Robert Clergerie, sculpteur dans l’espace

Ses chaussures portent son nom, synonyme de style, de qualité et de made in France. A 74 ans, Robert Clergerie, bon pied bon oeil, piétine les demi-mesures, embrasse la vie et garde le cap.

Petit, vous rêviez d’être ?
Grand.

Votre premier geste le matin ?
Un geste naturel.

Votre dernier le soir ?
Le même geste.

Le talent que vous aimeriez avoir ?
Musicien.

Vous ne pouvez pas vivre sans ?
Ma femme.

Shoes or no shoes ?
Shoes. Je ne marche jamais pieds nus, c’est sale, sauf sur la plage, bien sûr. Sinon, je porte des chaussures J. Fenestrier, notre marque homme.

D’où vous vient cet amour des pompes ?
J’ai d’abord cherché à travailler dans le meuble, parce que tout est équilibre des proportions et je suis tombé sur une annonce pour travailler dans la chaussure où, comme le meuble, tout est question d’équilibre des proportions. En plus, à la différence du vêtement, la chaussure a une vie propre, c’est une sculpture dans l’espace.

Escarpins ou espadrilles ?
Escarpins, qui n’ont pour moi rien à voir avec l’espadrille ! Mais je dois avouer qu’il est préférable de marcher sur le sable de la plage en espadrilles plutôt qu’en escarpins.

Talons aiguilles ou compensés ?
Compensés. Il est indéniable qu’ils sont plus confortables.

Derbies ou baskets ?
Derbies, la question ne se pose même pas. Sauf évidemment quand je fais du sport.

Chaussure homme ou chaussure femme ?
Les deux. Si je fais la différence entre les deux ? Bien sûr, je sais comment faire les enfants !

Au boulot : capitaine ou matelot ?
Capitaine. J’ai un jour répondu à une annonce de Jourdan qui m’a amené à être président d’une filiale de l’époque que j’ai ensuite quittée pour reprendre à mon compte l’affaire des chaussures Unic qui fabrique aujourd’hui les chaussures femme Robert Clergerie et les chaussures homme J. Fenestrier. Pourquoi suis-je revenu aux commandes en 2005 alors que j’avais pris ma retraite? Certainement pas par goût de l’argent, mais pour sauver une entreprise qui porte mon nom et pour sauvegarder les emplois de cette activité, c’est-à-dire 250 personnes. Dans ce métier de mode, si on ne pense qu’à la rentabilité financière, on a un sérieux handicap.

L’endroit que vous préférez à l’usine ?
Les ateliers et le studio. C’est là, le coeur de l’activité. Et puis, j’aime la technique, j’aime la création. Contrairement à beaucoup d’autres, notre usine est conviviale et en rien angoissante.

Vous avez pris un coup de vieux le jour où ?
Je ne sais pas encore.

Votre dernier achat impulsif ?
Une voiture ancienne, une Mercedes 190 SL roadster coupé décapotable silver grey, sièges en cuir rouge, de 1958. Je l’ai achetée parce qu’elle me plaisait. Pas pour la regarder, mais pour rouler avec.

Ce dont vous êtes le plus fier ?
Mes enfants.

Un geste écolo ?
Des chaussures en paille naturelle. Elles sont fabriquées au Maroc puis contrôlées et terminées dans nos ateliers de Romans, car nous n’avons plus la main-d’oeuvre pour faire un tel travail en France. Pour l’été 20120, il y aura deux modèles : un derby à patin et une sandale à patin, dont les formes rappellent les années 40.

Votre juron favori ?
Putain.

Votre péché mignon ?
Je n’ai pas de péché.

Que seriez-vous prêt à défendre bec et ongle ?
Ma liberté.

De quoi avez-vous peur ?
De beaucoup de choses.

Oui, mais lesquelles ?
C’est trop personnel ….

Votre plus grand moment de solitude ?
La nuit quand je me réveille.

L’objet avec lequel on vous enterrera ?
Je n’y ai pas encore pensé.

ANNE-FRANÇOISE MOYSON

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