Mincir, c’est (aussi) dans la tête

De nouvelles études le prouvent, les régimes ne fonctionnent pas à long terme. Alors, que faire ? Aux Etats-Unis, les dernières recherches tentent de démontrer que tout passe d’abord par le mental.

Par Sophie Goldfarb

Pourquoi ? Parce qu’ils nous entraînent dans un cercle vicieux : les restrictions engendrent la frustration. Or, celle-ci prévaut aussi bien sur les plans psychologique – on meurt d’envie devant ce pain au chocolat – que physiologique : nos adipocytes, eux aussi, rêvent de stocker le moindre bout de gras en prévention de la prochaine disette. Si bien qu’on finit par craquer, reprendre du poids, et culpabiliser, inévitablement. Et là s’installe le pire frein à la perte de poids : la mauvaise estime de soi. Selon le Dr Lecerf, « il faut remettre le corps au service du mental, faire un travail psychologique pour ne plus être en conflit avec la nourriture et retrouver la dimension de plaisir alimentaire ». Le meilleur moyen ? Écouter ses sensations, savoir reconnaître le message de satiété… Et ne pas oublier certains principes de base : manger lentement, poser ses couverts entre les bouchées, ne pas se nourrir en faisant autre chose (regarder la télévision, travailler sur l’ordinateur…) pour avoir conscience de ce que l’on ingère et accepter de manger plus certains jours, moins d’autres.

Les Américains, qui, devant la profusion de nourriture qui leur est offerte, ne savent plus ce que signifie le mot même de satiété, ont découvert un coupe-faim miracle : le Sensa, baptisé le « sprinkle diet ». Elaboré par un neurologue de Chicago, Alan Hirsch, cet exhausteur de goût à saupoudrer sur les aliments agirait comme un leurre et accélérerait le message de satiété envoyé au cerveau. Aucune expertise n’a pour l’instant confirmé son efficacité. En revanche, une étude faite à la Carnegie Mellon University de Pittsburgh apporte un éclairage intéressant sur la force du mental dans notre façon de nous nourrir.

Dans cette expérience, un groupe d’une cinquantaine de personnes a été divisé en trois. Aux premiers on a demandé de s’imaginer en train de mettre trois pièces dans un distributeur automatique et de ne rien prendre. Aux deuxièmes, de se projeter dans la même situation mais d’imaginer qu’ils mangent trois confiseries. Enfin, au dernier groupe, de se visualiser en train de grignoter 30 de ces confiseries. Quand on a ensuite placé un bol de friandises devant ces cobayes, c’est le dernier groupe qui en a le moins mangé.

Se visualiser en train de manger permettrait donc d’être plus vite rassasié. Pas facile de faire l’exercice chaque fois que l’on commence un repas ? Néanmoins, pour le Dr Lecerf, « l’expérience est intéressante, car elle montre bien que, dans ce que nous mangeons, il y a une grande part de symbolique : du souvenir, de l’émotion, qui nous remplissent aussi. » Et c’est bien là encore que pèchent les grands régimes. « On ne peut pas appliquer la même recette à tout le monde », conclut le Dr Lecerf. Car nous mangeons tous pour des raisons différentes : par stress, par manque affectif, par ennui…

Un facteur qu’étudie depuis longtemps le Dr Daniel G. Amen, neuropsychiatre californien, spécialiste de l’imagerie du cerveau et auteur à succès, qui vient de sortir son vingt-cinquième livre sur le pouvoir du cerveau : The Amen Solution : The Brain Healthy Way to Lose Weight and Keep It Off. Son livre décrypte plusieurs catégories de mangeurs : les compulsifs, les impulsifs, les anxieux et les émotionnels, tentant d’apporter à chacun des aides psychologiques autant qu’une méthode d’alimentation appropriée. Didier Gueho, diététicien, le confirme : « Oui, maigrir, c’est dans la tête. Ce n’est qu’à partir du moment où le mental l’a décidé que la machine peut se mettre en marche. Sans motivation, ce n’est même pas la peine d’essayer. »

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