Delphine Kindermans
La crise de la quarantaine et le syndrome de Princess Pan
Ses héros abordaient la vingtaine et tous ses possibles dans L’Auberge espagnole, la trentaine et ses prémices de stabilisation dans Les Poupées russes ; Cédric Klapisch se devait de boucler sa trilogie avec la quarantaine et ses doutes existentiels.
C’est chose faite avec Casse-tête chinois, actuellement à l’affiche, où l’on voit Romain Duris et ses potes se dépatouiller tant bien que mal avec des questions faisant intervenir famille recomposée, enfants, homoparentalité… mais aussi avec les affres de la mondialisation et autres difficultés inhérentes à la société d’aujourd’hui. Ce qui fait dire au personnage de Xavier : « Avant je trouvais que ma vie c’était pas simple, et là maintenant je me rends compte, ben… que ma vie avant c’était super simple. »
Pour lui comme pour chacun d’entre nous, un jour ou l’autre, c’est l’heure du premier bilan, qui peut se traduire par ce que les Anglo-saxons appellent une « midlife crisis », souligne Marie Andersen, psychologue clinicienne.
Même si cela n’implique pas systématiquement une remise en question de ce que l’on a construit jusque-là, c’est un passage obligé – une longévité accrue et une adolescence qui commence plus tôt pour se terminer plus tard nous le feraient presque oublier. Un point d’inflexion, peut-être plus compliqué à appréhender pour les quadras d’aujourd’hui, coincés entre la génération des baby-boomers pas pressés de laisser le champ libre aux suivants et celle des « Y », nés après la révolution Internet, hyperconnectés et donc omnipotents.
Si l’on ajoute à cela une valorisation incessante de la jeunesse, dans la pub, à la télé ou dans les médias en général, on comprend mieux ce syndrome de Peter Pan théorisé dès les années 80 par le psychanalyste Dan Kiley. D’abord réservé à la gent masculine, le concept se décline désormais en version girly ; outre-Atlantique, on surnomme déjà ces femmes qui refusent de vieillir les « princess pan ». Leurs cicérones ? Une Cameron Diaz semblant, du haut de ses 41 ans, prête à tout pour rester la Mary à tout prix de ses 26 printemps ou une Mademoiselle Agnès osant sans complexe le short ou le tee-shirt sans soutif à 45.
Avec, sous-jacent, un effet pervers : à trop tirer sur la corde du jeunisme, on finit par passer pour un vieux con. Qu’on soit né fille ou garçon.
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