Philippe Torreton

Au Théâtre, il est Dom Juan après avoir été sociétaire de la Comédie française. Au cinéma, il a été césarisé Meilleur acteur pour son rôle dans Capitaine Conan de Bertrand Tavernier. A la vie, il n’est plus le « trop » médiatisé compagnon de Claire Chazal ; il vient de se remarier, en toute discrétion. Et, enfin, à la scène politique, il est élu, dans le IXe à Paris. Philippe Torreton n’est pas un séducteur, lui, il est plutôt un homme séduisant mais aussi et surtout, un homme caméléon ! Rencontre et passion.

Adolescent vous rêviez d’être acteur ?
Non, je suis venu au théâtre, car ma mère, institutrice, m’a inscrit au cours d’art dramatique pour m’aider à m’exprimer, à « soigner » ma trop grande timidité. Après, je suis presque entré dans la police mais c’est à la Comédie française que j’ai travaillé durant huit ans !

Quel est votre vrai métier ?
Je n’ai pour métier que l’activité qui m’apporte un salaire. Je suis d’abord acteur et puis conseiller municipal. A mes yeux, ces occupations représentent donc mes métiers.

Petit vous rêviez d’être ? Et adulte ?
Capitaine de frégate. Une sorte de Surcouf à ma manière. Adulte, j’ai toujours été attiré par le côté analytique du comportement humain. J’ai d’ailleurs étudié la psycho durant une année. La préoccupation des autres, la communication m’intéressent. J’aurais aimé être avocat, instituteur, flic ou travailler dans le marketing pour analyser les comportements des gens.

Quel est votre engagement politique ?
A la scène on interprète des personnages qui véhiculent un discours, une philosophie, une « leçon » de vie. En politique on occupe le terrain, on met les choses en action, on peut agir concrètement. La politique me permet d’être acteur de et dans notre société actuelle, de donner vie à l’acte théâtral engagé. Cela me permet aussi de m’épanouir, humainement, de donner un sens à ma vie.

Qu’est-ce qui vous révolte dans la société actuelle ?
Les injustices de toutes sortes, les trop grands écarts entre ce que vivent les uns et les autres, la disparité des vies. L’injustice par rapport à la culture ; celle des uns (la nôtre) équitable et celle d’autres, de par le monde, nettement moins privilégiés. En étant actif en politique, j’ai l’impression de mettre un peu la main à la pâte. Ainsi, à une époque, j’avais introduit une proposition au ministre précédent de l’Education nationale pour qu’il instaure des cours d’expression dans les écoles. L’expression orale, le savoir s’exprimer correctement se perd de plus en plus chez les jeunes, les enfants d’aujourd’hui ; c’est désastreux. Il faut tout faire pour tenter d’y remédier.

Que détestez-vous le plus chez l’homme ?
Le cynisme, l’hypocrisie, la lâcheté.

Et qu’appréciez-vous le plus ?
La générosité.

Dom Juan à la scène, l’êtes vous aussi à la vie ?
Certainement pas. D’ailleurs, physiquement, il me faudrait dix centimètres de plus. Et puis, Dom Juan, vous savez, il n’est pas si limpide que ce que l’on croit. Molière l’a laissé dans un flou mystérieux, sans vraiment montrer ses intentions, ses objectifs, les raisons de ses attitudes. C’est assez contraire à l’analyse que l’auteur faisait toujours de ses personnages. Enfin, chose extrêmement singulière chez Molière, Dom Juan sera le seul personnage à mourir à la fin de la pièce.

Enfant, vous admiriez…
Le personnage de Joss Rendell dans Au Nom de la Loi interprèté par l’excellent Steve McQueen.

Et puis ?
Pierre Mendès-France, Clint Easwood et je n’ai pas hésité à être aux côtés de Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë dans leur campagne électorale.

Si vous deviez emprunter une tirade à Molière ?
Ce ne serait ni une tirade, ni un discours, mais bien une phrase, toute simple : « Il faut faire et non pas dire » !

Propos recueillis par Joëlle Rochette

Dom Juan, de Molière, au Théâtre Saint-Michel, à Bruxelles, le 13 octobre.

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