De Sydney à Melbourne, un roadtrip sublime

Australie
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Alain De Jong
Alain De Jong Journaliste

Une mode passagère, la van life? Cette épopée australienne est une magnifique preuve du contraire: traverser le pays le plus fou du monde en camping-car, ça décoiffe. Récit d’une vivifiante aventure. Par Maya Toebat

Imaginez le Grand Canyon. Remplacez ensuite toutes les nuances d’orange par du vert, puis ajoutez une légère brume bleutée. Voici l’image qui se rapproche le plus des Blue Mountains, à 80 kilomètres de Sydney. Ce canyon doit son nom à la brume bleue qui semble recouvrir les forêts, due à l’essence de térébenthine dégagée par les eucalyptus. Sous les rayons du soleil, les arbres diffusent cette douce couleur qui permet aux yeux de respirer.

Un repos bienvenu. Il y a quelques heures, à Sydney, nous avons pris le train le matin pour nous rendre à la société de location de notre camping-car. Les véhicules, sur le parking, sont immenses. Aussi, un léger stress nous envahit quand on nous annonce que nous avons «la chance d’être surclassés». Cerise sur l’étonnement: il va falloir rouler à gauche. Mais on nous assure qu’au bout de quelques jours, nous tomberons amoureux du motor-home, et que nous voyagerons sans la moindre angoisse…

Une nuit sous un phare

Notre premier objectif: atteindre les Blue Mountains avant la tombée de la nuit. Et un premier accroc qu’on aurait aimé éviter: en nous trompant de sens sur un parking de supermarché, nous heurtons un poteau et cabossons la porte coulissante de notre engin. L’assurance – nous avons opté pour le pack complet – et les nombreux «no worries» de l’agence de location nous permettent de repartir de plus belle. La portière? Elle fonctionne encore très bien. Trois heures plus tard, nous arrivons au canyon, où un dernier rayon de soleil tombe sur les centaines d’hectares de forêts et de rochers.

Ce même soleil orange nous accompagne le lendemain matin, alors que nous entrons dans le ventre du canyon et que nous traversons des rivières couleur rouille au cours d’une magnifique randonnée. En chemin, nous apercevons des perroquets rouge-bleu, un petit oiseau noir à la poitrine orange et notre premier wallaby. Ces merveilles nous rappellent pourquoi nous avons choisi un van: pour découvrir ces paysages inouïs, presque impossibles à atteindre sans un véhicule digne de ce nom.

Le plus grand atout de cette démarche: la liberté de s’arrêter où nous le voulons. Le lendemain, en route vers la côte, nous déjeunons à Wollongong et faisons une pause dans un temple bouddhiste aperçu le long de l’autoroute. Nos petites habitudes de «road trippeurs» sont déjà bien rodées… mais un dilemme surgit. L’emplacement de camping gratuit indiqué sur notre application n’existe pas, et les autres camps du coin sont complets. Comme le camping sauvage n’est ni autorisé ni interdit en Nouvelle-Galles du Sud, nous garons notre véhicule sous un phare. Peu importe, nous vivons un rêve éveillé, donc nous n’avons aucune raison de nous plaindre…

Flocons d’avril

Le matin, direction Jervis Bay, une région aux plages blanches paradisiaques, mais peu connue des touristes. Au camping, dans le parc national, nous sommes rejoints par une famille de wallabies. A notre point de chute suivant, à des centaines de kilomètres de là, dans l’intérieur des montagnes, les mêmes animaux à ressorts viennent nous saluer. Dans la zone protégée de Kosciuszko, le confort est rudimentaire, sans eau ni électricité. Mais quel luxe inestimable que de pouvoir dormir au milieu des prairies de steppe ondulantes et des routes de montagne sinueuses. Les petites inquiétudes du début de voyage semblent si lointaines…

Le lendemain, nous revenons trempés d’une randonnée, mais en prenant plaisir à nous sécher dans la tiédeur du van, en sirotant un thé. Nous empruntons ensuite l’Alpine Way jusqu’à Bright. Cette petite ville sur la rivière Murray est une destination de vacances populaire parmi les habitants de Melbourne. Surtout en automne, lorsque les arbres prennent de belles couleurs rouge, jaune et orange. Nous arrivons en plein week-end de Pâques, que beaucoup d’Australiens célèbrent en plein air. Au camping, c’est la fête: les familles y passent des journées entières à faire des barbecues – un véritable sport national.

Ce n’était donc pas une légende: à l’autre bout du monde, les saisons sont inversées. Et non, tout n’est pas que soleil et chaleur assommante en Australie. La preuve: le lundi de Pâques, nous apercevons même de la… neige en franchissant un col de montagne. Nous grimpons lentement jusqu’à 1.861 mètres au mont Hotham.

Puis cap vers la côte, où nous passons quelques jours dans le parc national de Wilsons Promontory, le point le plus au sud de l’Australie, qui abrite de nombreux oiseaux de mer, kangourous, échidnés et wombats. Nous y escaladons des falaises de calcaire et descendons sur des plages aux noms pittoresques tels que Whisky Bay ou Fairy Cove. En ligne de mire: un intense bleu turquoise qui sublime l’horizon.

Mais où sont passés les koalas?

L’immensité est l’une des particularités les plus agréables de l’Australie. Il y a suffisamment d’espace pour laisser vagabonder nos pensées. Parfois, nous ne croisons aucune maison – et à peine quelques véhicules – pendant des heures entières. Aussi, en nous approchant de Melbourne, l’arrivée sur une autoroute fréquentée est un petit choc. Nous faisons l’impasse sur la ville pour l’instant, car nous voulons d’abord explorer la Great Ocean Road. Cette route célèbre, classée par l’Unesco, serpente sur 243 kilomètres en longeant des falaises, des phares et des forêts tropicales luxuriantes.

Beaucoup de touristes font la Great Ocean Road en une journée au départ de Melbourne. Mais nous l’avons répartie sur trois jours pour prendre le temps de randonner parmi les fougères, de nager et d’espérer apercevoir des koalas le long de la route. Bon à savoir: on pourrait croire que les koalas sont omniprésents, mais rien n’est moins vrai. L’Australian Koala Foundation estime qu’il ne reste environ que 60.000 koalas à l’état sauvage, avec un déclin de 30 à 40% en trois ans. Au bout d’une heure, nous abandonnons presque notre mission lorsque nous apercevons une petite boule grise suspendue à un arbre… Joie suprême!

La Great Ocean Road est aussi belle que ses points de chute. Au menu: des falaises, des surfeurs et des vagues de plus en plus hautes à l’approche des emblématiques «12 Apôtres», cette rangée de rochers calcaires détachés d’un grand récif – il n’en reste que huit aujourd’hui – qui constituent la principale attraction du coin. Le lendemain, nous disons adieu à ces vues à couper le souffle pour gagner Melbourne d’une traite, en ne nous autorisant des escales qu’aux lieux incontournables. Exemples? La ville du surf de Victoria, où les marques Rip Curl et Quicksilver ont été fondées, où se déroule la compétition annuelle Rip Curl Pro Bells Beach et où est né Xavier Rudd, le chanteur de Follow The Sun.

Melbourne s’avère être une ville qui ressemble à beaucoup d’autres. Mais on ne peut qu’admirer sa fantastique culture du café qui s’épanouit dans ses ruelles et ses arcades, ou ses centaines de murs ornés de fresques street art. Les vrais charmes de cette nation se trouvent néanmoins 
ailleurs. Ce sont l’immensité, la culture de la plage, la vie en plein air. Les routes sans fin qui longent l’océan puis traversent la mer, les forêts, les montagnes, les prairies. Et puis les Australiens eux-mêmes: sur quelque 900 kilomètres, leur sympathie nous a séduits de bout en bout, au point qu’au moment de rendre les clés du véhicule, on avait beaucoup de mal à croire que tout cela était (déjà) fini…

EN PRATIQUE

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Sur place? Nous avons réparti le trajet entre Sydney et Melbourne (avec l’extension de la Great Ocean Road) sur trois semaines, ce qui signifie que nous n’avons eu à conduire qu’environ trois heures par jour, avec un jour de repos de temps en temps. Pour la 
location du camping-car, nous avons choisi Cheapa Campa.

Le camping? Nous avons dormi dans des campings avec des sanitaires. Les campings situés dans les parcs nationaux sont parfois moins bien équipés, mais ils sont fortement recommandés si vous souhaitez dormir davantage dans la nature (à un prix peu élevé). Des applications telles que Wikicamps répertorient les emplacements de camping gratuits. Notons encore que le camping sauvage n’est pas officiellement autorisé en Australie, mais il est toléré dans de nombreuses régions – mieux vaut vérifier les directives locales.

Lire aussi: Un safari pour toute la famille en Afrique du Sud.

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