Adeline Blondieau

Après mille et une aventures, la comédienne et scénariste Adeline Blondieau signe une BD en duo avec le dessinateur belge Bernard Swysen. Drolatique regard sur les manies des mamans à la sortie de l’école. Ça sent le vécu !

Petite fille vous rêviez de…
L’univers du spectacle. Je divertissais la famille en me mettant constamment en scène. L’écriture faisait également partie de ma vie. J’espérais mener une existence trépidante, à 100%. Mon père a refilé ce tempérament passionné à ses trois enfants. Ma mère nous a plutôt responsabilisés et encouragés à toucher à tout.

Premiers boulots?
Dans mon école de bonnes soeurs, on n’avait pas droit aux oreilles percées. Alors, j’ai vendu une version autocollante, très convaincante (rires). L’important étant de ne pas arnaquer mes pairs. Ensuite, j’ai cumulé les boulots de barman, serveuse ou babysitter. Comme j’avais une bonne bouille, j’ai été repérée comme mannequin.

Etes-vous consciente de votre beauté ?
Ça va mieux, mais je ne me trouve pas spécialement jolie. Ma mère m’a appris qu’on naît avec un esprit : mieux vaut miser là-dessus que sur le physique. Ceux qui font l’inverse m’intriguent…

Séductrice ?
Je ne me suis jamais posée en tant que telle, si ce n’est par jeu ou pour voir comment les hommes fonctionnent.

Votre vision de la mode?
Ce n’est pas fascinant en soi, mais en tant qu’esthète, j’aime les belles matières. Je suis plus branchée cachemire que dernier cri. Même si j’ai un style et que j’aime en jouer, je préfère le magazine Lire au Elle.

Quel est ce style ?
Un peu vintage. J’ai de vieilles bases, mais il y a des moments où j’ai envie d’être ultraféminine. J’oscille entre l’hyper casual et le très sexy.

Créateurs préférés?
John Galliano, pour son panache et son côté fantasque. Sinon, je suis fan de plein de petites marques. Comme j’aime voyager, je ramène des créations d’Inde, de Chine ou de Mongolie. Cela me permet d’avoir un style original et décalé.

Votre dada ?
Les chaussures, j’en ai des dizaines ! Dans mon armoire, mes chaussures d’escalades cohabitent avec une paire à talons hauts de Todds ou une paire, Dolce & Gabbana, en reptile rouge (rires).

Comment entretenez-vous votre corps ?
En le respectant. Je fais attention à mon alimentation et je ne fume pas, mais cela ne m’empêche pas de savourer un bon vin ou un chocolat, minimum 70%. J’adore aussi le sport. Alors dès que j’ai un coup de blues, je fais de l’escalade, du vélo ou de la course à pied. Depuis que j’ai un nouveau coach, je fais 40 km de VTT !

Vous avez la passion des…
Voyages. J’aime partir en n’ayant qu’une destination, un billet d’avion et un sac à dos. Comme j’adore me perdre dans les paysages et les rencontres, je préfère dormir chez l’habitant (par exemple dans les yourtes en Mongolie) que dans un cinq étoiles. Partir loin me nourrit et remet mes pendules à l’heure.

Que vous a apporté la série Sous le soleil ?
Cette belle expérience m’a permis de me faire des amis, alors que ce n’est pas évident dans ce métier. Mais n’exagérons rien, nous n’avons sauvé personne !

Etre comédienne c’est…
Une façon intéressante de communiquer ses émotions. J’ai commencé très jeune, en montant des spectacles à l’école ou avec des potes. Même s’il valait mieux décrocher mon Bac, j’espérais que ce métier me soit accessible un jour. N’est-ce pas ludique et excitant de se glisser dans la peau d’une autre ?

Comme qui ?
Comme la psy disjonctée, que j’incarne dans le programme pilote Divin Divan, visible sur mon site internet www.adelineblondieau.com. Elle est tout l’inverse de moi (rires) !

Auriez-vous aimé être psy ?
C’est un métier qui m’aurait plu, car je suis férue de psychologie. Les limites entre la normalité et la folie, le talent et la fragilité sont parfois inexistantes. Cela m’a interpellé en lisant la vie de Camille Claudel.

Vous préférez être devant ou derrière la caméra ?
Je rêve de faire la mise en scène d’un one man ou one woman show. Coacher un comédien, afin de réaliser un travail sur mesure me semble idéal. Ça me plairait de « modeler » un matériau humain, devenir son filet et me rendre disponible pour lui. En BD, j’aime pousser un dessinateur au bout de son talent.

Qui vous a donné le goût de la bande dessinée ?
Mes parents. Ma mère nous en lisait et mon père les collectionnait. La BD est un premier pas vers la littérature.

Que pensez-vous de la BD belge ?
C’est un must. Je suis très attachée à ce pays, dont mon grand-père est originaire. Chez les Belges, j’apprécie la folie, la joie et la fantaisie !

Pourquoi avoir imaginé cette série sur la sortie d’école ?
Parce que ce microcosme se prête aux grincements de dents, tout en comprenant tous les panels parentaux : célibataires, traditionnels, recomposés, décomposés. Toutes ces mères, agglutinées devant la porte, qui se bousculent pour retrouver leur enfant chéri, m’amusent. C’est d’un non-sens (rires).

Etes-vous branchée potins ?
A mon corps défendant, j’avoue que je le suis de temps en temps, mais c’est aussi une plaie à fuir. Je suis plus branchée sorties d’affaires, expos à voir, jeux vidéo et librairies.

Etre une mère célèbre, avantage ou inconvénient ?
Avantage quand il s’agit de convaincre la directrice de faire un court-métrage à l’école. Mais quand c’est mon fils qui trinque, c’est rageant ! Il n’a pas à être victime de la vie que j’ai choisie.

Que veut dire mener « une vie non conventionnelle » ?
La vie est si passionnante que j’aime parfois transgresser les règles pour mieux l’apprécier. J’ai déjà fait sécher l’école à mon fils pour qu’il puisse faire du cirque ou assister à mes cours de pilotage. Sur le fil, mon père prenait des libertés avec le quotidien pour qu’il soit différent. Ces expériences, hors norme, sont un privilège pour les enfants.

Maman poule ou maman cool ?
Maman poule, même si les règles établies sont importantes à respecter. J’essaye de responsabiliser mon fils en ne me mêlant pas trop de ses histoires. Bien qu’on parle beaucoup, c’est à lui de les gérer. Tout en étant là pour lui, je veux le rendre responsable et autonome pour qu’il puisse se construire ses propres goûts.

Quel lien entretenez-vous ?
Mon fils est un cadeau en soi ! Nous avons la chance de partager une grande complicité. Comme nous avons tous deux la fibre artistique, nous possédons un espace de création, où nous nous amusons à refaire sans cesse la déco. A 9 ans, il est ma source d’inspiration. Il apparaît d’ailleurs dans cette BD avec une coiffure pas possible. Avec moi, il se sent à l’aise pour poser des questions. Pour l’instant, nous abordons la sexualité.

Que signifie l’amour pour vous ?
Tout le monde en rêve, or c’est quelque chose qui peut être tangible. On a tous cru au Père Noël qui n’existe pas, mais parfois, on a droit au grand amour. C’est un coup de bol qui n’est pas à la portée de tous. Cette véritable aventure transforme la vie quotidienne.

Prochain projet?
La suite de cette série et une nouvelle BD, autour des « Plans drague au féminin ». Dignes des hommes, les femmes sont désormais des chasseuses, capables de jeter un mec comme un kleenex. Mais parallèlement, elles aspirent toujours au grand amour. Cette fois, je vais travailler avec une dessinatrice. J’ai déjà commencé à récolter des anecdotes autour de moi. Je cours, tous les matins, avec mon chien, un copain homo et une copine hétéro pour varier les points de vue. Avec l’écriture, tout devient un terrain d’observation.

L’humour, c’est…
Une qualité qui tient plus de l’enfance et de l’humanité. C’est par le biais de l’humour qu’on peut désamorcer plein de choses, prendre du recul, dédramatiser. Je le conçois comme un mode d’expression. Et puis, cela permet d’accéder à l’autodérision qui est salvatrice. Il y a tant de raisons de se laisser aller aux coups durs et aux drames… Les moments de rire sont si précieux qu’il faut en profiter au maximum.

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

L’heure de la sortie, par Adeline Blondieau & Bernard Swysen, Bamboo, 46 pages.

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