Au revoir, Monsieur Yves…

Le célèbre couturier Yves Saint Laurent nous a quittés le 1er juin 2008.

Yves Saint Laurent, décédé ce 1er juin, à l’âge de 71 ans, restera l’un des couturiers majeurs du 20e siècle pour avoir « donné le pouvoir » aux femmes en imposant une nouvelle garde-robe, où l’ultra-féminin se mêle au masculin, la haute couture au tailleur-pantalon.

Yves Saint Laurent, qui a créé sa maison de haute couture au tout début des années 60, a rajeuni les codes de la couture et créé son style, basé sur la nécessité d’adapter le vestiaire des femmes à leur époque: tailleur-pantalon, caban, saharienne ou smoking, une de ses pièces fétiches.

Chanel « a libéré les femmes, ce qui m’a permis des années plus tard de leur donner le pouvoir », aimait à dire le « prince de la mode » qui a voulu également « les accompagner dans ce grand mouvement de libération que connut le siècle dernier ».

Né le 1er août 1936 à Oran (Algérie), Yves-Mathieu Saint Laurent arrive à Paris à l’âge de 17 ans, ses croquis sous le bras. Un an plus tard, il devient l’assistant de Christian Dior, le couturier le plus célèbre du moment, et simplifie son nom en Yves Saint Laurent. Le décès brutal du maître en octobre 1957 le propulse directeur artistique. Dès son premier défilé, le 30 janvier 1958, les clientes et la presse s’enflamment pour le jeune couturier, myope et timide qui se cache derrière de grandes lunettes, et pour ses créations. Sa ligne « Trapèze », en rupture avec les tailles de guêpe de l’époque, fait un triomphe.

En 1960, Yves Saint Laurent est appelé sous les drapeaux mais réformé pour raisons de santé. Il fait une dépression nerveuse. Entre-temps, la maison de l’avenue Montaigne l’a remplacé par un autre créateur, Marc Bohan. Saint Laurent ouvre sa propre maison en 1961, au 30 bis rue Spontini à l’orée du Bois de Boulogne puis au 5 avenue Marceau, avec l’aide de Pierre Bergé, qui va jouer un rôle essentiel dans sa vie, privée et professionnelle: au premier la création, au second la gestion.

La griffe sera rachetée une première fois en 1993 par Elf-Sanofi puis en 1999 par le groupe Gucci (filiale de PPR). Seule la haute couture dessinée par M. Saint Laurent restait au 5 avenue Marceau avant l’arrêt de l’activité en 2002. Champion du dépouillement des lignes, le couturier pour qui le noir est « refuge », deviendra aussi un maître du jeu des couleurs.

Féru de peinture et grand collectionneur, il a souvent parlé de sa passion en transposant des tableaux en modèles de robes ou de vestes: Mondrian (1965), Picasso (1979), Matisse (1981) ou Van Gogh (1988). Les voyages seront une autre de ses inspirations (Afrique en 1967, Russie en 1976, etc..). En 1971, c’est le « scandale » avec sa collection « 40 », en référence aux années noires de la guerre qui ne passe pas auprès d’une des plus grandes chroniqueuses américaines. La même année, Saint Laurent pose nu sur les publicités pour le lancement de son parfum « Homme ». Six ans plus tard, il lance « Opium », autre scandale, autre triomphe.

Parallèlement, ce passionné d’opéra et de théâtre, dessine des décors et des costumes pour des pièces ou des spectacles signés Edmond Rostand, Marguerite Duras, Jean Cocteau ou Roland Petit. « Yves a magistralement écrit une des plus belles pages du génie français. Cela devrait le rendre heureux. Mais le croire serait ignorer que la création célèbre toujours les noces du talent et de la souffrance », écrivait Pierre Bergé en 1996.

Lors de ses adieux en 2002, Yves Saint Laurent avait avoué avoir connu dans sa vie « la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquilisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé ». Devenue une Fondation en 2004, la maison organise depuis des expositions et abrite 5.000 des créations du maître ainsi que plus de 15.000 dessins, croquis et objets divers.

F.B. avec Belga

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