Stop à la culpabilisation des mamans

Un gosse de 3 ans au sein de sa mère, pour certains, c’est choquant. Mais pas autant que le texte qui accompagne cette cover du Time : Are you mom enough ? Y a-t-il vraiment une bonne et une mauvaise manière d’être maman ? Pas sûr !

La cover du nouveau Time américain, montrant un enfant de 3 ans pendu au sein de sa mère illustre une théorie à la mode en matière de parentalité : l’attachment parenting (AP), défini par le docteur William Sears. Ce pédiatre américain défend une manière de prendre soin des bébés qui séduit de plus en plus de parents. Dans son livre The Baby Book, le médecin prône entre autres le  » cododo « , le portage en écharpe, l’allaitement à long terme, etc. Pour lui, l’attachement physique initial entre l’enfant et sa maman aura des conséquences à long terme et une carence de contacts corporels pourra mener à un mal-être. Dans cette lignée, l’initiative de l’OMS et de l’Unicef intitulée  » Hôpital Ami des bébés  » entend également développer un lien physique et durable entre mère et enfant en soutenant l’allaitement le plus longtemps possible. Les maternités qui obtiennent ce label – une vingtaine en Belgique – sont tenues d’encourager leurs patientes, dès la naissance, à allaiter à travers divers principes : une cohabitation mère-bébé 24 heures sur 24, une interdiction des tétines, du lait en poudre…

Si dans certains sociétés, en Afrique et en Inde notamment, ces pratiques de fortes proximité mère/enfant coulent de source, elles semblent plus difficiles à faire passer en Occident, où la tradition veut plutôt que l’on fasse dormir l’enfant dans son lit, qu’on le ballade en poussette, etc. Une partie du corps médical, même au sein d’hôpitaux Amis des bébés, estime par ailleurs qu’une trop grand fusion entre les parents et leur enfant peut nuire à la prise d’autonomie de l’enfant … Pour ces spécialistes, l’allaitement devrait s’arrêter une fois que l’enfant fait ses premiers pas. De son côté, le docteur Sears et son équipe insiste sur le fait que leur théorie fusionnelle n’est pas contraignante mais intuitive et doit juste aider les parents à se rapprocher de leur nouveau-né (lire la réaction de l’équipe Sears à la une du Time).

Prises en sandwich entre toutes ces théories, les traditions transmises par notre société, mais aussi et surtout l’avis de leurs proches, les nouvelles mamans ont donc de quoi être déboussolées… et culpabilisées. Est-on une mauvaise mère parce qu’on n’allaite pas, ou parce qu’on continue à allaiter son gamin qui va déjà à l’école ? Est-on une bonne mère parce qu’on accueille son bébé dans son lit chaque soir ou au contraire parce que dès ses 15 jours, on l’installe dans sa propre chambre ? Le regard que la société porte sur les mamans est lourd et le titre de couverture du Times –  » Are you Mom enough? » ( » Etes-vous assez maman ? « ) – n’en est qu’une ènième illustration… Mais au fait, qui mieux qu’une mère sait ce dont a besoin son enfant ? Et si on leur faisait tout simplement confiance aux mamans !

Fanny Bouvry

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