Paris Fashion Week, le quatrième jour avec Issey Miyake, Dior et AF Vandevorst

Tout a son importance dans un défilé. Le lieu, et donc le décor, y sont pour beaucoup dans l’alchimie susceptible de filer des frissons. Exemple chez Issey Miyake, Dior et AF Vandevorst.

Dans l’espace éphémère du Jardin des Tuileries, Issey Miyake opte pour la performance live de Ei Wada. Six gros ballons blancs gonflés à l’hélium, retenus par une bande magnétique enroulée sur un magnétophone à l’ancienne servent de décor. Et d’instruments de musique. Et d’enchantement poétique sur fond blanc d’aube naissante. Le chef d’orchestre, et chef de file du collectif Open Reel Ensemble, les met en mouvement et le son naît, c’est magique,  » sous la double influence du magnétisme et de l’apesanteur « . S’ajoute à cela l’enregistrement de chants d’enfants et le musicien prend place à l’orgue où il accompagne cette partition étrange mais douce à l’oreille. La parfaite adéquation avec un vestiaire virginal d’abord puis qui s’enhardit dans la couleur, avec, comme toujours chez Issey Miyake, une technique particulière dont la maison a le secret. Après le Pleats please et le A-Poc, voici donc le  » 3D Stream Stretch  » qui  » enveloppe le corps avec la légèreté d’un nuage, comme si celui qui le portait était vêtu par le vent « .

Dans la Cour Carrée du Louvre, Dior s’installe dans une tente tendue de miroirs à l’extérieur, lesquels reflètent la façade de ce vieux Paris qui laisse tout de même bouche bée, le soleil vrille le ciel bleu et l’on se dit que c’est beau. A l’intérieur, quatre  » salons « , chaises noires, sol immaculé avec led intégrés et lumière blanche à haute intensité, le futur commence ici. Cette idée de confrontation et de mélange des époques sous-tend la collection du directeur artistique de la maison. Dans sa note d’introduction, Raf Simons explique sa  » Providence (Extended Remix) » :  » En partant des éléments et du langage même de la couture pour les entraîner plus loin, je voulais que le prêt-à-porter paraisse plus moderne, plus dynamique, plus vrai.  » Il juxtapose les références – robes à la Française (XVIIIe siècle), shorts de skateurs, justaucorps masculins (même époque), combinaison de pilote. Il réinvente le passé – avec ce cannage Dior mutant transformé en quadrillage 2.0 et préfère les souliers tricotés mains.  » J’ai commencé par me demander : qu’est-ce que la modernité ? Je voulais partir d’un langage qui serait l’exact opposé de celui que j’ai eu jusqu’à présent chez Dior « . Ce qui l’emmène à retravailler quelques robes chemises en coton blanc brodé qui du passé ne font pas table rase, on reconnaît là son savoir-faire de tailleur Homme.

Au garage Lübeck, les A.F. Vandevorst n’ont pas cherché à rhabiller les pavés, ni la charpente métallique, ils n’ont pas lésiné non plus sur les fumigènes, qui servent d’écran poétique à un voyage dans les airs. Et ils parachutent leurs amazones dans un monde où les uniformes n’ont jamais été aussi féminins, voire sexy. La silhouette qui ouvre et ferme le bal est bel et bien faite d’un parachute devenu robe bustier avec traîne. La suite se décline en parfaite adéquation avec ce qu’ils sont, ce qu’ils ont toujours été tandis que la bande-son, un Kyrie un peu borderline, recouvre la marche de ces fières combattantes, pacifiques pourtant si l’on en croit les herbes folles qu’elles ont fiché dans leur cheveux. Le décor semble ainsi se fondre dans les matières, ces tissus que l’on dirait rocher et ces couleurs (kaki, noir, coquelicot) que l’on retrouve à l’état brut dans une nature encore sauvage.

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