New York Fashion Week: Du militantisme pour le premier jour

Reshma Qureshi, en pleine séance de coiffage-maquillage © Reuters

Une jeune Indienne de 19 ans défigurée à l’acide a été la reine de la première journée jeudi de la semaine de la mode de New York, au ton résolument militant.

Invitée improbable de cette fenêtre glamour qu’est la Fashion Week, Reshma Qureshi a été aspergée d’acide en 2014 par son beau-frère alors qu’elle protégeait sa soeur. L’homme cherchait alors à punir son épouse qui l’avait quitté.

Elle a défilé mercredi pour le collectif de jeunes créateurs italiens FTL Moda, qui a régulièrement fait parler de lui ces dernières saisons, davantage pour ses choix de mannequins que pour ses vêtements.

New York Fashion Week: Du militantisme pour le premier jour
© EPA EU

Il y a un an, il avait ainsi fait défiler la jeune trisomique australienne Madeline Stuart ainsi qu’une vendeuse de voitures du New Jersey, Rebekah Marine, née avec un seul avant-bras.

Dans une longue robe blanche brodée de motifs colorés dessinant un corps en surimpression, la jeune femme a arpenté l’allée avec naturel, une fois les premières émotions surmontées.

Le public, en partie composé de spectateurs d’origine indienne, a bruyamment encouragé Reshma Qureshi, ravie une fois son aller-retour terminé. « Je sens que cela a changé ma vie », a expliqué à l’AFP, après le défilé, celle qui est devenue l’égérie d’une campagne pour l’interdiction de la vente libre d’acide en Inde. « Je me sens courageuse ».

Reshma Qureshi, défilant au premier jour de la fashion week new yorkaise, le 8 septembre 2016
Reshma Qureshi, défilant au premier jour de la fashion week new yorkaise, le 8 septembre 2016© Reuters

La jeune mannequin, dont l’objectif principal reste d’effectuer les deux années d’études secondaires qui lui manquent et d’aller à l’université, espère avoir envoyé un message fort aux autres victimes d’attaque à l’acide. « Pourquoi ne pourrions-nous pas profiter de la vie? », a-t-elle interrogé. « Ce qui nous est arrivé n’est pas notre faute. Nous n’avons rien fait de mal, donc nous devrions pouvoir avancer ».

Les attaques à l’acide, souvent des crimes d’honneur commis au sein d’une même famille pour punir un acte jugé déshonorant, sont répandus en Asie du Sud-Est, en Afrique subsaharienne, dans les Caraïbes et au Moyen-Orient.

Jean’s célèbres pour l’humanitaire

Cette première journée officielle de la semaine de la mode de New York avait déjà pris un tour résolument militant plus tôt dans la journée avec le défilé de Johny Dar.

L’artiste américain a présenté une collection, baptisée « Jeans for Refugees », de cent jean’s donnés chacun par une célébrité et décorés par lui-même, dont le produit de la vente ira au Comité international de secours (IRC).

Dans l’après-midi, l’espagnol Desigual a apporté une note plus légère.

Aux antipodes de l’ascétisme d’un Kanye West, vu mercredi, la maison barcelonaise a présenté une collection flamboyante, à l’image de la marque.

Mélange des motifs, des couleurs et des matières, le couturier n’a pas hésité à se livrer à une foule d’expérimentations avec, en fil conducteur cette année, le thème du voyage.

A l’heure de l’androgynie, tendance actuelle chez les femmes et plus encore chez les hommes, Desigual a offert une vision de féminisme revendiqué, voire militant, comme en témoignent les bérets et casquettes militaires portés par beaucoup de mannequins.

En début de soirée était attendu le New-Yorkais Thakoon, de retour après avoir renoncé à la Fashion Week de février.

Le créateur d’origine thaïlandaise Thakoon Panichgul a ainsi bouleversé son calendrier de production, à l’instar de plusieurs maisons souhaitant accompagner les défilés de la mise en vente des vêtements présentés.

Il a même fait un pas de plus dans l’inconnu en proposant des pièces sur son site internet dès le mois d’août, plusieurs semaines avant son défilé.

Jeudi toujours, la polémique s’est poursuivie autour de Kanye West, qui avait innové lui aussi dès mercredi en organisant son défilé « Yeezy Season 4 » en plein air sur une île, entre Manhattan et le Queens.

De nombreuses critiques se sont élevées via les réseaux sociaux contre le traitement infligé aux mannequins du défilé, « une séance de torture », selon la responsable éditoriale du site de mode The Cut, Stella Bugbee.

Des dizaines de jeunes femmes ont ainsi dû patienter plusieurs heures debout, sous le soleil, sans bouger, en attendant que le défilé ne démarre. L’une d’elles s’est même effondrée, prise d’un malaise.

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