Le jeune qui joue de la musique de vieux

© DR

J’accuse plusieurs wagons de retard. Je suis presque passé à côté des White Stripes, probablement le plus beau groupe des années 2000. J’avais la tête ailleurs. Mais lorsqu’en 2005 je découvre Blue Orchid, Jollene et Balls & Biscuits, c’est une déflagration. Un séisme. Une centrale nucléaire qui se disloque. Ce mec est un incendie. Un arc électrique. L’Amérique à lui tout seul dans ce qu’elle a de meilleur et d’éternel, les guitares et la musique.

Jack se bat avec sa guitare, la maltraite avec respect et révérence dans un tango endiablé mais angélique, violent mais affectueux, enragé mais doux. Blues et rock’n’roll jaillissent intacts, rouillés et étincelants. Un jeu pur et enfantin. Combiné avec sa voix haut-perchée d’ange hystérique et amoureux.

La musique de Jack White me fait penser à la calandre d’une vieille Ford Mustang de 1965. Simple, volontaire, indémodable et gracieuse, un dessin parfait, une étonnante symétrie presque carrée, alliée à une mécanique sans faille.

Jack White ne se contente pas d’être musicien surdoué (il manie les tambours avec maestria dans le super band The Dead Weather), c’est aussi un entrepreneur inventif. Pour exemples, sa boutique de disques itinérante, son studio d’enregistrement qu’il loue à d’autres superstars, sa salle de concert, sa compagnie de disques aux concepts farfelus tels des vinyles parfumés !

Enfin prenez le temps de voir l’enfant terrible silencieux, presque en prière à l’écoute de sa chanson préférée, le Grinnin’ in your Face de Son House. Ecoutez-le en parler. Cela n’a pas d’importance si on clape des mains hors du temps, si la guitare est un peu à côté de l’accord. Jack White, jeune blanc-bec sapé comme un prince, c’est le rétro devenu moderne, c’est la tradition devenue rebelle.

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Jérôme Mardaga

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