Décrypter les dessins d’enfants

Léa, 4 ans : "Une petite fille qui pense beaucoup (ou en tout cas qui pensait beaucoup le jour où ceci a été fait), vu la taille disproportionnée de la tête. Il y a beaucoup de rouge témoignant d'une force vitale. Peut-être doit-elle dès lors investir plus d'énergie à construire son corps", explique Diane Drory, psychologue et psychanalyste. © DR

Un crayon à la main, les kids s’expriment autant, si pas plus, qu’avec des mots. Mais comment comprendre leurs oeuvres ?

Il ne suffit pas d’avoir un dessin devant les yeux pour pouvoir en déduire la personnalité, les états d’âmes ou le niveau intellectuel de son concepteur. C’est que, comme le souligne Roseline Davido, auteure de La découverte de votre enfant par le dessin (Le Livre de Poche),  » pour qu’une interprétation soit fondée, il est essentiel de connaître l’enfant, ainsi que son contexte socioculturel. Il est surtout important de l’observer au travail, de noter ses hésitations, son attention ou son inattention, les histoires qu’il y associe.  » Loin de nous donc l’idée de donner une grille d’analyse pour décoder au millimètre les oeuvres de nos prolifiques têtes blondes. Nous nous limiterons ici à quelques clés de lecture… A n’utiliser que dans une réflexion d’ensemble, cela va sans dire.

Les couleurs

 » Le contour parle de notre façon de nous représenter les choses ; les couleurs soulignent nos émotions « , synthétise Diane Drory, psychologue et psychanalyste. Ainsi, le rouge témoigne, surtout s’il dépasse des contours, d’un manque de contrôle émotionnel. Une dominante de vert et bleu correspond à un comportement plus maîtrisé, cette dernière teinte symbolisant aussi la mère. Le jaune, par contre, évoque le père et l’autorité. Le noir est signe d’angoisse… L’extraverti utilise des tons chauds à profusion et l’introverti se limite à une palette réduite de teintes froides. L’absence de couleurs, enfin, peut découler d’un manque affectif… ou de pudeur, chez les pré-ados.

La géométrie

Selon l’auteure de La découverte de votre enfant par le dessin, la partie gauche de la feuille correspondrait au passé et la partie droite, à l’avenir. Le centre serait à la fois le présent et le  » moi « . Les lignes courbes dévoileraient une haute sensibilité et les brisées quelqu’un de plus réaliste et plein d’initiative. Une trop grande importance donnée à l’horizontale montrerait une crainte de projeter son énergie et une volonté de se brider. La préférence pour des petits points et taches soulignerait un caractère méticuleux… ou des problèmes affectifs.

Les personnages

Quand un mouflet réalise un bonhomme, c’est lui-même qu’il esquisse tel qu’il se sent et cela ne démontre donc en rien sa bonne connaissance du schéma corporel.  » C’est la manière dont il vit son corps, ce n’est pas la représentation exacte de celui-ci, avertit Diane Drory. S’il ne se met pas de pieds, c’est qu’il est peu autonome, mais il sait très bien qu’en réalité, il en a !  » Certains signes peuvent être analysés, comme la taille : un gosse qui se schématise gigantesque se sent démesurément important, mais cache peut-être aussi un sentiment d’infériorité. Celui qui se voit minuscule pourrait avoir besoin d’être revalorisé.  » L’enfant habille ses personnages comme il le désire et les déprécie ou valorise selon ses sentiments profonds « , ajoute Roseline Davido.  » Plus le personnage est détaillé, avec des poches ou des boutons par exemple, et plus le petit le considère comme important pour lui, positivement ou négativement « , observe Diane Drory. Le sexe est lui rarement explicitement montré. Par contre, des accessoires tels qu’une ceinture ou un bâton identifient clairement l’homme et ses attributs.

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Retrouvez d’autres clés de lecture pour mieux comprendre les dessins d’enfants dans Le Vif Weekend Spécial Kids de ce 22 août 2014

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