Parler en (très large) public : j’ai testé

Quand on m’a proposé de présenter les artistes du Brussels Summer Festival (vous savez, ce festival qui déchaîne notre belle capitale pendant dix jours fin de l’été… et qui rameute pas moins de 100 000 fans de musique !), mes jambes se sont dérobées à la seconde.

D’accord, j’étais celle qui levait son doigt pour être la première à déclamer son poème devant la classe. D’accord, le côté sans filet d’une chronique radio m’exalte. D’accord, je parle énormément (qui a dit trop ?) et je suis une extravertie qui s’assume. Il n’empêche. Quand on m’a proposé de présenter les artistes du Brussels Summer Festival (vous savez, ce festival qui déchaîne notre belle capitale pendant dix jours fin de l’été… et qui rameute pas moins de 100 000 fans de musique !), mes jambes se sont dérobées à la seconde. Mon ego et mon goût du risque en ont profité pour neutraliser la zone « réflexion » de mon cerveau et répondre en choeur : « Génial ! Où est-ce que je signe ? » Ce n’est qu’après, quand le cerveau s’est reconnecté et a activé la zone rationalité, que j’ai commencé à flipper : 15 000 regards braqués sur moi ? Enceinte de six mois et demi en plus ? Mais je suis dingue ! Et si je me prends les escarpins dans une rallonge micro ? Et si je confonds la chanteuse Zaz avec le fromage Ziz ? Et si j’ai un blanc ? Je suis une extravertie, certes, mais je suis aussi ultrasensible, hypersusceptible et à tendance paranoïaque. Détonnant le mélange… mais visiblement mieux dosé que je ne l’imaginais. Puisque le jour J, étonnamment, je suis plutôt sereine. Certes, mon coeur a le même beat qu’un titre électro et mon débit de parole se rapproche de celui d’une kalachnikov, mais je ne tourne pas de l’oeil. J’ai même hâte de me lancer dans la fosse aux lions. Mon truc ? Je connais mes textes mieux que mes poèmes de primaire, et surtout, je me suis poupoupidouponnée jusqu’à ne plus être vraiment moi. Sous mon maquillage poupée de cire et dans mes tenues Flash Gordon, je suis un personnage. Résultat, sur scène, face au public, face aux 15 000 regards, je prends mon pied. Je flotte sur les cris d’hystérie. Waooooow. Je comprends instantanément pourquoi certains artistes deviennent accros à cette énergie positive qui émane d’un public chaleureux. C’est fort, puissant, enivrant. Et bien mieux qu’une tamponne : puisqu’on n’a pas la gueule de bois le lendemain !

Valentine van Gestel

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