Paris Fashion Week: Jour 2, la décadence selon Dries Van Noten

Quand le créateur anversois mêle Igor Stravinsky, Helmut Newton, la marquise Casati et Gabriele d’Annunzio, cela donne une garde-robe plus driesvannotenienne que jamais. Un hiver sous le signe de la décadence.

Paris Fashion Week: Jour 2, la décadence selon Dries Van Noten
© Imaxtree

Quand on entre dans le lieu que Dries van Noten s’est choisi pour défiler, un joli frisson s’empare de vous, c’est que le créateur anversois nous a habitués à l’émerveillement. Saura-t-il à nouveau enchanter le monde – te souviens-tu du quatuor inspiré, du tapis premier matin du monde, du mur de panneaux entièrement recouverts de feuilles d’or ? Et son banquet d’anniversaire, dis, tu t’en rappelles ? Comment oublier ces instants-là qui font appel à l’émotion et à l’intelligence d’un seul coup? Alors donc, quand près de la gare Saint-Lazare, on pénètre dans ce grand hall plongé dans l’obscurité, on ignore encore à quoi l’on doit s’attendre, mais on espère profondément être emmenée loin, le temps d’un instant, le temps d’un défilé.

L’invitation déjà donne dans la beauté rare : l’artiste anglaise Gill Button a peint à la main chacun des 1000 cartons envoyés aux invités, deux yeux d’encre qui vous regardent avec intensité, le trait est  » fougueux « , c’est cela qui a plus à Dries Van Noten quand il a découvert les portraits de l’illustratrice sur Instagram.

Le rythme d’un coeur qui bat emplit l’espace, la bande-son fait dans le minimalisme, et quel minimalisme :ces pulsations cardiaques sont celles d’un mannequin qui arpente le catwalk, enregistrées durant les répétitions et sur lesquelles vient se poser une voix d’homme lisant des passages du poème de Gabriele d’Annunzio La Pioggia nel Pineto pour aller crescendo vers le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky, premier tableau, Adoration de la terre : augures du printemps (danses des jeunes filles) . Ceci prouvant avec délicatesse que tout fait sens chez Dries Van Noten.

Il en va de même pour le savant assemblage de ses matières, de ses couleurs, de ses volumes, de ses inspirations. De celles-ci, il annonce en quelques mots ce qui forme la trame de son automne-hiver 16-17 :  » Aqua alta, genre fusionné, Ballet Russe, smoking, Helmut Newton, robes de Chambre  » auxquels s’ajoute  » la passion entre la marquise Casati et Gabriele d’Annunzio et la décadence comme style de vie « . Ce qui se traduit par un vestiaire aux imprimés reptiliens agrandis, voire parfois en négatif, avec de l’oversize et du cropped toujours contrastés, du prince de galles, des perles disséminées, brisées même, des tissus pour costumes masculins, des cravates, du velours étoffé, du cachemire tricoté main, de la fourrure mais fausse, des jacquards de soie, comment faire sans, dans des couleurs que seul Dries Van Noten ose et assemble revendiquant l’apothéose, le clash. Quand il les nomme, ces tons qui se moquent de la bienséance s’appellent  » nuit « ,  » sable « ,  » bouteille « ,  » or fumé  » ou  » malachite « . Autant dire que ce voyage-là est d’une richesse éclatante mais sans esbroufe, que l’on demande à voir et à revoir, pour mieux s’imprégner par capillarité de cet univers destiné à être vestiaire. C’est la grande force du créateur. Et son génie entêté.

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