Paris Fashion Week: Jour 1

Toutes les premières fois sont toujours excitantes. Quand Anthony Vaccarello laisse libre cours à un certain romantisme fleuri, quand Jacquemus ose encore la fraîcheur naïve, quand Koché cite Godard et Anaïs Nin, quand Glenn Martens et son Y/Project Femme débutent sur le catwalk, sûr que tout cela est excitant.

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© Imaxtree

À la maison de la Radio, Anthony Vaccarello est fidèle à ses débuts, à sa fougue, à son essence. Le créateur belge persiste et signe, et on le reconnaît dans les moindres détails – le goût du corps montré et magnifié, la passion du laçage, l’art de la matière a minima qui laisse si bien parler la peau. Pour son automne-hiver 16-17, il s’offre des fleurs, parfois strassées, qui portent en elles un parfum légèrement nostalgique, emprunté à la tapisserie et aux broderies des matriochkas. Assorties au reste de la collection, au cuir, au vinyle, aux robes millimétrées, aux vestons qui font la ligne claire, au perfecto doublé de renard blanc, elles ne versent jamais dans la mièvrerie – on sait qu’Anthony ne s’aventurerait pas sur ces chemins-là, on lui fait confiance, il a tout compris du vestiaire féminin contemporain qui assume sa griffe.

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Dans le jardin des Tuileries, Simon Porte Jacquemus affiche grandeur nature sa joie naïve à construire/reconstruire des vêtements un peu autres. Où la dimension ludique est bien présente, où s’invite le cercle et où la carrure déménage. On reconnaît également chez lui sa signature, qui a gardé sa fraîcheur et son architecture. Et si sa garde-robe use parfois de gimmicks, on comprend aisément qu’il a envie de creuser son sillon, avec l’aval d’une cohorte de jeunes filles françaises décomplexées qui le portent et n’hésitent pas à chantonner, comme Marie Laforêt sur la bande-son de son défilé, « fais-moi l’amour comme à 16 ans… comme un beau soir d’adolescence… »

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Au passage Prado, sous les néons et entre les devantures de salons de coiffure improbables, Christelle Kocher occupe l’espace comme personne. Avec sa collection Koché, elle donne ses lettres de noblesse à l’artisanat, à l’embellissement, à la broderie, à l’amour des sequins, à la contemporanéité d’un vestiaire intelligent, oui cela existe. Elle convoque Jean-Luc Godard (« Je ne suis pas infâme, une femme est une femme »), Muhammad Ali (« Float like a butterfly, Sting like a bee), Anaïs Nin (« Nous ne voyons jamais les choses telles qu’elles sont, nous les voyons tels que nous sommes ») et David Lynch, avec Sailor et Lula (« This whole world is wild at heart and weird on top »). Car la jeune femme se nourrit de tant de choses qu’elle n’a pas assez de ses dix doigts pour donner une autre vie aux matières qu’elles préfèrent. Sa panne de velours orange fouette les sangs, son savoir-faire aussi. Et toujours cette magnifique énergie qui prend aux tripes à regarder ses mannequins fendre la foule avec allure et détermination.

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Dans le grenier du Lycée Charlemagne, Glenn Martens baptise Y/Project version Femme en le faisant défiler pour la première fois. À la tête de ce label endeuillé depuis 2013, le jeune brugeois, diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, y mène une réflexion sur le genre, avec passage naturel du vestiaire homme au vestiaire femme, inspiration conjointe et pragmatisme aussi, car l’équipe est petite, 3 personnes au studio, 2 à la production et 1 à la vente. Il revendique ses racines belges, partie nord, qui ont forgé sa fascination pour les cathédrales, le gothique et un certain équilibre médiéval que l’on retrouve mélangé à ses souvenirs de jeunesse datés nineties – son esthétique a ces couleurs-là. Sans prise de tête aucune, « we are about proposing fun clothes », donc acte.

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