Des Fidji à Tahiti, un mois de croisière dans le Pacifique Sud

Les Marquises. © PASCALE SURY

Des îles Fidji à la Polynésie, cap sur des morceaux de terre nommés Marquises, Tonga ou Cook, qui font du Pacifique Sud un véritable éden de beautés sauvages. Naturaliste et conférencière belge, Pascale Sury a vogué au fil de ces merveilles durant un mois…

Étape 1: Beqa, dans les îles Fidji

La porte d’entrée du paradis mieux connu sous le nom de Pacifique Sud se nomme Beqa, petite île reculée et montagneuse offrant un saisissant concentré de trésors culturels et naturels. Instantanément, on est émerveillé par les senteurs et les couleurs intenses de la forêt tropicale. Les banians, ces arbres sacrés vénérés par les bouddhistes, dégagent une force et une énergie particulières. L’hospitalité des Fidjiens, elle, n’a rien d’une légende, et c’est avec joie que l’on découvre leurs traditions.

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Parmi celles-ci, la célèbre cérémonie du kava, boisson issue d’une plante proche du poivrier, servie dans un demi-bol en noix de coco. Notre rôle, en tant que naturaliste et accompagnateur sur le navire Paul Gaugin, est d’encadrer les passagers dans la découverte de l’île, en relayant notamment les paroles d’un guide local. On n’est pas loin de faire le plus beau métier du monde, il faut bien l’avouer…

Étape 2: Vava’u, dans les îles Tonga

Ce splendide archipel des Tonga est composé d’une quarantaine d’îles coralliennes paradisiaques posées sur les flots turquoise du Pacifique Sud. L’île principale, Vava’u, est dominée par le mont Talau qui offre un beau panorama sur l’archipel avec, au large, des longues plages de sable fin, mais aussi une vie marine foisonnante qui s’épanouit autour des récifs de coraux, des jardins de gorgones ou au creux des grottes sous-marines.

La végétation luxuriante est le prétexte idéal pour une promenade. Mais c’est une randonnée… palmée qui constitue notre sortie du jour, histoire d’observer les coraux de plus près avec les passagers aux yeux ébahis.

© PASCALE SURY

Étape 3: la ligne de changement de date

Le navire franchit ce jour-là la fameuse ligne de changement de date, frontière imaginaire qui longe approximativement le 180e méridien du Pacifique. Celui-là même qui a offert son épilogue au fameux Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. Le ciel, qui oscille entre superbe et sublime, nous sert de décor. La sensation de « bout du monde » est ici totale. Avec les autres passagers, nous passons de longues heures sur les ponts extérieurs sans jamais se lasser des eaux limpides. Et plus tard, même quand les soirées sont rythmées par des concerts ou des spectacles, ce qui se passe dehors reste le meilleur moyen de vivre des instants magiques… et incroyablement étoilés.

Étape 4: Aitutaki, dans les îles Cook

Aitutaki est une terre de 16 km2, un petit port de pêche aux rares bateaux à moteur, où perdure une vie simple et paisible. Le lagon d’un bleu profond passe pour être l’un des plus spectaculaires au monde… et on confirme. La structure géologique de l’île en fait un lieu unique.

D’un côté, des pics volcaniques. De l’autre, un récif bordé de corail et de sable. La balade, ce jour-là, est particulièrement généreuse pour les yeux. Le dîner, sur le navire, n’en est que meilleur, avec un buffet de poissons, viandes, salades et desserts qui, lui non plus, ne laisse personne sur sa faim…

Étape 5: Fakarava, dans les îles Tuamotu

On poursuit notre périple dans le Pacifique Sud en mettant le cap sur la Polynésie française et sa fascinante diversité. Il faut le voir pour le croire, mais chaque île possède sa propre personnalité, sa géologie, ses coutumes et ses traditions. Leur point commun? Le sens de l’accueil.

Chaque matin, lors de nos escales, nous sommes accueillis par des groupes de musiciens. Le chant, le son et la danse rythment littéralement le quotidien. C’est notamment le cas à Fakarava, petit confetti posé sur une mer cristalline. Cette ellipse corallienne, classée réserve de la biosphère par l’Unesco, surprend par l’immensité de son lagon, dont les couleurs dessinent une palette infinie de bleus. L’atoll, réputé pour ses plages immaculées et sa nature sauvage, abrite des espèces rares d’oiseaux, de plantes et de crustacés. Il fait chaud et humide. Quelques averses éclatent ici et là, offrant une lumière surnaturelle aux photos…

Fakarava, îles Tuamotu.
Fakarava, îles Tuamotu. © PASCALE SURY

Étape 6: les îles Marquises

Aux îles Marquises, nous nous autorisons quatre jours d’escale sur quatre îles différentes. Le relief est à l’opposé des îles de la Société. Et le vert règne partout sur ces terres volcaniques. Sur l’île de Fatu Hiva, nous visitons d’abord Omoa, paisible village de pêcheurs éloigné de toute civilisation et niché dans une magnifique baie. On s’y promène durant deux bonnes heures sur les hauteurs, le temps de s’imprégner des couleurs locales et de papoter avec quelques habitants, dont la majorité vit de l’agriculture et de la pêche.

Tout le monde se tutoie. Une averse tropicale n’est pas rare, mais on se protège de la pluie grâce aux feuilles de bananiers qui bordent les sentiers. Le lendemain, direction l’île de Hiva Oa et son village d’Atuona. « Veux-tu que je te dise: gémir n’est pas de mise aux Marquises », chantait Jacques Brel en citant cet étrange archipel souvent baptisé « le jardin des Marquises ».

Une force et un charme particulier se dégagent de ses reliefs tourmentés et de ses plages de sable noir. Le petit village d’Atuona abrite les tombes de Brel et de Paul Gauguin, ainsi qu’un beau marae – un lieu sacré jadis dédié aux cultes polynésiens.

Les Marquises.
Les Marquises. © PASCALE SURY

Petite escale, ensuite, sur l’île de Tahuata, la plus petite des Marquises. Couverte d’une végétation abondante, elle abrite notamment le joli village d’Hapatoni, mais aussi des vertes vallées où les fruits tropicaux sont légion. Impossible de quitter les lieux sans goûter aux ananas, pamplemousses, papayes et mangues – tout est succulent, croyez-nous.

Dans la baie de Taiohae, l’île de Nuku Hiva est à la fois la capitale et la plus grande des Marquises. Pour la résumer en un mot: grandiose! Grâce au temps libre qui nous est octroyé ce jour-là, nous nous y aventurons avec une guide locale qui nous en livre tous les secrets avant de nous mener tout en haut de la colline de mont Muake. Où le panorama, époustouflant, permet de distinguer parfaitement les îles rocheuses qui se dessinent de part et d’autre de la baie.

Quelques heures de marche plus tard, nous atteignons la baie d’Anaho, impossible à rejoindre autrement qu’à pied, à cheval ou en bateau. Autant dire qu’on s’y sent loin, très loin de la civilisation…

Étape 7: Huahine, dans les îles de la Société

Située à moins de 200 kilomètres au nord-ouest de Tahiti, l’île de Huahine est un joyau secret de la Polynésie française, planté dans l’archipel des îles Sous-le-Vent. Une atmosphère mystérieuse se dégage de son relief voluptueux, de sa végétation sauvage et de ses ravissantes criques isolées.

Nous partons pour une exploration des deux parties de l’île (la Grande Huahine au nord et la Petite Huahine au sud) afin de découvrir ses trésors les plus confidentiels et d’admirer quelques vestiges archéologiques polynésiens. Dans l’après-midi, nous flânons dans le petit village de Fare. Quelques maisons, un supermarché, une plage. Et la musique de rue qui rythme nos pas à travers les cocotiers.

Étape 8: Bora Bora

Le navire nous emmène tout à l’ouest de la Polynésie, où la mythique Bora Bora offre un spectacle naturel d’une beauté enchanteresse. Les plages de sable blanc comme le lagon – l’un des plus beaux du monde – sont tout simplement éblouissants. On pourrait regarder pendant des heures le spectacle des poissons colorés s’ébattant dans l’eau turquoise.

Une île « carte postale » qui n’a pas volé sa réputation, dont la végétation est dominée par la silhouette majestueuse du mont Otemanu, volcan né il y a 13 millions d’années. Notre escapade du jour: un tour de l’île… à vélo, soit une traversée paradisiaque longue de 32 kilomètres.

© PASCALE SURY

Étape 9: Taha’a

Toujours dans les îles de la Société, la volcanique Taha’a, d’où s’échappent les monts Ohiri et Puurauti, dévoile une nature fertile propice à la fois à la culture de la magnifique perle noire de Polynésie française, mais aussi à celle de la vanille.

Surnommée ici « l’or noir », cette épice rare prisée des gourmets est la principale ressource économique de celle que l’on surnomme aussi « l’île Vanille ». Pour arpenter ses 88 kilomètres carrés, nous optons cette fois pour un vélo électrique, et c’est agréable à souhait.

Étape 10: Mo’orea, sur l’archipel des îles du Vent

Ce jour-là, cap vers une terre située juste à l’ouest de Tahiti. Parfois appelée « la banlieue de Papeete », elle offre une infinité d’images inoubliables: plages paradisiaques, lagon turquoise ou fleurs odorantes dont les parfums embaument l’intérieur des terres. Du belvédère, le panorama est exceptionnel sur le mont Rotui avec, à sa gauche, la baie d’Opunohu et sa vallée constituant le poumon vert de l’île, et à sa droite, la célèbre baie de Cook auréolée de pics crénelés aux allures de cathédrales.

Journée grise, aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas Alexandre Fellous, l’un des conférenciers du bord, de nous proposer un copieux et passionnant tour de « son » île – il y vit depuis quelques années. Au passage, on en profite pour faire notre baptême de plongée sous-marine et nager avec des tortues de mer. Inoubliable, évidemment…

La perle noire de Polynésie.
La perle noire de Polynésie. © GETTY IMAGES

Étape 11: Tahiti

C’est ici que notre voyage s’achève doucement, et plus particulièrement à Papeete. Plantée sur la côte nord-ouest de l’île de Tahiti, la capitale de la Polynésie française affiche une atmosphère détendue… mais un peu trop bruyante à notre goût, qui a le don de nous extraire de notre rêverie et du rythme soyeux des mers du Sud.

Rien n’empêche, pour autant, de se promener le long de son front de mer joliment aménagé, d’aller pique-niquer avec les Tahïtiens dans les jardins de Paofai ou de déguster une spécialité locale dans l’une des roulottes de la place Vaiete. Mais disons que, nous, à ce moment-là, on a préféré ne pas trop s’y attarder, emplis d’une douceur de vivre plus marine que citadine…

En pratique

Notre journaliste a sillonné le Pacifique dans le cadre de son travail de naturaliste. La croisière proposée ici n’existe pas telle quelle, mais les itinéraires qui s’en rapprochent le plus (nombreuses possibilités!) se trouvent ici: Croisières dans le Pacifique Sud

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