La Statue de la Liberté rencontre Cosette sur les quais de Paris

C’est quoi la « parisiannitude »? Un mélange de cool et de chauvinisme proposé chez Kenzo comme chez Maison Kitsuné. Leçon de style.

Ils espéraient nous jouer leur version d’  » Un Américain à Paris  » aux pieds du pont Alexandre III samedi matin. Au final, il y avait en prime un petit quelque chose des  » Parapluies de Cherbourg « . En cause ? Un méchant crachin bien décidé à se taper l’incruste pendant tout le défilé. Pour les plus chanceux arrivés bien à l’heure, des pépins en plastique transparent comme on en voit partout à Tokyo – histoire de ne pas oublier les origines japonaises de Kenzo quand même – protégeaient des gouttes sans entraver la champ de vision, les retardataires en étant hélas pour leur frais. L’assistance s’attendait à trouver Paris dans le sous-texte, dès la réception de l’invitation – un fil métallique sur lequel pendaient une grappe de minis Tour Eiffel – et elle n’a pas été déçue. Pour Carol Lim et Humberto Leon, il s’agissait de rendre hommage à  » l’homme français  » perçu par les deux directeurs artistiques américains de Kenzo comme  » distingué, impertinent, ludique et toujours aiguisé dont le style aisément reconnaissable produit un effet quasi instantané sur les millions d’hommes qui chaque année visitent Paris « . La collection printemps-été 2015 se veut donc un hommage aux codes d’une certaine élégance parisienne : la silhouette décontractée emprunte à la  » culture du scooter  » les basiques du motocycliste, la parka en tête sans oublier les cabans ajustés en denim et des tops en daim soulignés de rayures caoutchoutées. Le goût pour le  » souvenir de Paris  » s’affiche partout, de la Tour Eiffel à Cosette, en passant par la référence aux rayures bretonnes tandis que les couleurs pastels rappellent celles des macarons.

Un chauvinisme parisien totalement assumé aussi chez Maison Kisuné qui propose sa vision de l’  » Effortless French  » autrement dit ce sens inné de la décontraction qu’auraient donc les Français, un don d’avoir l’air cool sans effort et surtout de ne jamais être  » habillés « . Le secret ? Une garde-robe remplie de bons basiques qui font le travail avec par-ci, par-là une touche de fantaisie décalée en prime. Mais qu’on ne s’y trompe pas : s’il a l’air d’avoir empilé  » à la va-vite  » deux ou trois choses sorties de son placard, son côté normcore n’est pas dû au hasard. Et s’il ose afficher les attributs de sa  » parisiannitude  » c’est sans doute parce qu’il sait que le hipster new-yorkais, son rival de branchitude, ne serait jamais pris vivant avec sur le dos un tee-shirt I <3 NY. Enfin, jusqu'à maintenant...

Isabelle Willot

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