Ni greenwarrior, ni planète-m’en foutiste

On pourra toujours rétorquer que c’est s’offrir une bonne conscience à peu de frais. Et que ce n’est pas parce que Chantal et Catherine parlent compostage ou qu’Anne-Françoise a remplacé la poudre à laver par des « boules indiennes » à empreinte carbone zéro que le trou dans la couche d’ozone va se reboucher ou les océans devenir plus propres. A la rédaction comme ailleurs, plus personne n’est dupe : si on a cru un temps que l’essence sans plomb ou les légumes bio feraient l’effet d’une cure de détox sur cette vieille Terre, en 2012 le règne de l’éco-ingénuité est révolu.

N’empêche qu’aux dernières nouvelles, les océans en question sont toujours alimentés par les grandes rivières, elles-mêmes faites de petits ruisseaux. Et que, sans pour autant devenir militants de Greenpeace, nous avons tous, à des échelles variables, intégré le réflexe « protection de l’environnement » au quotidien. Il y a cinq ans à peine, Isabelle aurait-elle renoncé à sa voiture de société ou Fanny décidé de construire une maison avec pompe à chaleur, ventilation mécanique, isolation renforcée et tout le toutim ?

Les acteurs du luxe ont eux aussi appliqué le greenwashing à leurs stratégies marketing… ce qui n’exclut pas un réel engagement sur le terrain, où « pour développer une activité sur le long terme, il est indispensable d’impliquer la population locale », nous a expliqué Marie-Hélène Lair, directrice de la communication scientifique de Chanel. À Madagascar, où la maison au double C cultive le gingembre bleu intervenant dans sa ligne Hydrabeauty, elle travaille ainsi main dans la main avec une ONG qui « développe un programme social et environnemental équilibré ». Alors qu’il n’y a pas si longtemps les géants de la beauté n’auraient pas misé un billet vert sur le bio, victime de clichés tenaces quant à son efficacité et à son plaisir d’utilisation, ils se doivent désormais d’avoir dans leur portefeuille au moins un label écologique : Aveda pour le groupe Estée Lauder, The Body Shop ou Kiehl’s chez L’Oréal…

En mode aussi, les comportements changent. Alors que le poids lourd LVMH s’est offert la petite marque de vêtements en coton bio Edun – lancée par Bono, leader de U2, et son épouse -, Bruno Pieters a claqué la porte d’Hugo Boss pour développer sa ligne Honest By, qui se veut transparente sur la provenance des matières, durable et fabriquée dans le respect des règles éthiques. Pas apparatchik pour autant, le créateur belge refuse de porter un jugement sur la manière de travailler de stylistes plus conventionnels : « À chacun de poser ses et d’agir selon sa conscience. Personnellement, je crois à l’honnêteté. » Ni green-warrior ni planète-m’enfoutiste, c’est ça l’éco-attitude 2.0

Delphine Kindermans – Rédactrice en chef

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