Ragots, people et réseaux sociaux: les règles ont changé

Céline Dion: la chanteuse canadienne et star internationale a souvent été sujet de ragots et moqueries, dans la presse et sur les réseaux sociaux
Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste

Sur les réseaux sociaux, les comptes dédiés aux commérages de stars n’en finissent pas de gagner en popularité. Mais contrairement à la presse people, ici, la bienveillance est plus souvent de mise, et les célébrités y diffusent eux-mêmes les rumeurs. La fin de la presse à scandales? Pas sûr.

L’avis de l’actrice Gwyneth Paltrow sur le retour en force de Bennifer, le couple formé jadis – et désormais à nouveau – par Jennifer Lopez et Ben Affleck ? « C’est mignon. » Quant à X Æ A-12, le prénom du fils du milliardaire Elon Musk et de sa compagne, la chanteuse canadienne Grimes, l’actrice oscarisée pour Shakespeare in Love estime qu’il est parvenu à les détrôner, elle et son ex-mari Chris Martin, de leur position de « célébrités dont les enfants ont les prénoms les plus polarisants ».

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.© Instagram

Ces infos hautement non-essentielles, mais néanmoins croustillantes pour ceux qui s’intéressent à la vie des people, on les retrouve sur le compte Comments by Celebs (1,7 million de followers). Ses deux créatrices, Emma Diamond et Julie Kramer, se sont en effet donné pour mission d’y compiler les meilleurs commentaires laissés par des célébrités sur le réseau Instagram, via des captures d’écran. C’est ainsi que les deux fines limières ont épinglé Octavia Spencer (La couleur des sentiments, Les figures de l’ombre), qui a créé le buzz bien malgré elle, en conseillant à Britney Spears de signer un contrat prénuptial après que celle-ci a annoncé ses fiançailles avec Sam Asghari…

Suite à la publication sur Comments by Celebs, l’actrice à présenter des excuses publiques à l’interprète de Baby One More Time.

L’industrie des potins se porte aujourd’hui mieux que jamais. Simplement, les règles du jeu ont changé

Bienvenue à l’ère des ragots 2.0, où les stars ne sont plus victimes mais bien auteurs des rumeurs, les médias sociaux leur ayant permis de reprendre le contrôle sur la narrative, voire même, de la créer de toutes pièces – ou, du moins, de donner leur avis sans passer par un courrier d’avocat et autres droits de réponse interposés. Si, un temps, l’avènement des réseaux – et de la possibilité, pour les vedettes en tous genres, de diffuser directement le moindre détail de leur vie à leurs fans – a semblé sonner le glas de l’industrie des potins, celle-ci se porte aujourd’hui mieux que jamais. Simplement, les règles du jeu ont changé.

Du contenu positif

Finie, l’époque où on se gaussait, dans la presse, de la cellulite de telle starlette, photographiée à son insu lors de vacances à la plage. Fini aussi, de manière générale, le partage de scoops pouvant porter préjudice aux personnes concernées. Les médias dédiés à l’entertainment sont d’ailleurs nombreux à recenser eux-mêmes tous les manquements médiatiques à l’égard des victimes de ce traitement malveillant, de la fascination morbide pour les accoutumances d’Amy Winehouse à la diffusion du visage de Rihanna tuméfié par son ex, le chanteur Chris Brown.

Finie, l’époque où on se gaussait, dans la presse, de la cellulite de telle starlette, photographiée à son insu lors de vacances à la plage.

Amy Winehouse au festival de Jazz à Sainte Lucie en 2011
Amy Winehouse au festival de Jazz à Sainte Lucie en 2011© REUTERS

Ainsi que l’explique la créatrice du compte Instagram Deux Moi, qui poste les interactions de Monsieur et Madame Tout-le-monde avec des célébrités (et qui souhaite, elle, préserver son anonymat), en 2021, l’heure n’est plus aux commérages malveillants. Dans un entretien accordé à l’édition américaine du Elle, celle qui se définit comme une « curatrice de pop culture » souligne sa volonté de partager du contenu positif, et s’empresse de supprimer la moindre rumeur au sujet de laquelle la célébrité concernée la contacte pour lui demander de retirer la publication. « J’ai créé ce compte juste pour le fun, donc si quelque chose que je publie heurte quelqu’un et que la personne me demande de l’enlever, je m’exécute immédiatement », confie celle qui rassemble plus d’un million d’abonnés sur Instagram. Une approche à mille lieues de celle d’une certaine presse, bâtie sur la diffusion sans consentement préalable de clichés volés de célébrités au tournant du deuxième millénaire.

Néo-gossip girl

Autre signe de ce changement : le phénomène pop du début des années 2000, la série Gossip Girl, adaptée des livres éponymes de Cecily von Ziegesar, qui vient de s’offrir un « reboot ». L’occasion pour les créateurs d’y apporter plus de diversité, le casting précédent étant uniformément blanc, mais aussi d’adopter une approche différente de la rumeur ainsi que de celles et ceux qui la propagent. Terminé, le règne de l’impitoyable Blair Waldorf et de ses dames de (mauvaise) compagnie en serre-têtes : dans la version 2.0, la plate-forme Gossip Girl est utilisée par des professeurs désespérés d’inculquer un peu de sens des responsabilités et de l’empathie à leurs élèves, lesquels, lorsqu’ils se laissent aller aux commérages malveillants, enchaînent sur des excuses larmoyantes dans l’épisode suivant.

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Radio ragots aurait-elle donc définitivement changé de fréquence ? Pas vraiment quand on voit qu’en France, une certaine presse continue de magnifier le moindre « défaut » physique des stars, à l’image de Public moquant la cellulite de « Kate Molle » aka Kate Moss en août dernier.

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Il est des habitudes qui ont la peau dure et les réseaux ne sont pas en reste, ces derniers ayant également permis la prolifération de comptes dédiés à la critique et ou aux moqueries des célébrités, certaines ayant même l’honneur tout relatif de voir fleurir des comptes dédiés à leur personne, à l’image de Meghan Markle, cible de choix des trolls. Les temps changent, certes, mais les mauvaises langues ne sont pas encore toutes passées du bon côté de la force.

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