Jour 2: Collage en mode majeur

Avec Damir Doma et Dries Van Noten, le printemps-été 2013 sera sublime. Le mot est faible.

Il pourrait être belge – et c’est un compliment. Damir Doma, un peu plus de 30 ans, formé en Allemagne, à Munich et Berlin (1994) et chez Raf Simons à Anvers, construit son univers avec brio.

Sur un plancher sombre et une bande son signée Senjan Jansen, il a placé sa collection sous le signe de Max Ernst (1891-1976) qui dit ceci : « collage is the noble conquest of the irrational, the coupling of two realities, irreconcilable in appearance, upon a plane wich apparently does not suit them ».

Comment dire les choses autrement ? Car tout est là – de l’intention, du désir, de la réussite en trois dimensions de ces collages aboutis. S’il ne fallait prendre qu’un seul exemple, ce serait ce trench à dos gabardine qui laisse sans voix, parce que maîtrisé (proportions, volumes, couleurs, matières) mais sans rigidité aucune, tout, ici, palpite.

Ne s’arrêter qu’à une seule silhouette pourtant serait faire insulte aux autres, à ces jupes tenues par des bretelles à mousquetons, à ce top en cuir asymétrique devant/dos, à ce bermuda bi-face, à ce jumpsuit trompe-l’oeil, à ces pantalons androgynes à la fourche basse, à ces lunettes co-signées avec Mykita, en corne et parfaitement rondes, à ces recherches poussées à l’extrême mais jamais ennuyeuses. La mélancolie n’est plus, Damir Doma est bien vivant, vive le printemps.

Il est belge – et ça veut tout dire, ou rien, c’est selon. Dries Van Noten, un peu plus de 50 ans, formé à l’Académie d’Anvers (1981), traverse le temps, les crises, les modes avec sérénité.

Dans un garage de la rue de Vaugirard, le créateur anversois fait défiler son vestiaire magnifique. On connait son goût pour les collages, les tissus qui commencent ici et se terminent là, passant du carreau au motif fleuri, avec abstraction ou non. On sait sa passion de la recherche, du travail bien fait, des voyages imaginaires. On n’ignore rien de son chemin tracé minutieusement.

On croit être habitué et à chaque fois, c’est la surprise. Son printemps-été 2013 aime les chocs, dessus/dessous, devant/derrière. Il y a des fleurs, imprimées ou rebrodées avec luxuriance, des carreaux, carrément tartan, des motifs ska, du lurex. Il y a aussi de la mousseline, des ruchés, des volants, des escarpins argentés, des pantalons pyjamas et des peignoirs à revers.

Il y a enfin des superpositions de transparences, de volumes, un je ne sais quoi de contemporain faussement je m’enfoutiste, un peu grunge, vraiment féminin, voire féministe. Car si Dries Van Noten retrousse les manches des chemises de bucheron (mais en mousseline) que portent ses modèles, ce n’est pas seulement pour faire joli.

A.F.M.

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