs communes à notre société qui respecte et honore chaque Belge. C’est une question de dignité humaine. Tout passera par l’éducation. Et le plus tôt possible car dès le plus jeune âge un enfant racialisé prendra conscience que le monde qui l’entoure est plus favorable à ses camarades qui ne le sont pas. Le fait colonial est encore trop ignoré.

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