Les 10 défilés Homme qu’il fallait absolument voir à Paris et les 10 looks les plus marquants

La place Dauphine, théâtre du défilé Louis Vuitton Printemps-Ete 2020/Photo Imaxtree

La Fashion Week Homme de Paris vient de se terminer. L’occasion de découvrir les collections du printemps-été 2020 mais aussi d’assister à des shows grandioses dans des lieux souvent inaccessibles ou créés de toute pièce. Retour sur les défilés qu’il fallait voir – et nous y étions – et les dix looks stars qui ont fait parler d’eux.

Le plus poétique: la ligne Homme Plissé Issey Miyake

Photo Issey Miyake
Photo Issey Miyake

Le show. Cette saison, la marque japonaise avait choisi de mettre l’accent sur sa ligne Homme Plissé Issey Miyake Lancée en 2013, son succès depuis ne fait que croître comme en témoignent les ouvertures de magasins propres déjà programmées. Ces vêtements dans un tissu plissé sont par essence légers, confortables. Il est aisé de s’y mouvoir et c’est cette aisance justement qui était au coeur du show présenté au beau milieu de la place des Vosges. En lieu et place de la déambulation classique des modèles, c’est un véritable ballet chorégraphié par Daniel Ezralow qui s’est déroulé sous les yeux des invités mais aussi des badauds de passage dans le parc. Les mouvements et les enchaînements allant crescendo, les tenues aussi devenaient de plus en plus « sophistiquées » tout en restant assez intemporelles. En guise de final, une fanfare de femmes accompagnaient les danseurs rassemblés autour de mâts de cocagne autour desquels ils enroulaient des rubans de toutes les couleurs. Il n’en a pas fallu plus pour attirer les convives les plus téméraires sur la piste dans une samba endiablée.

Photo Imaxtree
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Le look star. La veste kimono japonisante à porter sur un duo chemise pantalon ton sur ton.

Le plus régressif: Louis Vuitton

Photo Imaxtree
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Le show. Il est parfois bien doux de retomber en enfance, celle en tout cas où il faisait bon jouer au grand air avec des amis en chair et en os plutôt que de se complaire dans un monde virtuel. Et c’était bien de cela qu’il s’agissait sur cette place Dauphine privatisée sur laquelle était installés un château gonflable, des étals de marchands de glace et de crêpes, des tables de café où l’on sirotait du champagne en faisant des bulles de savon mais aussi des bancs XXL brandés Louis Vuitton. Des bancs tellement hauts qu’une fois assis dessus on ne touchait plus terre, comme lorsqu’on était gamin. L’invitation déjà donnait le ton puisque Virgil Abloh avait envoyé à chacun un cerf-volant à construire. On en retrouvait d’ailleurs dans le défilé même, portés par des hommes fleurs, mi-jardiniers, mi-peintres impressionnistes. Pour le créateur américain, les fleurs sont un symbole de diversité et l’on sait à quel point cela lui tient à coeur lui qui une fois de plus a pris la peine d’établir la liste des pays d’origine des mannequins ainsi que ceux de leurs parents. Impossible d’ignorer désormais que notre Terre est en danger, ce show bucolique était une manière de lui rendre hommage et de nous pousser plus encore à la protéger.

Photo Imaxtree
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Le look star. Le pull court en fleurs de laine de mérinos crochetées porté sur une chemise à capuche et un pantalon large en cuir.

Le plus cheap… du moins en apparence : Vetements

Photo Isabelle Willot
Photo Isabelle Willot

Le show. A quelques heures à peine du défilé Louis Vuitton, c’est à un tout autre types de tables que se sont installés acheteurs et journalistes conviés… dans le Mc Donald des Champs-Elysées privatisé pour l’occasion. Au menu? Du Coca-Cola, des frites ainsi qu’un best of des détournements de logo dont la marque – qui n’a pas son pareil pour se moquer des codes de la mode – a le secret. Nul état d’âme ici à faire du neuf avec de l’ancien, le recyclage des formes et des idées fait partie intégrante de l’ADN de Vetements, sans accent circonflexe s’il vous plaît. Lorsque le show proprement dit commence, difficile de ne pas se demander si Demna Gvasalia n’a pas « envoyé » pour semer le doute sur le catwalk, un serveur lambda, un gardien de nuit ou en CRS croisés dans la rue. Preuve s’il en est que c’est bien là et nulle part ailleurs qu’il puise son inspiration. L’humour comme toujours était au rendez-vous, on pense notamment au logo détourné de la marque Böse qui doté qu’un tréma signifie tout à coup « fâché ». Idem pour le très cliché « I love Paris » à coeur rouge en dessous duquel quelqu’un semble avoir ajouté au marqueur… Hilton. Sans oublier cette mariée fantôme qui clôturait le show comme le veut la tradition.

Photo Imaxtree
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Le look star. Le tee-shirt XXXL détournant le logo d’une célèbre marque de bière.

Le plus arty : Dior

Photo Imaxtree
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Le show. C’est un peu devenu la marque de fabrique de Kim Jones, déjà coutumier du fait lorsqu’il était à la tête de l’Homme chez Louis Vuitton. Le créateur britannique qui signait ici sa troisième collection pour Dior s’est associé à l’artiste Daniel Arsham à qui l’on devait la scénographie du défilé, les quatre lettres de la griffe comme usées par le temps étaient posées sur du sable rose pâle – couleur chère aux Millennials mais aussi à Monsieur Dior qui aimait l’associer au gris perle. Le plasticien n’en est pas resté là, il a aussi retravaillé l’un des imprimés iconiques de la maison, le célèbre motif « Journaux » créé par John Galliano en 2000 pour un défilé Haute Couture. Ce n’est pas le seul coup d’oeil dans le rétroviseur que s’est offert Kim Jones, comme le stipulait sa note d’intention « la notion de relique constitue le fondement même des maisons de couture », en particulier celles qui se doivent de survivre à leur fondateur. Christian Dior n’ayant jamais dessiné de collection masculine, c’est donc dans son histoire personnelle qu’il faut chercher l’inspiration: son goût pour l’architecture se traduit en designs à la fois souples et fluides mais travaillés selon des techniques empruntées à la sculpture. Le cuir contrecollé se pare de détails comme une frise, le motif Dior oblique, en ton sur ton et en dégradé, évoque l’art du bas-relief. Le show dévoilait aussi une première capsule avec Rimowa composée d’un sac à dos, d’un étui à champagne, d’un bagage à main, d’une minaudière et d’une valise. Kim Jones conforte aussi le statut de pièces stars à ses « nouveaux essentiels » qu’il revisite de saison en saison comme le désormais classique tailleur oblique, version masculine du tailleur bar, le sac Saddle et l’usage des drapés, hommage aux « ateliers flous ». Quant aux motifs toile de Jouy, ils ont été peints à la main par des artistes japonais de Tokyo, une manière d’exprimer l’universalité de la couture.

Photo Imaxtree
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Le look star. Le célèbre imprimé « Journaux », réhabilité 20 ans après sa création.

Le plus rock: Balmain

Photo Imaxtree
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Le show. C’est à Paris qu’est née et que se perpétue d’année en année la Fête de la Musique: le 21 juin la ville vit au rythme des concerts, du plus petit gig donné par des amateurs dans un bar aux productions les plus grandioses. Programmé ce soir-là, le défilé Balmain s’est mué en spectacle grand public, pas moins de 1500 tickets ayant été distribués en ligne, une manière pour Olivier Rousteing de démocratiser la mode tout en servant une bonne cause: l’ensemble des bénéfices générés lors de la soirée – la vente des consommations mais aussi de produits estampillés Balmain – devant soutenir le projet (RED) engagé dans la lutte contre le sida. Du côté des vêtements, Balmain ne serait pas Balmain sans un maximum de strass, d’or et d’argent, parfois même rendu encore plus brillant par une couche de PVC capable de capter la lumière. Beaucoup de pastels aussi, des boléros pailletés et des perfectos rock à souhait ont fait sensation sur le vaste podium installé à l’avant de la scène, au beau milieu du Jardin des Plantes. Pour ouvrir le concert, Darren Criss découvert dans la série Glee avant d’incarner le « tueur de Versace » dans la série Netflix a régalé le public d’un medley de reprises bien enlevées avant de céder la place au très « human » Rag’n’Bone Man. Sur l’invitation, l’indication V01 laissait même penser que l’expérience pourrait se renouveler. Et devenir l’une des soirées les plus mémorables de la fashion week?

Photo Imaxtree
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Le look star. Le combo perfecto rentré dans le pantalon, le tout métallisé.

Le plus frappadingue: Thom Browne

Photo Imaxtree
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Le show. Il y a peu de chance de jamais recroiser de manière textuelle l’un des looks présentés lors d’un défilé Thom Browne, ses shows sont avant tout des spectacles dont il fait bon parler dans les dîners en ville et celui de samedi dernier ne fait pas exception. C’est à un fameux clash des genres que le designer américain avait choisi cette fois de convier ses convives: d’un côté, les références désormais classiques aux sports sacralisés dans les universités américaines qu’il détourne régulièrement, de l’autre, les attributs féminins du 18ème siècle – corsets, souliers à plate-forme, jarretelles et autres jupons et crinolines – apparaissant soudain encore plus contraignant maintenant qu’on les voit portés par des hommes. Héros de cette étrange garden party à Versailles pour laquelle le costume en cloqué rayé aussi connu sous le nom de seersucker tenait lieu d’uniforme, le danseur étoile James Whiteside, sorte de double à la française de mister Browne himself déambulait en tutu de kilt plissé vêtu de chaussons de pointe, autre objet de torture normalement réservé aux ballerines. Pas sûr qu’il faille voir un discours féministe dans ce pur moment d' »entertainment » à l’américaine. A chacun sa prison, physique ou mentale, qu’elle s’incarne dans un casque de foot US ou une paire d’escarpins à talons hauts.

Photo Imaxtree
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Le look star. Le manteau brodé en cloqué rayé.

Le plus sophistiqué: Hermès

Photo Matthieu Raffard
Photo Matthieu Raffard

Le show. C’est la deuxième fois que la maison Hermès pousse la porte du Mobilier National, cet entrepôt où la République conserve les meubles destinés à ses ministères. Cette saison, les vénérables chaises sur lesquelles se sont un jour assis des hauts fonctionnaires et même des présidents étaient de sortie dans la cour, chaque convive s’étant vu attribuer l’une d’elles, la nôtre pouvant s’enorgueillir avant séjourné à Matignon. La bâtiment d’architecture 1930 pour partie recouvert d’échafaudage qui servait de décor au défilé répondait parfaitement au stylé épuré un brin géométrique des vêtements. C’est d’ailleurs tout l’art de Véronique Nichanian de revendiquer une certaine « nonchalance estivale s’épanouissant dans des volumes amples et généreux » alors qu’elle use de textiles et des cuirs nobles ce qui rend ces pièces plus désirables encore. Les matières fluides et aériennes confèrent à l’homme Hermès une aisance décontractée, et se font même réversibles pour certaines pièces. Côté couleurs, toutes les audaces semblaient permises – du rose bubble gum au céladon en passant par le chanvre, le tabac et la rouille. Mais la jolie surprise venait du final, avec ces carrés de soie en version originale ou surteints changés en chemises ou en vestes joliment bariolées.

Photo Imaxtree
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Le look star. La chemise en carré de soie.

Le plus rafraîchissant : Lanvin

Photo Imaxtree
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Le show. C’est dans la magnifique piscine art déco Pailleron que Bruno Siatelli, tout nouvellement arrivé chez Lanvin a présenté sa première collection masculine destinée à la « bourgeoisie catamaran » qui sévit de la Côte d’Azur aux îles grecques en passant par Capri et les plages d’Ibiza. Les spectateurs étaient installés le long des coursives, pour ceux et celles montés dans les étages, les chaises étaient même placées dans les petites cabines individuelles dans lesquelles les nageurs peuvent se changer. Une localisation pour le moins originale surtout en cette journée caniculaire où chacun rêvait de pouvoir se jeter dans le bassin! Le mélange des genres (quarante-cinq silhouettes hommes et quinze femmes) atteste que le coeur de Lanvin bat désormais au tempo de la gender fluidity ce que confirment d’ailleurs de nombreuses tenues que l’on pourrait aisément voir porter par les deux sexes. Il se dégageaient de ces jeunes gens un petit coté faussement naïf renforcé encore par le choix de l’imprimé Babar, déjà présent lors du défilé inaugural du créateur en mars dernier, comme une sorte de doudou rassurant que chérissent les enfants. Des cardigans de soie ou des manteaux courts huilés se portent sur des shorts de coton très boy scout, avec aux pieds, des méduses revisitées aux lacets d’allure spartiate. Des pantalons cargo croisent des vestes surmontées d’un col marin XXL. Le bleu, teinte historique de la maison – Jeanne Lanvin la travaillait dans 18 tons différents – se conjugue à des ocre, tabac, orange ou sable.

Photo Lanvin
Photo Lanvin

Le look star. Le top imprimé Babar.

Le plus inclusif : Kenzo

Photo Imaxtree
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Le show. La nouvelle était tombée quelques jours plus tôt: ce défilé mixte serait le dernier du duo Carol Lim et Humberto Leon, on s’attendait donc à ce qu’il soit mémorable et ce fut bien le cas. Les créateurs avaient demandé à Solange Knowles de composer la bande-son du show… et de donner un mini-concert live devant plusieurs milliers personnes réunies pour l’occasion dans l’AccorHotels Arena à Bercy. Parmi elles, des journalistes et acheteurs bien sûr mais aussi leurs familles, amis, fournisseurs ainsi que des fans de la marque et des membres d’associations caritatives venus leur rendre hommage. Sur scène, les garçons et les filles se sont succédé pour présenter une collection tournée vers le Japon, pays d’origine du fondateur de la griffe, Kenzo Takada, présent lui aussi comme lors de chaque défilé. Après l’overdose de logos et de tigres observées les autres saisons, on ne pouvait qu’applaudir les silhouettes plus épurées, inspirées notamment par les plongeuses japonaises appelées « ama » et qualifiées de « dernières sirènes » par Carol et Humberto. Aux côtés des modèles, une troupe de danseurs bougeant au ralenti portait des tenues iconiques des collections précédentes. Une manière de rappeler tout ce que les deux Américains ont apporté à la marque durant leurs huit années de présence à la direction artistique de Kenzo. Leur successeur aura du pain sur la planche.

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Le look star. La salopette de pêcheur inspirée par l’univers marin des plongeuses en apnée.

Le plus rétro : Celine

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Le show. Pour le dernier show de la fashion week Homme, Hedi Slimane s’est plongé avec nostalgie dans une époque qu’il n’a pas véritablement connue – les slogans sur les sacs et tee-shirts l’affirment en tout cas -, il était trop jeune pour la vivre pleinement. La vision qu’il nous donne des années 70 ne peut forcément qu’être idéalisée, voire même figée dans une posture esthétique qui laisse un brin perplexe tant elle semble n’avoir rien intégré de ce qui fait vibrer la jeunesse d’aujourd’hui. Certes, la « reconstitution » est parfaite, on pourrait presque croire certains looks tout droit sortis d’une boutique vintage bien achalandée. Jusqu’ici la méthode Slimane a toujours fait recette. On a beau lui reprocher de se répéter, jusque dans la scénographie de son défilé – le noir complet, une « machine » qui se met en marche, une musique pointue et originale composée pour l’occasion, une cabine homogène une peu trop « caucasienne » et un final en forme de cohorte -, cela se vend et plutôt bien à en croire les chiffres de sa période Saint Laurent. Il reste à voir si l’histoire chez Celine, la sienne en tout cas, se répétera.

Photo Imaxtree
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Le look star. La longue cape d’inspiration nord africaine.

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