
Le MoMu broie du noir
L.G.
L’exposition NOIR. Noir magistral dans la mode & les costumes se déroulera du 25 mars jusqu’au 8 août 2010 au MoMu.
L’exposition s’ouvre sur une magnifique robe en tulle Givenchy dessinée par Roberto Tisci, couturier depuis 2005 pour la maison française. Dans l’oeuvre et les créations de Tisci, le noir est omniprésent. Originaire du sud de l’Italie, région très pieuse, cette couleur lui rappelle la religiosité de son enfance, mais aussi la sensualité.
Avant de devenir une couleur phare de la haute couture, le noir fut celui de la cour espagnole et ensuite de la cour française. Philipe II, fils de Charles Quint, l’avait d’ailleurs imposée à tout son royaume. A travers elle, il voulait s’imposer et monter sa sévérité. Sur cette image, on peut voir un tableau représentant le portrait d’un homme d’époque vêtu d’un costume noir. A sa droite, une robe de Roberto Tisci pour Givenchy en satin de soie, dégradé peint à la main. La cour interdisait de porter le noir en signe de deuil car cette couleur représentait la couronne.
Des cols à fraise ornaient les robes et costumes espagnols et des cols à fraise à confusion pour les Français. A droite de l’image, sur le tableau, une famille est vêtue de noir où chacun porte un col à fraise. A gauche de l’image, le duo hollandais, Viktor et Rolf, décline le smoking dans sa collection 1999. Ils se sont amusés à retravailler ces cols d’époque dans lesquels on ne pouvait quasiment pas bouger.
Le noir était également porté par les enfants en 1850. La mode enfantine n’existait pas à l’époque, mais à l’école, les bambins portaient des tabliers noirs pour les cours théoriques. Probablement pour éviter les taches d’encre…
Le deuil est évidemment l’un des thèmes abordés au cours de cette exposition. A l’époque, une femme portait le deuil durant deux ans et demi. Sa tenue se déclinait alors en trois phases ; la liane, la crêpe et la soie leur étaient spécifiques. Les bijoux de deuil étaient également très importants, ceux-ci étaient réalises en jet minéral ou en diamants pour les plus aisées.
Un corner est également entièrement dédié aux capes trois-quarts de Raf Simons. L’artiste s’est inspiré du groupe Joy Division pour son défilé de l’automne-hiver 1999-2000. De jeunes garçons déambulent sur les podiums brandissant des drapeaux noirs aux inscriptions « Disorder », « Isolation » et « Incubation », titres de chansons du très obscur groupe anglais.
De jeunes artistes participent également à l’exposition. Sur cette image, une robe d’Helena Lumelsky sortie récemment de l’Académie d’Anvers. Elle propose une robe en soie composée de mains voulant l’arracher.
Le noir symbolise également la rébellion. Les cultures rock et gothiques, en rébellion contre les hippies, ont également fortement inspiré les créateurs. La mode gothique renvoie directement à la mode victorienne. Les matériaux comme le cuir, la dentelle et le velours s’imposaient à elle.
Ann Demeulemeester est indéniablement inspirée par le noir comme l’était Rimbaud ou Patti Smith. Son interprétation en est mystérieuse et poétique. La couleur inspire depuis 20 ans ses créations agrémentées de plumes ou de fourrure.
Rien de tel que la dentelle pour mettre en valeur le noir. Admirez ce tableau d’une jeune fille portant un châle et des mitaines en dentelles. Cette matière était pour l’époque un signe de richesse. Le tableau est entouré de deux robes, celle de gauche est une création du regretté Alexander Mcqueen et l’autre datant de 1900-1910 est une robe en dentelle de Chantilly. Alors que cette dernière porte le nom de Chantilly, elle fût pourtant à l’époque tissée à Gramont. Encore un des mystères de la mode…
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