La récup’ apporte du cachet à chaque projet: la preuve par 4

N°1 - Travail en profondeur © SDP MAMOUT - GUY-JOËL OLIVIER

Non seulement ils coûtent cher, mais les matériaux de construction se font rares également. Et si on les récupérait? Voici quatre projets qui prouvent que la réutilisation n’a pas à se cacher.

N°1 – Travail en profondeur

Quoi? Cette maison de maître ixelloise, avec trois pièces en enfilade, a été ouverte lors de sa rénovation pour faire place à un vide avec un escalier et un demi-niveau. Le parquet en bois de chêne, les ferronneries et les lampes suspendues ont toutes été récupérées et livrées par Rotor DC, une coopérative spécialisée dans le réemploi.

Qui? Matthieu Busana et Sébastien Dachy, du bureau d’architecture Mamout, aiment les travaux en profondeur. Ils n’hésitent pas à faire des dizaines de maquettes en papier pour voir comment la lumière et l’espace façonneront le bâtiment qu’ils veulent créer. Leur architecture n’est pas seulement rationnelle, elle respecte aussi l’existant, en adéquation avec les questions écologiques inhérentes au secteur de la construction. Lors des rénovations, ils essaient autant que possible de conserver les matières provenant du projet lui-même ou de les utiliser sur un autre chantier. La réutilisation des matériaux est leur point fort mais ils les sourcent aussi eux-mêmes. « Re-use or not re-use? That is not even a question », peut-on lire sur un de leurs posts Instagram. Cette vision leur a valu de remporter le Duyver Prijs en 2017 et un Belgian Building Award en 2019 dans la catégorie Rookie of the Year.

N°2 - Un morceau d'histoire
N°2 – Un morceau d’histoire© SDP / KARBON / IULIA FRIGERIO

N°2 – Un morceau d’histoire

Quoi?Ce nouveau bâtiment résidentiel bruxellois, en bois et en matériaux écologiques, présente une façade construite à partir de 3 000 briques de Boom récupérées par la firme Franck. Rotor DC a, lui, fourni 21 mètres carrés de carrelage mural provenant de l’ancien Bâtiment Solvay. Ils sont allés eux-mêmes chercher d’autres matériaux, comme la pierre bleue, chez des particuliers.

Qui?Depuis sa fondation, Karbon’Architecture & Urbanisme se concentre sur la construction en bois local et le moins possible transformé en combinaison avec des matériaux biosourcés comme la paille, l’argile et le liège. L’utilisation de matériaux de récupération s’est accélérée avec le projet d’école 317 BRIC pour lequel le bureau avait élaboré un cycle de conception circulaire. Dans celui-ci, les mêmes matériaux de construction devaient être réutilisés jusqu’à trois fois dans des petits bâtiments temporaires. Ce qui a transformé le regard de Karbon sur la récup, comme l’explique Jean Garcin, membre du collectif: « En dehors des motivations écologiques, les matériaux de construction anciens ont aussi démontré leurs qualités. Ils sont assurément robustes et la patine qu’ils possèdent amène un morceau d’histoire dans un nouveau récit. Ils nous obligent aussi à penser vraiment localement, car il est évident qu’on ne va pas aller chercher des matériaux à l’autre bout du monde. Ils permettent également de réfléchir de manière surprenante. » Et on peut constater la réussite de l’équipe en voyant les prix s’accumuler sur l’étagère. Plusieurs de leurs projets ont été récompensés, notamment comme Bâtiment Exemplaire de Wallonie et par Be.exemplary.

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N°3 - Cas d'école
N°3 – Cas d’école© SDP / ONBETAALBAAR VZW / RICHARD DUYCK

N°3 – Cas d’école

Quoi? Les lambris du restaurant Astro Boy, à Gand, ont été fabriqués à partir de chutes de multiplex teintées en brun. La lampe murale – un abat-jour et un tuyau de métal peint en rouge – est suspendue au-dessus d’une table en confetti de Corian, un composite de restes de Corian ( NDLR: un matériau destiné aux surfaces que l’on trouve surtout dans les cuisines, les tables mais aussi dans le secteur médical). Les chaises ont été récupérées dans une ancienne école.

Qui? « Il faut s’éloigner de l’idée selon laquelle on se retrouve dans 50 nuances de brun avec la récup et le recyclage », déclare Sophie De Somere quand elle évoque l’ambition de son collectif Onbetaalbaar. Ce qui avait commencé comme un projet artistique en 2012 est devenu un groupe de réflexion et un atelier spécialisé dans les matériaux sauvés du rebut et circulaires. C’est une habituée de chez Rotor DC, Huismus, Labeur et WeerWerk.

Onbetaalbaar crée non seulement des aménagements intérieurs – comme au Bijloke à Gand en collaboration avec Studio Helder et de nombreux projets chez des particuliers et dans l’Horeca – mais souhaite aussi conseiller et inspirer les autres. Avec Y NOT par exemple, un meuble modulable exposé en ce moment au Designmuseum de Gand, dans le cadre de verbinDING. Il se compose de verre, de marbre, de textile et de granito récupérés mais aussi de nouveaux matériaux fabriqués à base de parties inutilisées de lavande et de poivrons. Une application qui est non seulement belle mais qui se retrouve aussi déjà aujourd’hui sur le marché. Le Designmuseum lui-même est convaincu: Onbetaalbaar a été chargé d’une mission de conseil pour la conception de l’intérieur du nouveau bâtiment du musée qui ouvrira ses portes courant 2024.

N°4 - Ça sent le vécu
N°4 – Ça sent le vécu© SDP / VAN APERS / JAN VERLINDE

N°4 – Ça sent le vécu

Quoi? La porte de cette habitation du Brabant wallon semble ancienne mais, en réalité, il s’agit d’une réalisation récente, à partir de vieilles lames de plancher venant de la région de Turin, en Italie. Cela n’apparaît pas dans la photo mais les façades des armoires de la cuisine de cette maison ont été faites avec des planches à fromage usées.

Qui? Joris Van Apers conçoit des intérieurs en Belgique et à l’étranger aux côtés de sa femme Caroline De Wolf et une équipe d’artisans expérimentés. Comme il travaille aussi dans le commerce de matériaux de construction anciens, ces derniers forment le fil rouge de ses différents projets. « Ces matériaux ont vécu et on le sent. Ils possèdent une tactilité qui est incomparable », dit-il à propos des sols, carrelages, cheminées et bois qu’il importe principalement d’Italie et de France. Dans leur projet, Caroline remarque cependant une évolution: « Avant, ce qui était surtout important, c’était la notion historique, le fait que les matériaux dataient d’une certaine époque ou dégageaient un sentiment de grandeur dans un intérieur. Parce qu’ils provenaient par exemple d’un château ou d’une villa. A présent, cet aspect joue un rôle moins essentiel. Aujourd’hui, nos clients veulent surtout que tout dans leur habitation ne soit pas fait avec du neuf ou vienne directement d’un fabricant. Les matériaux authentiques sont originaux. Ils apportent de la chaleur dans un intérieur qui serait sinon trop rigide, trop léché. »

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