Une expo pour (re)découvrir le monde

© Steve McCurry

Jusqu’au 15 avril prochain, 120 clichés de Steve McCurry, le célèbre reporter photographe étatsunien de l’agence Magnum expose à Buenos Aires au Centro Cultural Borges.

Qui ? Mais si, vous le connaissez. Celui qui a photographié cette jeune fille afghane aux yeux verts et dont le portrait a fait plusieurs fois le tour de la planète depuis qu’il a fait la Une de National Geograpfic en 1985. Faisant de Sharbat Gula un symbole, malgré elle, de la tragédie afghane*.


Alors forcément quand un photographe de ce calibre est invité dans ma ville d’adoption, je me dis qu’il ne faut surtout pas rater ça. Et qu’il ne faut surtout pas rater non plus l’explication de textes, enfin de photos je veux dire, faite par McCurry himself ! C’était il y a quelques jours et à toute évidence je n’étais pas la seule à me jeter sur l’évènement. Victime de son succès, l’opération décryptage des photos par l’auteur a laissé plus d’un porteño sur le pavé de la rue Viamonte. Mais malgré l’assaut sur la « star » américaine, votre blogeuse a su se frayer un chemin plutôt royal puisque j’ai finalement terminé ma course au premier rang !


Et j’en ai pris plein les yeux…et les oreilles : entendre le récit de cette vingtaine d’années de voyage à traquer sans relâche la réalité m’a laissée boca abierta (bouche bée). Steve McCurry nous a fait voyager du Pakistan au Tibet, de l’Inde au Yémen en s’arrêtant parfois, pour commenter, situer ou clarifier une image. Contant bien souvent une anecdote plus poétique que technique. J’ai aimé celle où il explique qu’après la publication d’une photo prise lors d’inondations en Inde, et montrant un vieil homme presque immergé portant à bout de bras sa machine à coudre, les dirigeants de la société qui fabrique ce type de machine, ayant reconnu leur marque, ont décidé de faire parvenir à cet homme, le dernier modèle du genre !


Ce qui frappe surtout dans le travail de McCurry c’est l’humanité qu’il arrive à capter d’un simple clic. Je suis particulièrement fan de ses portraits de femmes, d’hommes et d’enfants. Qu’ils soient de Bombay, Kaboul ou Lhassa, le message est universel et l’émotion sans appel. Comment peut-on saisir avec simple appareil photo digital (il ne travaille plus qu’en digital et se réserve le luxe d’utiliser le dernier rouleau de pellicule pour un projet qui y sera consacrer) autant de substance et d’authenticité ? C’est surement ce qu’a récompensé le jury du Prix Robert Cappa qu’il a obtenu en 1980.
Ce fut en tout cas un beau moment de partage que de nous livrer le témoignage de ses aventures, comme si l’espace d’un instant nous en avions fait, un peu partie… Je n’aurais qu’un mot, thank you Steve (comme n’a pas hésité à l’interpeller un compatriote argentin durant la présentation, visiblement en confiance avec l’artiste) pour nous avoir fait rentrer dans cette intimité, leurs intimités…


Maite Celayeta


* Sharbat Gula, la fillette de 12 ans, photographiée en 1984 dans camp de réfugié au Pakistan a été retrouvé par l’auteur du cliché 17 ans plus tard. Le constat est saisissant, le visage innocent d’un enfant que la vie attend a laissé la place à des traits marqués par le temps qui n’a pu qu’égratigner les rêves et les espoirs d’antan. Le cliché choisi pour la Une de National Geografic en 2001, la montrera totalement cachée derrière sa burka et portant sur les genoux le fameux portrait de ses 12 ans.

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