L’art se démocratise-t-il ?

Truc Troc, à Bruxelles, ou comment rendre l'art accessible au plus grand nombre par le système tendance du troc. © Micha Margolin

Le marché de l’art contemporain est en pleine mutation. Tandis que les ventes d’oeuvres connues battent des records, nombre d’initiatives entendent rendre la production artistique accessible à tous.

Adjugé pour la bagatelle de 105,9 millions d’euros, le triptyque Trois études de Lucian Freud de Francis Bacon devient l’oeuvre d’art la plus chère du monde. Lors de la même vente chez Christie’s, une version orange du Balloon Dog de Jeff Koons s’envole pour 43,4 millions.

On aurait pourtant tort de se fier uniquement à ces adjudications stratosphériques, qui ne représentent qu’un faible pourcentage au niveau mondial. Wilfrid Vacher, directeur de la maison de vente aux enchères Cornette de Saint Cyr à Bruxelles, tient à relativiser : « La crise a bel et bien touché les maisons de ventes, qui peuvent enregistrer des sommes record mais voir péricliter leur chiffre d’affaires. Même de véritables stars de l’art voient certaines de leurs créations s’abîmer sous la barre du million. Nos lots vont de 300 à 300 000 euros. Tous nos acheteurs n’ont pas forcément des moyens immenses. Le public vient plus nombreux et plus jeune, c’est une excellente chose ; on peut s’intéresser à autre chose qu’au football dans la vie. »

Une affirmation qui se vérifie par le succès de récentes expositions telles que Life, Death and Beauty de Warhol au BAM (musée des beaux-arts de Mons), l’ouverture des galeries photos YellowKorner ou Lumas chez nous ou encore le développement d’événements tels que l’Affordable Art Fair et l’Art Truc Troc de Woluwe, qui ont lieu le même week-end de février à Bruxelles. Leur but commun : amener les gens vers l’art et leur permettre de faire une acquisition, dans une ambiance qui tranche avec celle, plus guindée, des vernissages huppés.

L’art serait donc en passe de devenir accessible à tous… Quoi que. A la tête d’un bureau d’expertise indépendant, Henry Bounameaux tempère ce bel enthousiasme. « Il ne faut pas se focaliser sur le prix, seule la qualité doit prévaloir. Une oeuvre d’art de qualité à 200 euros, ça n’existe pas. Cela demande énormément de temps et de moyens, sans compter le travail de la galerie, qui coûte aussi de l’argent s’il est réalisé sérieusement. Dès lors, mieux vaut acquérir un bon dessin qu’une mauvaise toile, consacrer son budget à quelque chose de moins ostentatoire mais d’intrinsèquement meilleur. « 

>>> L’art contemporain serait-il en train de se démocratiser ou tout cela serait-il finalement un leurre ? Le Vif Weekend fait le point sur ce débat dans son édition Mode c’est belge du 28 février 2014 .

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