Geeks et chats, une (trop) grande histoire d’amour

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Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Pour l’expert en psychologie animale, René Zayan, posséder un chat est bénéfique pour diverses raisons, mais trop s’identifier à son animal de compagnie peut aussi conduire à des situations d’isolement et à des problèmes relationnels. Le point sur la situation alors que les « lol cats » continuent de fasciner dans la culture web.

Comment expliquez-vous cette fascination pour les chats qui perdure sur la Toile à travers des vidéos, des gifs animés ou des comptes Twitter?

« Les chats ont une grande curiosité et vivacité comportementale, ils sont souvent très souples et présentent une grande malléabilité, ce qui permet de créer des vidéos drôles qui les mettent en scène. Tout comme les visages de bébés vont susciter l’attendrissement, des bouilles de chatons auront le même effet, ils déclencheront chez l’homme une réaction instinctive de protection parentale. Tout se passe par le regard prolongé du chat qui en dilatant sa pupille exerce une forte séduction sur l’humain qui le regarde et provoque une contagion émotionnelle. Cette attirance, souvent irrésistible, est bien plus forte envers les chats qu’envers les chiens qui n’ont pas ce regard soutenu, c’est un mécanisme physiologique bien connu de séduction, comparable à un coup de foudre. »

On dit souvent que les « lol cats », ces chats rigolos, sont les « idoles » des geeks, pourquoi ?

« Le propriétaire de chat a souvent une âme d’artiste doué d’une grande intuition, il est souvent timide, solitaire, indépendant, énigmatique, parfois même un peu asociale. Certains maitres s’identifient cependant trop fortement à leur chat, ils se valorisent par procuration en pensant « regardez mon chat comme il est beau/rusé/élégant, il est tout à mon image ». Cette idolâtrie du félin est parfois révélatrice de problèmes relationnels voire, dans des cas extrêmes, de phobie sociale et peut conduire à des situations d’isolement, un comportement émotionnellement chaotique que l’on retrouve chez certains passionnés d’internet, des geeks reclus derrière leur clavier et réduits à vivre via leur compte Twitter. Cet attachement pour les chats peut alors être analysé d’une manière plus pathologique. L’animalisme définit d’ailleurs cette préférence pour la nature des animaux par rapport à celle des êtres humains, elle est assez typique de notre culture individualiste. »

A côté de ces aspects plus négatifs, quels sont les bénéfices de posséder un chat ?

«  Il a été prouvé que les propriétaires de chats avaient 36% moins de risques d’être victimes d’un infarctus. Le chat renforcerait ainsi le système immunitaire de celui qui vit au quotidien avec lui. Caresser un chat libère chez l’humain de la sérotonine, cette « hormone du bonheur » est impliquée dans la qualité de notre sommeil et de notre humeur. De plus, la présence d’un chat dans une famille permet de responsabiliser l’enfant en bas âge. Ce dernier lorsqu’il joue avec son animal de compagnie développe ses qualités motrices et son intelligence spatiale, le chat lui permet aussi d’acquérir un certain sentiment éthique, il pourra aussi le confronter à sa première expérience de deuil que les enfants appréhendent généralement vers l’âge de 7 ans. »

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