Fifty shades of grey et plus si affinité

Qu’on se le dise, le ton de l’hiver 13-14 sera gris urbain dans le vestiaire masculin.

Bien sûr, il y a un peu de la saison qui veut ça. Une peu de cette interminable crise aussi qui n’encourage certainement pas les grandes démonstrations de couleurs. Si les premiers défilés de la fashion week milanaise doivent donner le ton de l’hiver 13-14, c’est au gris dans toutes ses nuances qu’il va falloir se fier.

Plus qu’une impression, c’était même le statement de la collection Zegna dont le nuancier s’approprie les tons de la nouvelle révolution industrielle, urbaine, où se mêlent l’asphalte, l’acier, le ciment et le granite illuminés par des touches de blanc ou de vert foncé. En marge des costumes sublimement coupés et des manteaux classiques, une vision plus casual de l’homme n’est pas oubliée, mettant en scène des  » gilets de sauvetage  » matelassés portés sous de gros lainages à capuchon ou des cabans souples comme du caoutchouc.

Gris toujours chez Corneliani où l’on n’a pas hésité à créer des effets de volumes en mélangeant différentes matières dans un même vêtement et où la maille, un brin canaille lorsqu’elle est portée comme ici avec des larges casquettes à la Gavroche, se taille la part du lion, osant même un motif tout en cercles interconnectés inspiré de fresques du palais ducal de Mantoue.

Si le noir reste le fil conducteur – un noir très sicilien comme toute l’ambiance du défilé – de la collection Dolce & Gabbana, il a ici un parfum de fifties, un temps où les pantalons se portaient ceinturés et taille (très) hautes et où les défilés s’appelaient processions comme le rappellent les tee-shirts et chemises à l’effigie de la Vierge Marie.

Chez Burberry, la vidéo de teasing montrant les préparatifs du show l’avait laissé deviner : on a bel et bien lâché les fauves avec des imprimés à taches et à rayures que Roberto Cavalli lui-même n’aurait pas reniés. Spottés en total look sur des trenchs courts, plus discrets sur les cols de vestes et les accessoires, on les retrouvera jusque sur les branches de lunettes solaires. Intéressant aussi, l’utilisation d’un caoutchouc translucide pour revisiter le classique de la maison. Un imper qui ne cache pas grand-chose vu aussi chez Les Hommes où la cape longue, très longue, a fait belle impression.

Si la journée a peu à peu repris de la couleur, elle s’est offert un vrai feu d’artifice chez Versace où tous les excès avaient droit de cité : un catwalk qui disait haut et fort  » même pas peur  » aux sous-vêtements en dentelle portés sous un manteau de fourrure, au bleu jeans servi dans toutes les matières, aux broderies dorées sur des complets gris. Gris oui, mais sérieusement dopé à la fantaisie.

Isabelle Willot

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