Fashion Week Paris, Dior au jardin

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Dites-le avec des fleurs. Raf Simons pour Christian Dior réinvente la maison et badge sa tribu de femmes-fleur.

Christian Dior aimait les fleurs. Mais avant de plonger dans ce bain de nature, dans les jardins du Musée Rodin, Il faut d’abord réussir à fendre la foule qui se presse, pour regarder, mais quoi ? Les stars de la mode, les stars tout court, les clientes russes de Dior, les lookés qui pratique l’art de se faire streetstyler, les bloggeurs qui les clichent, les badauds qui dégainent leur téléphone, fonction appareil photo, ceux qui voulaient visiter le musée et qui ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas entrer, ils ont traversé l’Atlantique, c’était aujourd’hui ou pas, quelle misère. Fouler ensuite le tapis, traverser le hall d’entrée, repeint de gris souris aux couleurs de la maison, arriver dans le jardin, devant un mur luxuriant de végétaux, qui pourrait faire croire que l’on est à la porte du paradis. Entrer dans le lieu – des échafaudages sur lesquels grimpent lierre et autres plantes, jusqu’au plafond qui laisse passer le soleil et d’où toute cette flore dégouline, orchidées tête à l’envers, espèces exotiques, vraies et fausses mélangées, ça en jette, avec effet surréaliste et tension entre le romantique et le vénéneux.

Christian Dior aimait les fleurs. Raf Simons (ré)invente donc une femme-fleur, mieux une escouade de femmes-fleurs. A rebours. C’est le postulat qu’il décrit ainsi :  » Cette saison, j’ai voulu donner le sentiment d’un groupe de femmes singulier, une tribu nouvelle et différente composée de femmes à la fois sophistiquées et sauvages. Je voulais qu’on ne sache pas exactement d’où viennent ces femmes, ni où elles vont, mais qu’elles existent dans un espace en mutation, où tout semble possible.  » D’où l’hybridation, avec  » nouvelle unité de couleurs, de codes et de façons de penser le vêtement « . C’est que Raf Simons s’enhardit. Et s’attaque à la veste Bar, la coupe à la taille, l’ajuste sur un short d’où dépasse un plissé.  » Je voulais, écrit-il, changer la nature même des choses : que la mode puisse exister comme un champ des possibles, de prises de risques et de changements.  » Très logiquement, lors du final, le Belge montre ce que l’on peut faire avec le passé, le présent et le futur, soit un chapelet de femmes badgées , qui affichent l’insigne de leur tribu Christian Dior/Raf Simons et déclinent la silhouette emblématique de la maison revue et corrigée par un créateur très à l’aise qui la préfère désormais en jacquard argenté parsemé de micro fleurs. Il était question de  » Transiter, transformer et transporter « . Pari tenu, en douceur, on n’est pas rock ‘n’ roll ici, comme chez certains.

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