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La grande cavale, on a appris à monter à cheval dans l’Alentejo au Portugal

Au cœur de l’Alentejo, un couple de Portugais nous ouvre les portes de son petit joyau équestre. Récit d’une épopée rythmée par les balades à cheval dans des prairies verdoyantes et les petits-déjeuners conviviaux.

Des vacances à galoper dans la nature en compagnie de sa fille? Un rêve qui nous trottait dans la tête depuis bien longtemps. Deux obstacles nous ont longtemps barré le chemin: la différence de niveau et la crainte de tomber dans un piège à touristes. Un jour, pourtant, nos recherches aboutissent sur le site d’Outside the Corral, une agence spécialisée dans les voyages équestres. Sa fondatrice, Laure-Anne Rigaux, sonde nos souhaits en détail avant d’envoyer une proposition sur mesure. Direction la station portugaise de Monte Velho. Au programme: cours encadrés par des entraîneurs professionnels et balades en plein air.

Véritable projet passion

Quelques semaines plus tard, alors que nous arrivons dans le domaine, le choix de Laure-Anne prend tout son sens: l’endroit est fantastique. Dans l’air printanier, nous empruntons un long chemin de terre longeant prairies, chênes-lièges et rochers escarpés pour atteindre un ensemble de bâtiments blancs. A l’intérieur, nous découvrons une chambre digne d’un magazine. La fenêtre coulissante s’ouvre sur un paysage qui laisse bouche bée, si bien que nous pourrions passer des heures assises sur la terrasse à le contempler.

La chaise longue devra attendre, car nous sommes conviées par les propriétaires pour l’apéritif. Diogo et Margarida de Lima Mayer ont acheté Monte Velho il y a environ trente ans. A l’époque, ce domaine n’était guère plus qu’une ferme délabrée. Le couple a pris cette décision sur un coup de tête, comme souvent au cours de leur vie.

En 1989, Diogo, un architecte prospère de Lisbonne, est victime d’une crise cardiaque. Son médecin lui conseille alors de faire plus d’exercice. Il s’empresse de faire l’acquisition d’un cheval et se prend immédiatement de passion pour l’équitation. Le cavalier en herbe voue une telle adoration pour son Lusitanien qu’il décide de se lancer dans l’élevage de cette race typiquement portugaise. Le couple acquiert sa maison de campagne dans l’Alentejo et y installe ses juments et leurs poulains. Bientôt, ils sont rejoints par cavaliers et entraîneurs en besoin d’un endroit où loger. Sous le coup de l’évidence, l’architecte reconverti décide de construire son propre hôtel de charme. Le reste, c’est de l’histoire. 

Le cœur de Monte Velho

Le tandem a non seulement géré le travail, la rénovation, l’élevage de chevaux et les entraînements, mais aussi éduqué cinq fils. L’un d’entre eux, Diogo Jr., dirige aujourd’hui le haras et le centre d’entraînement de Monte Velho. Le jour suivant notre arrivée, il nous conduit à cheval au sommet d’une colline d’où nous pouvons admirer le domaine dans toute sa splendeur.

Pas une maison, une route, ou même un poteau électrique, juste la nature qui s’étend à perte de vue. Le domaine de la famille de Lima Mayer couvre environ 300 hectares, mais la pratique de l’équitation est également autorisée sur les terres avoisinantes. En chemin, nous croisons un troupeau de vaches dont le pâturage permet de garder l’herbe courte, et de limiter les risques d’incendies. Les roses blanches et la lavande saluent notre passage. Des juments et des poulains paissent au bord d’une petite retenue d’eau.

«C’est le cœur de Monte Velho, précise fièrement Diogo. Chaque année, c’est une douzaine de Lusitaniens qui naissent ici. A l’origine, cette race était dressée pour la cavalerie et la corrida. Les chevaux ont été rigoureusement sélectionnés pour leur courage, leur agilité et leur caractère, des qualités qui s’avèrent aujourd’hui idéales pour le dressage de haut niveau. Les Lusitaniens se distinguent par leur grand cœur et leur grande éthique de travail… Exactement comme les Portugais!»

La tête dans les étoiles

Le dimanche est généralement le jour où la plupart des invités arrivent ou repartent, offrant ainsi aux bêtes l’occasion de se reposer. Nous prenons un taxi en direction d’Evora, une charmante bourgade riche en histoire. Nous flânons devant un aqueduc du XVIe siècle, les ruines d’un temple romain, des églises anciennes et des petites boutiques, sans oublier de déguster les incontournables pastéis de nata. 

Le soir, après le dîner, nous nous blottissons sous une couverture au bord de la piscine. Alors qu’en Belgique, nous partageons chaque kilomètre carré avec 381 personnes, dans l’Alentejo, cette densité est treize fois inférieure. Conséquence: une absence totale de pollution lumineuse qui nous permet d’observer avec émerveillement le ciel étoilé. Aucune chaîne de streaming ne saurait rivaliser avec ce spectacle.

Le Monte Velho doit son plus grand succès à João Torrão qui a participé aux jeux Olympiques de Tokyo en 2020 avec l’étalon Ecuador MVL. Ce Lusitanien bai, déjà prometteur, a révélé tout son potentiel sous la conduite de João. «La mort soudaine d’Ecuador en 2022 a été un choc pour nous tous, raconte Diogo, encore un peu ému. Il n’était pas seulement un athlète exceptionnel, mais aussi un excellent étalon. Aujourd’hui, il vit au travers de ses poulains qui paissent dans les prairies de Monte Velho.» Ces jeunes chevaux ne sont d’ailleurs pas les seuls à être prometteurs: João Torrão est à nouveau en lice pour participer aux jeux Olympiques de Paris.

Parler cheval

Bien que la petite équipe internationale soit composée d’athlètes de haut niveau, ces derniers adaptent leur niveau à celui des hôtes. Chaque jour, le haras accueille une poignée de clients (l’hôtel ne compte que neuf chambres) de tous horizons. A la longue table des invités, nous faisons la connaissance d’amateurs de chevaux venant du Portugal, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de Scandinavie. Nous dégustons des mets savoureux, sains et locaux dans une atmosphère chaleureuse et animée.

Tout le monde ici partage les mêmes centres d’intérêts, si bien que les conversations ne manquent jamais. «Lorsque nous avons ouvert l’hôtel, nous avions installé plusieurs tables de manière éparse dans la pièce, mais les clients les regroupaient sans cesse, se souvient Margarida. C’est donc naturellement que nous avons repensé l’espace et opté pour une seule grande table conviviale. »

La Portugaise nous apprend que de nombreux clients, même lorsqu’ils viennent de l’autre bout du monde, ne quittent pas Monte Velho pour découvrir d’autres régions du Portugal. En temps normal, on appellerait cela du gâchis, mais dans ce cas, nous comprenons amplement leur choix. Cet endroit est idéal pour se déconnecter du monde le temps de quelques nuits. Alors que nous prenons congé de ce havre équestre, la nostalgie fait place à une évidence: nous reviendrons.

En pratique

Plusieurs compagnies aériennes desservent Lisbonne en 3 heures environ. Monte Velho se trouve à une heure et demie de route de l’aéroport (des transferts sont proposés par l’hôtel).

Les tarifs varient en fonction des saisons, des chambres et des activités sélectionnées. Pour un devis sur mesure, rendez-vous sur outsidethecorral.com

À proximité

  • Un trajet de 30 km vous conduira à Evora, une charmante ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, avec des maisons blanchies à la chaux, des vestiges romains et la Capela dos Ossos, une chapelle dont les murs intérieurs sont couverts de crânes et d’ossements humains.
  • L’Alentejo est une région viticole. Ne manquez pas l’occasion de visiter les domaines viticoles à proximité de Monte Velho. Nous recommandons notamment le Monte da Ravasqueira, un domaine grand de 3.000 hectares. ravasqueira.com
  • Pour plus de conseils sur la région: visitalentejo.pt

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